Review
Doki-Doki n’est clairement pas avare en titres forts récemment, c’est un fait. Après Lune de Sang, qui revisite allègrement le mythe des Loups-Garous et fait un gros pied de nez à Twilight en passant, voici que l’éditeur se prend d’affection pour le quotidien d’Ayana, une jeune étudiante japonaise victime de harcèlement, ce qui a failli lui coûter la vie… mais notre demoiselle plus morte que vive n’entend pas en rester là!
Ayana (ND Neo: alias le plus beau prénom du monde, selon moi) est une jeune lycéenne nippone qui vit un enfer. Sans arrêt raillée par ses camarades, elle se fait tabasser, rackettée, et se voit quasiment enterrée moralement six pieds sous terre, sans que personne ne vienne l’aider. Jusqu’au jour où l’impensable se produit. Quelqu’un la pousse volontairement sous les roues d’une voiture, à un passage piéton. Après plusieurs jours de coma, la belle se réveille et n’a qu’une idée en tête… « décimer » sa classe entière, celle-là même qui n’a jamais agi face à son calvaire, ou pire: qui y a joué un rôle! Mais qui tire réellement les ficelles derrière l’horreur qu’a subie quotidiennement notre jolie Ayana?
Très sincèrement, je me suis longuement attelé sur le cas « Revenge Classroom » car il me rappelle nombre de mangas censés développer chez le lecteur une apologie de la haine de ses harceleurs bien plus que d’offrir une véritable solution. Oui, je sais, je suis dur, mais j’ai vécu en quelque sorte la même histoire qu’Ayana. Moi aussi j’ai été le petit souffre-douleur de la classe et quand ce n’était pas moi qui était pris pour cible, je ne faisais rien pour l’autre qui souffrait en face de moi. Jusqu’au jour où… OUI, jusqu’au JOUR où j’ai compris que je pouvais faire cesser tout ça! Et je l’ai fait, simplement en devenant moi-même, en prenant confiance en moi, en m’endurcissant et en rendant quelques coups, je l’avoue. Aussi le récit d’Ayana m’a directement plu, « parlé ». Mais là où une simple biographie aurait suffit, Yamazaki Karasu nous offre un récit de vengeance qui part complètement en vrille, un peu comme un « Carrie au Bal du Diable ».
Au final, avec une technique de dessin made in Kaname Ryu et impossible à prendre en défaut, une histoire de vengeance que TOUS nous avons imaginée dans nos têtes lorsque nous étions les souffre-douleurs et qui prend aux tripes, de même qu’un rythme plus que soutenu et une certaine « jouissance » qui se dégage de certaines pages, Revenge Classroom est une vraie bonne pioche, si tant est qu’Ayana puisse se remettre vraiment en question pour donner au récit plus que le second souffle vengeur et malsain qui risque d’être linéairement le sien et nuire à l’intérêt de l’oeuvre sur le long terme.