Review
À la première lecture du synopsis de Magdala: Alchemist Path, le manga tiré de la dernière light novel d’Isuna Hasekura (Spice & Wolf), on ne peut qu’être intrigué par cette histoire d’alchimie dont la couverture nous présente une jolie religieuse. En effet, rares sont les titres traitant de ce thème bien mystérieux qui fait rêver de nombreuses personnes. Des alchimistes, une nonne, un monde dirigé par trois ordres (Eglise, Chevaliers et Commerçants), serait-ce le secret de la réussite pour ce seinen? Magdala: Alchemist Path sera-t-il à la hauteur de l’oeuvre majeure parlant de cette science mystique: Fullmetal Alchemist, ou jouera-t-il dans une toute autre catégorie?
Pays de Magdala, ère médiévale. L’Alchimiste Kûsla attend son procès pour avoir brûlé les os d’un Saint. Alors que sa mort approche, on lui propose un marché qu’il ne peut refuser. Le voilà envoyé à Gulbeth, ville portuaire du nord du pays, où il sera mis sous la tutelle de Weyland, un confrère. Malgré leurs querelles, ils vont devoir s’allier sur ordre d’Allan Post, le capitaine de l’unité de ravitaillement de la ville, également membre de l’ordre des Chevaliers de Claudius. Ils seront forcés de cohabiter ensemble dans l’ancien atelier d’un Alchimiste, Thomas Blanket, dont la mort reste une énigme. Mais ce qu’on a omis de leur dire, c’est qu’ils vont être surveillés en permanence par une étrange jeune fille, Ul Fenesis, qui cache un mystérieux secret.
Visuellement , il n’y a rien à redire de ce Magdala: Alchemist Path! La couverture est superbe et attirante, et nous révèle deux petites cases rigolotes liées à Ul Fenesis une fois retirée. De même, les deux pages couleurs à l’intérieur du manga offrent une parfaite vision de l’ambiance qui va émaner à la lecture de ce tome, à la fois mystérieuse et pleine d’aventure. Une fois au coeur de l’histoire, on pense de suite, graphiquement, à l’oeuvre phare du même auteur, Spice & Wolf. On reste donc face à des décors travaillés présentant un aspect médiéval européen qu’on pourrait largement apparenter aux pérégrinations commerciales de Holo et de Lawrence. Le tout est détaillé pour offrir une atmosphère crédible sans jamais surcharger les pages, notamment grâce à l’utilisation de trames finement choisies. Le trait du dessinateur principal, Ako Arisaka, se prête à merveille au récit d’Hasekura. Il en est de même pour le character design de Tetsuhiro Nabeshima avec un graphisme très particulier qui correspond particulièrement à la personnalité de chacun des trois héros de l’histoire. Tout au plus pourrait-on reprocher l’abondance de bulles et de pensées des protagonistes qui a tendance à figer le récit, mais on suppose que c’est dû au scénario qui, bien qu’encore assez nébuleux, a l’air d’être complexe.
Et c’est justement le petit point négatif de ce premier volume puisque le récit ne semble être que survolé. L’auteur nous présente ses personnages, le lieu de l’action mais l’histoire en garde un énorme côté « flou ». Beaucoup de questions restent sans réponse d’emblée, ce qui pourra frustrer le lecteur. De plus, ce tome ne comporte aucune séquence dynamique. On reste dans de la description pure et dure à chaque page avec quelques touches comiques entre les alchimistes et la religieuse. Si vous pensiez lire une histoire pleine d’action et de combat, passez votre chemin. Bien entendu, les fans d’Hasekura connaissent bien le style de l’auteur adepte de la réflexion, qui centre cette fois son récit sur la dualité entre le domaine de l’alchimie et celui de la religion à travers la relation entre Ul et Kûsla, les alchimistes étant considérés par beaucoup comme des hérétiques, alors qu’ils ont l’air indispensables pour la société.
Ce Magdala: Alchemist Path, tome 1, nous propose donc une histoire qui se laisse suivre avec intérêt pour qui recherche un scénario riche au détriment de l’action, mais également des personnages charismatiques et un finish qui laissera le lecteur à la fois intrigué et… sceptique s’il connaît déjà Spice & Wolf (on ne vous en dira pas plus). Autant dire que le deuxième tome confirmera si ce manga est une réussite ou un copier-coller d’une autre oeuvre de l’auteur. Mais pour une première mise en bouche, autant dire que le titre de Hasekura a de quoi enchanter les fans.