Review
Les éditions Komikku savent séduire leur public avec des titres variés tels que Minuscule, orienté vers le conte, ou encore Border, une histoire policière haletante teintée fantastique. Arte ne déroge pas à la règle et joue la carte du dépaysement puisqu’il vous immerge en pleine Renaissance italienne, aux côtés du célèbre Léonard de Vinci. Un manga historique dont l’héroïne n’est autre qu’une charmante jeune femme prête à braver sa lignée pour assouvir sa passion : la peinture ! Une nouvelle entrée dans le catalogue de l’éditeur qui risque de faire son petit effet, on vous l’assure!
L’histoire de ce manga nous entraine en plein cœur de la Florence italienne du XVIe siècle. Une jeune aristocrate, Arte, rêve de devenir artiste peintre, ce qui est contraire à son rang de noble. Elle tente tant bien que mal d’intégrer l’un des nombreux ateliers environnants mais tous la refusent sous prétexte qu’elle « n’est qu’une femme ». Lassée par l’entêtement de la belle, ils vont la diriger vers le dernier atelier de la ville, celui de Léo. Une rencontre étincelante entre une aristocrate déjantée et un homme réservé, tous deux amoureux du même art.
Le graphisme d’Arte est vraiment superbe. Kei Okubo possède un trait magnifique qui se marie admirablement bien avec le style historique « Renaissance » qu’il veut insuffler dans son oeuvre. Le design des vêtements est recherché, tout comme les décors de la ville de Florence, pour plonger littéralement le lecteur dans un réalisme d’antan. Graphiquement, le titre est vraiment une merveille à contempler. De plus, les trames sont légères et permettent de mettre en valeur les personnages mais aussi et surtout les détails qui foisonnent dans les environnements. C’est d’ailleurs à mon sens l’un des gros point forts de ce manga : en effet, chaque case comporte un décor traité avec soin, et l’alliance de ces derniers avec les trames précitées ne surcharge en rien les pages ni la fluidité de la lecture, que du contraire.
L’histoire, quant à elle, est aussi originale que captivante. C’est une idée audacieuse de faire apparaître l’un des plus grands génies de la Renaissance dans un manga. On note également un clin d’œil à Michael, un autre grand artiste de cette période, qui rencontre notre héroïne au fil des pages. On ne peut que rester admiratif face à ce scénario qui comporte des réalités historiques précises (on pense notamment au passage sur la dissection, interdite à l’époque). L’auteur se permet même le luxe d’ajouter de petits passages comiques grâce à la belle Arte, sacré phénomène et jeune femme très « originale ». De plus, avoir choisi une demoiselle pour personnage central dans un monde où elles sont censées se faire discrètes est une belle initiative et met en lumière la société de l’époque au travers de ses différentes classes sociales. C’est un pari osé que Kei Okubo joue avec son récit mais le résultat est époustouflant de charme et le lecteur ne peut qu’y succomber. Seul bémol, quelques légers anachronismes, bien vite oubliés heureusement.
Arte est une belle réussite, alliance parfaite entre l’Histoire (avec un grand H) et la fluidité du Manga. Non content d’être une pure merveille graphique, c’est aussi un récit captivant et un bel exemple de la diversification des thèmes de la BD nippone. D’un point de vue plus personnel, cet Arte est une belle révélation pour la lectrice assidue que je suis et je ne peux que conclure en vous incitant à avoir la plus grande attention pour cette œuvre… sous-entendu: à posséder d’urgence!!!