Après les propos plutôt violents de l’analyste Evan Wingren (Keybanc Capital Markets) qui a été jusqu’à dire que les joueurs de jeux vidéo étaient sous-facturés par rapport aux autres formes de divertissement et qu’il fallait les faire payer plus, notamment via des microtransactions, un autre analyste du monde vidéoludique a décidé d’aborder le problème avec nos collègues de WCCFTech: Karol Severin, Analyste en Chef sur les Jeux et l’Economie Mobile au MIDia.
Selon lui, EA a franchi les bonnes étapes en incorporant les micro-transactions dans la majorité de ses softs, mais l’a peut-être fait un peu trop vite par rapport à la population actuelle des gamers consoles, composée pour l’instant de plus de « vieux joueurs » que de « petits nouveaux ».
En effet, il déclare (pavé de texte en vue, allez vous chercher un café):
« Les joueurs sont-ils surfacturés? Cela dépend à qui vous le demandez. Ceux qui paient pour les jeux seront toujours généralement opposés aux hausses de prix, tandis que ceux qui vendent des jeux essaieront de les justifier. Il est difficile d’estimer le «juste prix» sur la base du «dollar par heure de divertissement», car ce n’est pas la façon dont les consommateurs prennent réellement leurs décisions en matière de consommation de contenu. En d’autres termes, vous ne décidez pas d’aller regarder un film par rapport à un autre, simplement parce qu’il est plus long pour le même prix de billet. Pour moi, le point de vue de Evan Wingren (les gamers sont sous-facturés) indique combien les joueurs peuvent payer «en théorie», mais il ne tient pas compte de ce que les consommateurs seraient prêts à dépenser réellement« .
Et il ajoute que les micropaiements et les jeux limités vous obligeant à payer pour le contenu total vont se généraliser sans soucis grâce à la « jeune génération » de gamers. Il précise:
« Pour quelqu’un qui a grandi en achetant des consoles physiques et des jeux consoles ou PC, où traditionnellement un achat unique débloquait l’expérience de jeu complète, l’incitation supplémentaire à l’achat peut naturellement sembler aliénante. Mais les jeunes joueurs (l’avenir de l’industrie du jeu vidéo) sont de plus en plus souvent initiés au jeu via l’environnement mobile. Un environnement où il est courant que le titre initialement téléchargé soit quelque peu limité sans achats supplémentaires ingame. Au fur et à mesure que ces générations de joueurs mobiles continueront d’adopter le gameplay sur PC et console, il deviendra relativement plus facile de justifier des micropaiements pour des boîtes comme EA. Bien que le monde mobile offre généralement le téléchargement de base du jeu gratuitement, un téléchargement payant d’un jeu console AAA sera toujours justifié à la lumière de son budget de production nettement plus élevé et de ses capacités de jeu, par rapport au mobile.«
Enfin, il conclut par un petit compliment à l’attention d’EA:
« Aussi difficile que cela puisse être à avaler pour certains joueurs – du point de vue des affaires, EA prend les bonnes mesures. Il essaie de pousser ses capacités de monétisation aussi loin que possible et de réagir correctement si elles vont trop loin aux yeux des consommateurs.«
Bref, va falloir qu’on tienne le coup le plus longtemps possible, amis gamers trentenaires, car après nous, il n’y aura plus de bastion contre les microtransactions! Rébellion!!!