Review

Pendulo Studios est passé en l’espace de quelques années du rôle de développeur inconnu à celui de roi incontesté du point & click nouvelle génération. Avec leurs histoires drôles et alambiquées, leurs personnages charismatiques et leurs énigmes capillotractées, les productions made in Pendulo ont séduit une large partie de joueurs. Mais cette fois, exit l’humour (enfin presque) et place à un récit bien plus noir de tueur en série. Avec le même talent ?

Mon nom est….euh c’est quoi déjà?

Le jeune Henry Withe va faire une découverte pour le moins glauque

Le scénario de Yesterday démarre sur les chapeaux de roue, avec deux amis membres de l’association « Les Enfants de Don Quichotte », qui vient en aide aux SDF peuplant New-York. Henry White, frêle héritier d’un empire financier titanesque, et son pataud d’acolyte Cooper, traumatisé par une enfance chez les scouts assez chaotique, se rendent donc dans une station de métro désaffectée en pleine nuit. Pour y faire quoi ? Mais pardi, pour aider un clochard du nom de Choke et s’assurer qu’il est toujours en vie ! Il faut dire que depuis quelques semaines, un mystérieux tueur en série de personnes défavorisées sévit dans la région. Le hic, c’est que Choke semble avoir complètement perdu l’esprit, ayant fait de dizaines de mannequins une cour royale du haut de laquelle il prononce des sermons.

Le jeu nous transporte par la suite quelques années plus tard. Henry a bien grandi et est un homme d’affaire confirmé. Le calme avant la tempête, vu que le mystérieux tueur en série réapparaît et semble cette fois utiliser des rites satanistes liés au mystique « Ordre de la Chair ». Un seul homme peut l’aider : John Yesterday. Mais ce dernier a tenté de suicider suite à ses découvertes, et se retrouve depuis totalement amnésique. Et vous dans tout ça ? Et bien vous êtes ce fameux John, au passé trouble, à l’intuition inégalée et surtout au mystérieux Y gravé au fer rouge sur la main…

De l’art de raconter une histoire….

Autant vous le dire tout de suite, l’histoire de Yesterday est sombre, glauque, et empreinte de spiritualisme. John fait un héros auquel on peut facilement s’identifier de par son statut d’amnésique. On découvre le récit en même temps que lui, retrouvant des bribes de son passé comme on rafistole ses propres souvenirs après une soirée un peu trop arrosée. Ressemblant étrangement à Keanu Reeves, il aurait pu faire un Elu sans peur et sans reproches, mais son destin n’est pas aussi rose que celui de Neo.

Pour une première incursion dans une ambiance au croisement de Seven et de la Mémoire dans la Peau, on peut clairement affirmer que les développeurs s’en tirent avec les honneurs

A ce niveau, les petits gars de Pendulo ont fait très fort, en nous proposant un récit qui scotche dès les premières secondes de jeu. C’est bien simple, une fois la partie lancée, on ne s’arrête plus car on veut absolument découvrir le fin mot de l’histoire, et ça c’est très bon signe. Aucun temps mort n’est à signaler, de même qu’aucune incohérence ne vient ternir cette narration maîtrisée de bout en bout, saupoudrée de mysticisme et d’un brin d’histoire d’amour. Pour une première incursion dans une ambiance au croisement de Seven et de la Mémoire dans la Peau, on peut clairement affirmer que les développeurs s’en tirent avec les honneurs. Dommage que le récit soit si passionnant qu’il en devient forcément un peu trop court.

…à la perfection d’un gameplay

La gestion des objets est limpide et c'est un plaisir de contrôler John Yesterday!

Mais l’énorme qualité de Yesterday réside clairement dans son gameplay peaufiné jusque dans les moindres détails. Finie l’ère du point & click lent et peu maniable, qui vous demandait de cliquer sur une action, un objet, puis un autre objet pour voir réaliser ladite opération d’interaction entre les deux items. Ici, tout se fait à base de glisser-déposer, et l’objet sur lequel vous cliquez est « mémorisé » par votre curseur jusqu’à ce que vous le retiriez en cliquant à droite. Du coup, vous pouvez aisément sélectionner un artefact, et l’essayer sur tous les éléments sensibles du décor en une simple pression du bouton gauche de la souris. De même, tous les endroits sensibles de la zone peuvent être mis en surbrillance, ce qui évite le classique passage en revue, ligne par ligne, de l’intégralité du secteur pour voir quand votre curseur change de forme. Enfin, votre personnage ne parcourt pas tout l’écran en se traînant, mais se téléporte directement vers l’endroit sur lequel vous double-cliquez. Simple, précis et efficace, on se demande comment on n’y a pas pensé plus tôt tant le contrôle est agréable et n’entrave donc jamais le joueur dans son plaisir.

Les énigmes, elles, sont moins capillotractées que dans les précédentes production du studio, et très peu d’objets ne servent à rien. A 95% du temps, la logique vous sautera aux yeux et vous aurez réellement l’impression d’avoir trouvé la solution par vous-même et non par un heureux hasard de clic sur tout ce qui bouge avec votre inventaire. Et pour peu que vous restiez bloqués, une aide vous est proposée, mais il faudra que vous ayez déjà effectué plusieurs tentatives infructueuses pour en bénéficier. Personnellement, elle se déclenche un peu trop facilement et si on manque de volonté, on risque d’y faire appel trop souvent, ce qui gâche un peu la profondeur du soft.

Le point & click a changé, et Pendulo l’a compris

La galerie de personnages de Yesterday est assez dérangeante

Afin d’attirer les joueurs novices n’ayant pas connu l’âge d’or du point & click avec des titres tels que Sam & Max, Day of The Tentacle, The Dig, Space Quest ou encore Gabriel Knight, Pendulo a clairement saisi qu’il fallait renouveler la façon de jouer et la rendre la moins rébarbative possible. C’est chose faite avec Yesterday, qui en plus d’offrir un enrobage de qualité avec des graphismes, une synchro labiale et des musiques de qualité, se paie le luxe d’être l’un des softs les plus efficaces et plaisants à prendre en main sur le terrain de la jouabilité. Alors certes, les hardcore gamers de ce type de jeu le trouveront trop simple, trop court, mais l’histoire est tellement intense et la maniabilité tellement intuitive qu’il serait dommage de passer à côté de ce petit bijou.

Le trailer

Réalisation: 15/20

Les décors sont de toute beauté, l’animation des personnages est classique mais correcte et la synchro labiale très réussie. Petit bémol concernant les séquences typées action qui se trouvent découpées façon BD alors qu’on aurait aimé un plan continu.

Gameplay/Scénario: 20/20

Une histoire sombre, glauque et sans temps mort servie par un gameplay aux petits oignons. Exit les crises de nerfs sur tel objet masqué par un pixel du décor. Ici tout est clair, limpide, et la souris devient carrément une extension naturelle de votre main. Fini les inventaires surchargés et les clics à l’infini. On aime également les quelques notes d’humour glissées ça et là par les développeurs pour adoucir le récit.

Bande-Son: 14/20

Les musiques sont tout à fait dans le ton, notamment au début du récit avec cette ambiance à la Seven qui s’installe progressivement. Et que dire de cet air siffloté qui va vous rester en tête ad vitam eternam! On adore. Point négatif pour les voix, par contre, puisque le jeu est en VOSTF, ce qui tranche avec les autres productions du studio qui bénéficiaient d’une excellente localisation. De plus, les doubleurs anglais manquent de conviction.

Durée de vie: 11/20

Grâce aux aides de gameplay, vous ne serez jamais vraiment bloqués dans Yesterday. Certes, le mécanisme évite de trop longs temps d’attente pour décoder une énigme et privilégie de fait un récit continu, mais cela se fait au détriment de la durée de vie, qui tourne autour des 6 heures de jeu. Et vous n’y reviendrez pas, malgré les quatre fins, car il suffit de charger le dernier niveau pour pouvoir toutes les voir. Dommage, mais l’intensité de l’histoire doit être à ce prix.

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

Yesterday est une réussite ! Un point & click agréable à jouer, aux énigmes réalistes et à l’histoire incroyable ! Malgré une durée de vie un peu faiblarde, on passe un moment inoubliable en compagnie du mystérieux John et de son trouble passé. Croyez-nous, si vous lancez le jeu, vous ne voudrez plus quitter la partie, et ça, c’est l’apanage des grands ! Alors merci à Pendulo Studios pour son talent de développeur et à Focus Home Interactive, l’éditeur, pour nous avoir permis de découvrir cette petite perle vidéoludique.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!