Review

Au premier coup d’œil, Toren s’impose comme un respectable héritier du fabuleux Ico, sorti sur PS2 il y a déjà 14 ans. Plein de promesses, le jeu des Brésiliens de Swordtales l’était assurément, et son annonce pouvait difficilement laisser de marbre les fans de Fumito Ueda et son équipe, qui attendent désespérément un The Last Guardian qui n’arrivera probablement jamais (je sais, je suis un monstre). La relève nous viendrait-elle donc du pays de la salsa ? Rien n’est moins sûr…

Moonchild, take my hand tonight

Sur le papier, le soft est une merveille d’enchantement. Cruelle déception…

Dans Toren, vous avez la lourde tâche de guider l’Enfant de la Lune, de ses tout premiers pas hésitants jusqu’à la faire devenir une vaillante jeune femme. Coincée dans une mystérieuse tour, la pauvre n’a d’autre choix que de gravir petit à petit sa gigantesque prison, au fil de sacrifices qui la verront se réincarner encore et encore, liée inéluctablement au destin qui lui est réservé.

Cryptique, le scénario ne se dévoile que par bribes dictées par un vieillard encapuchonné et par quelques textes poétiques trouvés ci et là. Les développeurs se donnent un malin plaisir à laisser le joueur libre de décoder leur bébé, quitte à les perdre (volontairement ?) en route, même si certaines métaphores sont évidentes et trouveront sans doute une résonnance chez les moins insensibles.

Toren de larmes

L’influence d’Ico est incontestable

Bon, en temps normal, on maintiendrait un peu le suspense, on vous ferait poireauter en vantant les mérites du titre pour finalement vous faire déchanter avec une bonne grosse liste de défauts, mais Toren changera la donne pour cette fois : le soft de Swordtales est une désastreuse déception. Rien de moins. Cruellement, l’influence incontestable et très pesante d’Ico sert Toren tout autant qu’elle le condamne : si les fans du jeu culte salueront cette belle preuve de goût et retrouveront avec plaisir certains éléments lui ayant valu son statut (direction artistique magnifique, jolie gestion de la lumière, plans savamment conçus pour mettre en valeur l’architecture grandiose), on ne pourra que se montrer déçus par la manière dont tout le reste a été conçu.

La faute sans doute à un faible budget, le soft pâtit d’une réalisation à peine digne des débuts de la PS3, les bugs graphiques côtoyant des angles de caméra handicapants pour la gestion des sauts, qui plus est rigides au possible. La progression se révèle donc vite être une corvée malgré la présence de quelques puzzles plus ou moins inspirés, d’une ambiance sonore remarquable et d’une réelle volonté de voir comment va se conclure le périple de l’héroïne.

Dire que la réalisation est datée relève d’un sacré euphémisme

Et il ne faudra pas attendre bien longtemps pour assister au final, certes réussi : en deux heures à peine, le tout est bouclé et il y a peu de chances que vous ayez envie d’y retourner, malgré la présence de quelques à-côtés approfondissant le scénario, comme des séquences oniriques inspirées visuellement mais terriblement pénibles à parcourir.

Hija(tage) de la luna

Visiblement conçu avec amour par ses géniteurs, ayant puisé dans leur folklore pour offrir une aventure sortant des sentiers battus, Toren ne passe pas le stade de la bonne idée. Mal fini, archaïque dans sa réalisation et sa maniabilité, le soft ne doit son salut qu’à son rôle de palliatif éventuel à l’absence d’un nouveau jeu de la Team Ico. C’est déjà ça, ceci dit.

Le vidéo-test par Neoanderson

Réalisation: 10/20

Datant d’un autre âge, la réalisation graphique détruit presque totalement l’attrait qu’on pouvait ressentir face à une direction artistique réussie et des effets de lumière convaincants.

Gameplay/Scénario: 11/20

Certaines séquences, dont le combat final, ont beau être réussies, la gestion désastreuse des sauts liés à une rigidité des contrôles et à un mauvais placement de la caméra handicape sacrément l’immersion et le plaisir. Niveau scénario, on nage dans un récit onirique peut être un peu trop crypté pour certains.

Bande-Son: 15/20

Rien à redire de ce côté, l’ambiance sonore s’imposant comme le seul aspect véritablement maîtrisé de Toren.

Durée de vie: 06/20

Loin de nous l’idée de vouloir condamner un jeu pour sa faible durée de vie, un soft comme Brothers : A Tale of Two Sons ayant prouvé qu’une expérience très brève pouvait marquer l’esprit durablement. Mais étant donné qu’en à peine deux heures, Toren propose beaucoup plus de frustration que de plaisir, difficile de se montrer tolérant sur ce point.

Note Globale N-Gamz.com: 11/20

Toren est un jeu qu’on déteste déconseiller, la sincérité de ses développeurs suintant par tous ses pores. Malheureusement, intentions et exécutions ne vont pas toujours de pair. On souhaite tout de même longue vie à Swordtales, dont le potentiel ne fait aucun doute. Courage les amis, la prochaine sera la bonne !



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !