Review

D’abord présenté comme un remake du canonique A link to the past, sorti en 1992 sur Super Nintendo, Zelda : A link between worlds en a bien plus dans le ventre que ce que la version papier laissait espérer, pour le plaisir de tous. Ainsi, que les puristes hurlent à la facilité du remake ou que les néophytes se réjouissent de pouvoir poser les mains sur une suite-mais-pas-tout-à-fait du culte Zelda : A link to the past, Zelda : A link between worlds se fait une place comme un épisode à part entière de la légendaire saga et se sort avec talent de son statut « un peu mais trop mais on ne sait pas bien de suite/reboot ». Une merveille qui endosse à la fois cet aspect « reprise » tout en embrassant un scénario offrant une réelle continuité à l’histoire originale. Parfait combo.

Nom de Zeus Marthy, nous rev’là en 1992 !

Un air de déjà-vu? Oui et non!

Si vous avez bien suivi, on le répète A link between worlds n’a rien d’un remake de son illustre prédécesseur. On concède que les aventures de notre petit bonhomme de Link sont toujours basées sur le même principe, le même schéma et que ça fait des années que ça marche. Pourtant, peu de jeux de la saga peuvent se ranger dans la catégorie « en lien avec » : on citera le duo Oracles of Ages / Seasons et Phantom Hourglass / Spirit Tracks, mais rien de vraiment habituel dans l’univers de Zelda. Malgré tout, ici, le joueur évoluera dans une carte d’Hyrule ressemblant au buisson prêt à celle de A link to the past. La version 2014 se veut néanmoins plus colorée, lumineuse… peut-être un poil trop mais tout en restant très belle et en utilisant de manière judicieuse la 3D.

Le fan des débuts redécouvrira ainsi les lieux avec l’émotion de ses premières heures de jeu et se verra porté par la même bande-son, réorchestrée avec brio pour l’occasion. L’intrigue de A link between worlds se déroule plus de six générations après les évènements de A link to the past, de l’eau a donc coulé sous les ponts d’Hyrule, qui n’a pas changé d’un iota entre ses plaines, ses hautes herbes et ses monstres. Toujours pas un remake cependant, et Nintendo a su mener l’exercice de la suite avec talent.

Si l’aventure jongle habilement avec les clins d’œil et la routine retrouvée… c’est pour mieux en prendre le contre-pied!

L’intrigue commence avec un petit clin d’œil mignonnet à son prédécesseur, notre héros étant sorti brusquement de son sommeil, Zelda capturée (encore), un tour au sanctuaire et enfin face-à-face avec le moche de l’histoire. Ici l’affreux, prénommé Yuga, une espèce de clown à dreadlocks, enferme ses victimes dans des tableaux pour faire prisonnier les sept sages et ainsi libérer Ganon, lui-même enfermé par un héros des temps jadis tout de vert vêtu. Petite entreprise de routine dans le monde des super vilains. On se trouve bel et bien dans une suite. Et pourtant, si l’aventure jongle habilement avec les clins d’œil et la routine retrouvée … c’est pour mieux en prendre le contre-pied.

Le TARDIS en un coup de pinceau

De tous les pouvoirs qu’a déjà maîtrisés Link au cours de ses innombrables pérégrinations, celui que recevra note héros dans A link between worlds se veut à la fois original et déroutant. Obtenu très tôt dans le jeu (à la première rencontre avec Yuga), il permet à Link de se transformer en fresque pendant quelques secondes et lui fait découvrir les lieux sous un angle très différent passant sur une vue à l’horizontal (contre une vue du dessus, où la 3D s’avère très utile pour ces changements de perspective). A nouveau, on encourage le joueur à découvrir Hyrule sous un autre jour.

Un pouvoir qui vous fera redécouvrir complètement Hyrule

Pour ne pas bouder le plaisir d’un pouvoir inédit à user et abuser, les donjons et autres zones à explorer regorgeront d’énigmes et de pièges demandant d’utiliser la transformation en fresque afin de les résoudre. On se trouve alors face à un level-design augmenté, outre le changement de perspective, par le mécanisme de « penser » aux murs et à tous les chemins possibles et imaginables entre coins et craquelures amenant une toute nouvelle réflexion sur la réussite des niveaux. Le joueur trouvera dissimulé dans tout le royaume des failles lui permettant de voyager jusqu’à Lorule (le pendant sombre d’Hyrule) uniquement sous cette forme de fresque. Les voyages d’une faille à l’autre seront utiles pour débloquer et accéder à certaines zones. Même ceux connaissant A link to the past sur le bout des doigts se verront obligés de repenser leur exploration du monde.

Une recette connue, avec ses pointes de modernité

Exit les donjons imposés dans un ordre précis faute de l'item adéquat!

Pour celles et ceux pas encore tout à fait convaincus du caractère original de A link between worlds (vraiment, toujours pas ?) Nintendo va ruiner une routine bien connue de tous les Zeldas sortis jusqu’à présent et chambouler nos bonnes vieilles habitudes une bonne fois pour toutes. Si pour vous, les donjons s’enchaînent dans un ordre de difficulté et nécessite un item particulier pour faire un carton : c’est fini ! C’est via un marchand bien culotté au chapeau plutôt étrange que va désormais se faire cette acquisition d’items. Confortablement installé dans la maison de Link, ce dernier proposera d’emblée et dès le début du jeu… tout l’attirail du parfait héros… à la location. Pour vous rassurer face à ce modèle économique tout nouveau et surtout perturbant de prime abord, l’affreux jojo se ravisera vite et proposera les objets à la vente afin d’éviter un trop gros trou dans le porte-monnaie.

Deux conséquences à ce système de location : chaque donjon est désormais accessible à n’importe quel moment du jeu, tant qu’on possède le bon équipement. Ensuite, les items disparaîtront à chaque game over et il faudra à nouveau les acquérir pour parfois quelques centaines de rubis. Les aller/retours jusqu’à la maison sont parfois fastidieux mais les rubis et les cœurs se trouvent très facilement. D’autant plus que Link peut utiliser un balai magique pour s’envoler d’un point de sauvegarde à un autre.

Le jeu se veut coloré, un peu trop même, mais la 3D est maîtrisée

Pour rester dans les items, le fonctionnement habituel de ces derniers a lui aussi évolué. Désormais les flèches et les bombes sont disponibles à l’infini … puisant dans la jauge de magie plutôt que dans un nombre d’objets donné. L’écran du bas permettra une gestion de l’inventaire intelligente et rapide, pour mieux jongler entre les items. Chacun de ces derniers pourra aussi être amélioré grâce à une longue quête annexe proposant de retrouver des cristaux à un certain point de l’aventure. Si l’on compte une bonne quinzaine d’heures pour libérer Hyrule des plans de Yuga, les missions annexes feront durer le plaisir si l’on prend le temps de s’y attarder.

Simple remake fainéant ou pure suite réussie?

Avec ses faux airs inquiétants de remake mal pensé du culte A link to the past, cette nouvelle aventure sait se faire séduisante et belle, en flirtant intelligemment entre nostalgie et modernité. Tout en berçant le joueur dans un univers vu et revu, connu de fond en comble, cet opus talonne la routine habilement avec un pouvoir aussi intéressant que déroutant, des jeux de perspective et de profondeur rondement menés par une 3D habile et utile et un scénario qui tient la route. La nouvelle façon d’aborder le level-design ainsi que le gameplay apporte son lot de surprises et réinvente l’exploration d’Hyrule et de ses donjons. Loin d’être une bête redite d’un jeu culte, A link between worlds nous offre une belle balade dans des terres que l’on pensait connaître par cœur et que l’on se plaira à revisiter de longues heures durant.

La bande-annonce

Réalisation: 18/20

Lumineux, coloré avec une utilisation judicieuse et intelligente de la 3D… tout ça forme un cocktail pétillant pour un jeu très beau, mignon et flirtant avec la nostalgie.

Gameplay/Scénario: 18/20

On attendait le scénario de ce remake-mais-en-fait-suite au tournant, et même s’il s’avère simple, il reste efficace et pertinent. Quant au gameplay, avec cette réinvention de l’exploration grâce au nouveau pouvoir de Link jouant sur les perspectives et profondeurs, que dire sinon parfait ?

Bande-Son: 18/20

Magnifiquement réorchestré pour l’occasion, la bande-son est  « malheureusement » trop connue mais reste un délice à l’écoute.

Durée de vie: 16/20

L’aventure principale se boucle en une grosse quinzaine d’heures, un peu plus si l’on prend le temps de s’attarder sur les quêtes annexes, parfois longues. Un temps de jeu correct même si quelques heures de plus auraient été appréciées.

Note Globale N-Gamz.com: 17,5/20

Magnifique pas de deux entre la mémoire nostalgique des fans de A link to the past et la surprise de la nouveauté et de l’aventure rondement menée, Zelda : A link between worlds saura séduire les joueurs chevronnés de « Zelda 3 » comme ceux n’ayant jamais tâté de la Super Nintendo. Original, très beau et rythmé, la 3DS ajoute encore une belle petite perle à sa ludothèque.



About the Author

Delilah
Étudiante en journalisme, je conjugue ma passion avec mon parcours scolaire et professionnel. Vous pouvez aussi me retrouver, dans le cadre de ma formation, chez Jeuxvideo.fr comme rédactrice. J’ai commencé à tâter du pixel très tôt, mon père étant lui-même joueur ... Mais mon premier « vrai » jeu a été Pokemon avec qui je continue de vivre une idylle passionnée. J’ai pu m’essayer à plusieurs styles de jeu, mais pour moi, rien ne vaut le RPG, l’action-aventure et … si on sait me convaincre (car je fais un peu la princesse) le FPS. Ne me parlez pas de Survival-Horror, je suis incapable d'y jouer, je prie toujours pour avoir une option générique dès le premier écran car même le menu me fait peur (mon voisin a peu apprécié peu mes hurlements sur Amnesia : The Dark Descent). Mais j'essaye, je retente l'expérience à chaque fois, je persévère !! Mon jeu culte est et restera Red Dead Redemption au point d’avoir un tatouage dédié à John Marston (mais je ne vous dis pas où, muahah), j’ai même arrêté de compter le nombre de fois où je l’ai fini ! Oh et useless fact : j’ai une passion bizarre pour les serial-killers^^.