Review

Naughty Dog n’est clairement plus un développeur à présenter. Forts de leur maîtrise technique de la PlayStation 3 et de leur faculté à raconter des histoires dépaysantes, les papas de Crash Bandicoot nous ont prouvé, avec la trilogie Uncharted, qu’ils étaient des incontournables de l’ère actuelle de consoles. L’année dernière, on pensait avoir déjà tout vu de l’excellence du studio… et c’est alors que The Last of Us a débarqué et renversé toutes nos convictions. Exit les tribulations d’un Nathan Drake autour du monde, place à un road trip post-apocalyptique en plein coeur des U.S.A., aux commandes d’un improbable duo diablement attachant mais au destin terriblement dramatique! Rapidement devenu oeuvre culte (200 récompenses pour Jeu de l’année… excusez du peu), voilà que The Last of Us se voit « remasterisé » à l’ère New Gen! Joël et Ellie ont-ils leur place sur PlayStation 4 dans une aventure que tout le monde connaît par coeur? Le soft peut-il prendre un « coup de vieux » en passant sur une autre console ou restera-t-il toujours aussi immersif et profond? La réponse par écrit et en vidéo juste ici! 

Un champignon magique? Euh…non, pas ici ma p’tite Dame! 

Un road trip horrifique tout simplement inoubliable!

2013, un soir comme un autre dans une paisible petite bourgade du Texas, U.S.A. La jeune Sarah, adolescente enjouée et fille du bourru mais tendre Joël, est réveillée, au milieu de la nuit, par une énorme explosion provenant du voisinage. La télé s’affole, les cris abondent, et Joël débarque en trombe dans la cuisine, haletant. Il faut quitter la ville au plus vite, une catastrophe est en train de se jouer! Cette catastrophe, c’est tout simplement un virus dérivé d’un champignon parasite, le cordyceps, qui s’empare de la Cité et transforme tous ses habitants en créatures sauvages assoiffées de sang. La contamination se fait par l’absorption de spores ou la morsure, et si notre duo père-fille ne fuit pas rapidement, il subira le même sort que ses voisins. Pas de spoil dans ce test, on vous laisse la surprise de vivre cette intro qui va à 200 à l’heure. Sachez juste que l’on retrouve Joël, 20 ans plus tard, qui a migré vers Boston, une ville de quarantaine totalement militarisée dans laquelle le peuple vit dans la misère et la peur constante de se voir « infecté’. Une résistance existe néanmoins: les Lucioles, mais ces dernières se terrent hors de l’enceinte citadine et de sa sécurité.

De l’autre côté de la barrière, les ennemis ne sont pas toujours ceux que l’on croit

Pour gagner de quoi vivre, Joël s’est allié à Tess, une femme de son âge aussi belle que redoutable, et notre « couple » s’est spécialisé dans la contrebande d’armes et de nourriture. Seulement voilà, ils vont passer le deal de trop, celui qui va bouleverser leur vie, le jour où ils se voient confier la responsabilité par la chef des Lucioles, d’amener la jeune Ellie, âgée de 14ans, dans une base reculée du groupe. Naughty Dog, nous offre alors un magnifique duo durant près de 15 heures de jeu avec le renfermé et désabusé Joël, et la touchante et courageuse Ellie, qui n’a connu que ce monde d’Infectés et porte en elle le remède contre le cordyceps. Des personnages attachants qui nous feront découvrir une histoire complexe dans un pays fragilisé, avec des survivants de l’épidémie nous paraissant durs, cyniques, tous poursuivis par leur passé, incroyablement travaillés et crédibles. De l’autre côté de la barrière, les ennemis ne sont pas toujours ceux que l’on croit, même si les Infectés vous donneront des sueurs froides, transformés qu’ils sont en cannibales défigurés en fonction de l’avancée du parasite dans leur corps. Notre duo va donc devoir survivre à la fois à ses pairs, mais aussi à cette horde de monstres, sans parler de la menace militaire! De quoi nouer des liens très forts entre le père sans fille, et la fille qui a tant besoin de repères.

Chut, plus un bruit! 

Un gameplay basé principalement sur l'infiltration pour une tension permanente!

A l’époque de la sortie de The Last of Us sur PlayStation 3, on pensait tous que Naughty Dog nous resservirait un gameplay « à la Uncharted », avec un moteur 3D identique. Et bien non! Ils ont su innover dans les mécaniques de jeu sans rendre ce dernier trop complexe. On se retrouve donc à incarner Joël dans un Third Person Shooter, comme pour la précédente production du studio, sauf qu’ici la survie est terriblement mise en avant. Comparé à un soft comme Resident Evil, vous ne pourrez clairement pas rentrer dans le tas en tuant tous les Infectés se trouvant sur votre chemin. Ici, il faudra faire preuve de patience, de tactique et surtout savoir utiliser son environnement ! En effet, les monstres sont de plusieurs types. Certains peuvent vous voir, d’autres sont aveugles mais ont une ouïe sur-développée (les clickers), d’autres encore explosent au moindre contact, sans parler des ennemis humains, passés maîtres dans l’art de vous prendre en embuscade. Ajoutez à cela le fait que la moindre touchette avec des clickers, par exemple, vous tue instantanément, et vous comprendrez qu’il va vous falloir observer attentivement les rondes de chaque Infecté et que le stress sera permanent et diablement addictif. Pour vous aider à repérer vos opposants, vous disposez d’une fonction « d’écoute », qui permet de focaliser son ouïe sur l’environnement et ainsi voir apparaître vos adversaires à travers les murs. Vous avez également la possibilité de lancer des briques ou des bouteilles pour créer une diversion, et si avec tout ça vous vous faîtes repérer, à vous les joies du corps à corps grâce aux objets glanés (couteaux, bâtons, barres à mine).

Le craft en temps réel rajoute au réalisme, mais vous aurez rarement du répit!

Car oui, si le jeu se manipule au départ comme un TPS classique, vous allez rarement passer votre temps à vous planquer derrière un élément du décor pour tirer à tout va. Et de fait, puisque les munitions sont ultra limitées! Idem pour les trousses de soins, voire même les armes de mêlées qui ont toutes une durabilité propre. Fort heureusement, en fouillant bien, vous pourrez certes trouver des objets à collectionner comme des plaques Lucioles ou des documents afin de vous immerger un peu plus dans l’histoire, mais aussi et surtout des matières premières comme des bandages, des ciseaux, ou encore de la poudre pour fabriquer tout un petit arsenal d’items très pratiques tels que des cocktails molotovs, des bombes de fumée, ou des grenades à fragmentation artisanales. Le craft se fait en temps réel, ce qui augmente encore la tension déjà omniprésente dans le jeu. Enfin, des pilules à ramasser tout au long de l’aventure vous permettront de booster vos capacités (santé plus élevée, maîtrise du shiv, un couteau qui fait des stealth kills, …) tandis que des pièces métalliques vous offriront la possibilité d’upgrader vos armes à feu ou votre arc, ce dernier étant idéal pour tuer en silence.

Left Behind… à ne pas laisser derrière vous!

Left Behind est inclus dans cette version Remastered, pour notre plus grand bonheur!

Vous l’aurez compris, The Last of Us est un jeu où chaque action doit être mûrement réfléchie, où le moindre bruit peut conduire à votre perte, et où le meurtre par derrière est la règle, l’affrontement à l’arme à feu étant l’exception. Techniques de guérilla urbaine, discrétion à toute épreuve, et moments épiques vont être votre lot quotidien, préparez-vous. Heureusement d’ailleurs, que l’I.A. de la petite Ellie est bien paramétrée, n’en faisant jamais un boulet, même si vous assisterez parfois à des scènes où la demoiselle se balade pile poil devant un garde sans que ce dernier ne la repère. Au moins, ça évite les morts absurdes.

Le titre, dans cette version Remastered, propose aussi le DLC « Left Behind » qui vous mettra dans la peau d’Ellie, trois semaines avant sa rencontre avec Joël. Un DLC mené de main de maître, qui switchera entre une phase clé de l’histoire originale du soft et le passé de la demoiselle dans l’école militaire de Boston, avec deux-trois séquences bien stressantes d’infiltration et de gunfights. Enfin, signalons qu’en plus de la présence d’un mode multi très sympathique, opposant deux équipes de quatre joueurs (Lucioles ou Chasseurs) devant survivre durant douze semaines en amenant des vivres à sa faction, vous aurez aussi la joie de bénéficier de tous les contenus additionnels déjà sortis pour ce mode (on a d’ailleurs testé pour vous le DLC Grounded Bundle juste hier!). L’idée de génie de ce multi, c’est que plus votre faction grandit, plus vous devrez rapporter de quoi la maintenir en vie, et plus les joutes deviendront ardues. Bien entendu, vous aurez la possibilité d’upgrader vos armes ou de fabriquer des objets en plein combat, et l’infiltration pourra fortement vous aider, en ce sens que si vous ne bougez pas, vos adversaires ne peuvent vous détecter avec leur « écoute ». De bonnes sensations, vraiment.

Qui a dit que le « spore » était bon pour la santé, hein?! 

Techniquement, le portage est propre, mais bien en deçà de la puissance de la console

Dans sa version PS3, un réalisme incroyable se dégageait de The Last of US. Pas seulement par les réactions plausibles de ses personnages et par la grandeur du récit, mais également grâce à un moteur 3D qui nous offrait des panoramas de toute beauté, aussi bien que des environnements cloisonnés diaboliquement malsains et contemporains. Le jeu arborait une foultitude de détails comme des effets de lumière empreints de poussière, des gouttelettes d’eau qui venaient se scotcher sur la caméra, des expressions faciales criantes de vérité, des papiers volant au vent, et j’en passe! L’immersion était de mise, c’est un fait, malgré un aliasing omniprésent qui gâchait un peu la fête. La question que tout le monde se pose, c’est s’il était judicieux de porter le soft sur Next-Gen et si ce serait bien fait. Le constat est en demi-teinte, hélas. Après avoir retourné des titres spécialement conçus pour la puissance colossale de la PlayStation 4 (Killzone Shadowfall et surtout l’incroyable inFamous Second Son), on ne peut que trouver The Last of Us « dépassé ». Certes, l’aliasing a disparu, le jeu est bien plus fluide, les textures ont été retravaillées, tout comme les effets spéciaux ou les modélisations de personnages, mais on sent clairement qu’il s’agit d’un simple lifting et pas du grand ravalement de façade qui aurait permis au titre de Naughty Dog de lutter à armes égales avec les productions exclusives à la PS4. Et ce n’est pas le mode photo, qui vous permet de freezer l’action à tout moment pour tirer un cliché suivant l’angle et le filtre de votre choix pour le poster à vos potes, qui vous démontrera le contraire. Bref, The Last of Us était techniquement une tuerie sur PlayStation 3, mais ne représente qu’un « beau » jeu sur sa petite soeur next-gen.

Un jeu qui faisait cracher les tripes de la PS3, mais qui chauffe seulement la PS4

Passée cette déception, on constate avec ravissement que la merveilleuse B.O. du soft a conservé tout son attrait. Elle est clairement pour beaucoup dans le fait d’être happé par le soft. Elle instaure une ambiance à la fois stressante et mélancolique, sachant se faire discrète tout en nous berçant au fil de l’aventure grâce à son style qui rappelle les tonalités lancinantes des vieux westerns américains. Les bruitages ne sont pas en reste, et je peux vous assurer que le fameux cliquetis des clickers, suivi d’un cri rauque dès qu’ils vous ont repéré, va vous glacer le sang. Les voix, quant à elle, sont doublées en français de fort belle façon, n’ayant quasi rien à envier à la VO. On en redemande, d’autant que les interactions sonores au sein de notre duo sont nombreuses, avec une Ellie qui n’hésite pas à détailler tout ce qu’elle voit, à tenir tête à Joël, ou encore à se parler toute seule!

Cultissime ou Cordyceps?

The Last Of Us, s’il était bel et bien le chef d’œuvre que nous espérions tous à l’époque de sa sortie sur PlayStation 3, trouve avec cette version « Remastered » sur PlayStation 4, un joli écrin, un prix attractif, et un contenu encore plus conséquent. Néanmoins, on ne peut que se montrer un peu « déçu » quand on voit la qualité graphique des productions conçues spécialement pour la nouvelle console de Sony. Heureusement, la magie de l’oeuvre est intacte avec un duo toujours aussi touchant, une histoire aussi bien tournée que celle d’un Walking Dead, un système de jeu efficace qui mise énormément sur l’infiltration et une bande-son quasi parfaite. Si vous n’avez jamais vécu l’expérience, laissez-vous tenter immédiatement par ce voyage qui vous laissera une empreinte indélébile dans votre vie de gamer, tout simplement. Par contre, si vous avez déjà retourné dans tous les sens l’opus current-gen, la refonte graphique opérée par ce Remastered pourrait certes vous séduire, mais uniquement si vous gardez à l’esprit qu’il s’agit d’une simple adaptation et pas d’un soft développé exclusivement sur PS4 et tirant partie de toute sa puissance.

Le vidéo-test

Réalisation: 15/20  

Exit l’aliasing prononcé de l’opus PlayStation 3, et ça fait du bien. Hélas, si les graphismes du jeu étaient tout bonnement magnifiques sur current-gen, avec une direction artistique de haute volée et un environnement rendu crédible grâce à une foultitude de détails, cette fois on sent clairement que la next-gen a mieux à offrir (inFamous Second Son en tête). L’animation, quant à elle, est plus fluide qu’auparavant, pour une meilleure immersion.

Gameplay/Scénario: 19/20  

Un gameplay innovant basé principalement sur l’infiltration, où vous devrez sans cesse faire attention à ce qui vous entoure et vous aider de l’environnement pour progresser. Pas de temps mort puisque tout se fait en temps réel, même le craft d’objets. La tension est palpable grâce à des ennemis intelligents et terrifiants, et un level design bien pensé. Et que dire des 15 premières minutes de jeu tout simplement inoubliables d’immersion, posant les bases d’une aventure poignante pour un duo touchant errant dans un monde impitoyable.

Bande-Son: 18/20   

La musique du soft est tout bonnement incroyable, proposant des thèmes stressants avant d’embrayer avec une mélancolie qui vous prend aux tripes, sans jamais devenir envahissante. Les voix anglaises comme françaises sont magnifiques et le cri des clickers restera longtemps dans votre tête pour des bons moments de frayeur éprouvée.

Durée de vie: 17/20  

Une durée de vie d’environs 15 heures, un DLC « Left Behind » qui vous tiendra en haleine deux heures environ, plusieurs modes de difficulté dont le « Réaliste » qui faisait partie du DLC Grounded Bundle et représente la quintessence du hardcore gaming, mais aussi des pendentifs et documents à collectionner, des armes à booster et un mode multijoueur très sympa (ainsi que tous ces DLCs), même s’il n’est pas inoubliable. Vous avez de quoi faire!

Note Globale N-Gamz.com: 17/20

The Last of Us était tout simplement un titre culte sur PlayStation 3. Sur PlayStation 4, l’effet de surprise passé, on est un peu déçu par la refonte graphique qu’on aurait voulu à même de rivaliser avec des ténors du genre sur Next-Gen (inFamous Second Son, Killzone Shadowfall). Il n’empêche qu’emmenées par une bande-sonore et une mise en scène de haute volée, un gameplay intelligent, une tension permanente et une histoire dantesque, les aventures de Joël et Ellie aux pays des Infectés représentent un voyage que vous DEVEZ faire au moins une fois dans votre vie de gamer! Pour faire simple: si vous n’avez jamais joué au jeu, cette version PS4 est un must-have. Dans le cas contraire, si vous connaissez déjà le soft par coeur, l’achat peut s’avérer dispensable, même si on revient toujours avec un intérêt et une émotion énorme vers la perle rare créée par Naughty Dog, ce qui me réconforte dans mon idée de lui attribuer notre N-Gamz d’Or dédié aux titres inoubliables. Quand le coeur parle… la critique se tait.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!