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Enfin, le voilà. Après de multiples reports dûs notamment au changement d’éditeur (RIP THQ), South Park : le Bâton de la Vérité est enfin des nôtres. Signé Obsidian, ce RPG se montre-t-il digne de l’attente interminable subie par les fans de la série culte ? 

Le plus gros connard de l’univers

La plupart des personnages de la série répondent à l'appel

Après une séance de création de personnage plutôt complète, vous voici projeté dans la peau d’un gamin ayant fraîchement emménagé dans la petite ville de South Park, et sommé par vos parents de sortir vous faire des amis. Ni une ni deux, vous rencontrez le paladin Butters aux prises avec un Elfe. Après l’avoir sorti de ce mauvais pas, vous voilà en route pour le repaire du Grand Sorcier Cartman, chef du KKK (Kingdom of Kupa Keep), qui vous baptise « Connard », que vous le vouliez ou non. Le but de tout ce petit monde ? Rester en possession du Bâton de la Vérité, qui offre le contrôle de l’univers à quiconque le détient. Mais ce qui commençait comme un innocent jeu de rôle grandeur nature va bientôt prendre une tournure inattendue et partir sérieusement en vrille…

D’emblée, on se retrouve plongé dans l’univers si particulier de South Park : les jurons fusent, le style graphique inimitable est de la partie et des gamins irrévérencieux sont prêts à se foutre violemment sur la tronche pour faire respecter leur autorité. La participation active de Trey Parker et Matt Stone, les deux grands malades à l’origine de la série, se fait immédiatement ressentir et, alliée au savoir-faire d’Obsidian en matière de RPG (Star Wars : KOTOR 2, Fallout New Vegas, …), annonce le meilleur pour la suite. Alors, ça troue le cul ?

Un vrai RPG (Rots, Pets, Gerbe)

Les combats sont brutaux, dynamiques et vraiment fun

Comme tout bon jeu de rôle qui se respecte, une de vos premières tâches sera de choisir une classe de personnage. Libre à vous d’opter pour le Mage, le Guerrier, le Voleur ou le Juif (merci Cartman). Chaque classe vous donnera droit à ses aptitudes propres et il est impossible d’en changer en cours de jeu, ce qui poussera sans doute les plus motivés à relancer une partie afin de découvrir quelles autres possibilités s’offrent à lui.

Une fois prêt pour la baston, direction les combats au tour par tour. Inspiré par les Paper Mario et les RPG Mario&Luigi, le système d’affrontements vous demandera de respecter un certain timing afin de limiter les dégâts subis et de multiplier ceux que vous infligerez à l’adversaire. Le dynamisme des rixes est donc à toute épreuve, étant donnée la nécessité de ne jamais relâcher son attention, le timing demandé étant parfois franchement serré. On profitera également de l’aide d’un compagnon, sélectionnable parmi les gamins les plus célèbres de la ville, pour nous prêter main forte en utilisant des capacités uniques.

Évidemment, votre héros évoluera à votre guise et il sera ainsi possible de l’équiper de divers objets, autant cosmétiques que jouant sur ses statistiques, de garnir ses armes de patches leur conférant différents bonus et de jouir de différents avantages disponibles en se faisant des amis dans la ville, entre autres subtilités. Sans compter sur les différents pouvoirs à acquérir, comme une poudre de rétrécissement et différentes formes de pets ayant chacune une utilité propre (ou sale, dans le cas présent). Des subtilités, les combats n’en manquent pas : entre les diverses postures des adversaires demandant différentes approches, les états secondaires dévastateurs (« en feu », « dégoûté »,…) et les différentes jauges à gérer, on sent que les équipes d’Obsidian ont voulu proposer un vrai jeu du genre, et pas simplement un « RPG light » surfant sur le succès de la licence.

Qu’elle est belle ta quête

Le fan service est présent à tous les niveaux

Fidèlement à cet état d’esprit, on trouvera donc une multitude de quêtes annexes qui viendront prolonger le plaisir de l’aventure principale, pas bien longue (comptez 8 ou 9 heures), de quelques heures. Dans un cas comme dans l’autre, les dialogues sont excellents et s’ancrent parfaitement dans la continuité de la série, d’autant plus que Trey Parker et Matt Stone eux-mêmes se sont livrés au doublage, comme ils le font habituellement. Si cet aspect est donc de très grande qualité, les fans francophones pourront tout de même regretter l’absence des formidables doubleurs français. On sent également que les responsables de l’adaptation ne sont pas ceux qui officient sur la série et, par conséquent, il ne sera pas rare de tomber sur quelques sous-titres proposant une traduction moins convaincante qu’à l’accoutumée. Regrettable également, la censure européenne (réservée aux versions consoles, qui sacrifie de manière incompréhensible certaines séquences, alors que le jeu est classé 18+ et que certaines séquences laissées intactes vont très très loin dans le délire trash et couillu (dans tous les sens du terme).

Pour le reste, les acharnés de la série seront aux anges. C’est bien simple, rarement aura-t-on connu fan service plus appliqué et plus réussi. À tous les coins de rue, à chaque objet récolté, à chaque personnage rencontré, c’est à une avalanche impressionnante et sans fin de références que le joueur sera confronté. Vous aurez donc le loisir de partir à la chasse sur ordre de Jimbo et Ned, vous soignerez en combat grâce à des paquets de Cheesy Poofs et des sachets de Muscle Plus 4000, rencontrerez Al Gore toujours aussi obsédé par l’Homoursporc, ramasserez des tampons en cheveu de Cherokee,… Impossible de tout énumérer ici, tant tout le jeu a été conçu de manière à plonger les fans de manière ininterrompue dans un univers qu’ils connaissent par cœur, et à quelques exceptions près (comme Servietsky, étrangement cantonné aux écrans de chargement), tous les personnages rencontrés au fil des saisons répondent présent.

Et c’est à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse du jeu : aussi agréable à jouer soit-il, South Park : Le Bâton de la Vérité laissera froid les joueurs les moins coutumiers à la petite ville du Colorado, qui auront  énormément de mal à passer outre les menus peu ergonomiques (l’interface est calquée sur Facebook et n’est pas des plus lisible) et l’humour bas du front. Les autres, en revanche, risquent d’adorer chaque seconde passée en compagnie de ces personnages frappadingues, de tolérer la grande répétitivité du soft et d’en redemander une fois la bataille de fin, inoubliable, achevée.

Incorrigible Obsidian

Voici l'objet de toutes les convoitises…

Mais avec tout le respect que l’on peut porter au travail accompli par Obsidian, on a quand même l’impression que le studio tend le Bâton pour se faire battre. Bien connus pour les nombreux bugs polluant leurs softs, les Américains nous offrent une fois de plus une belle compilation de foirages en tout genre. C’est ainsi qu’à peine dix minutes après avoir lancé le soft, un script a refusé de se lancer en plein combat, ce qui m’a forcé à relancer la dernière sauvegarde automatique, celles-ci se montrant heureusement fréquentes. Plus ennuyeux, une séquence du jeu m’a carrément obligé à redémarrer ma console à chaque relance de sauvegarde. Autant dire que si je n’avais pas pu recharger ma partie juste avant ce passage et le finir d’une traite, je pouvais dire adieu à ma progression.

Ces soucis très occasionnels en rejoignent d’autres beaucoup plus fréquents, comme des baisses de framerate incompréhensibles ou des dialogues qui s’entremêlent pour former une bouillie incompréhensible. Tout cela mêlé aux trop nombreux temps de chargement risquent donc de décourager les moins acharnés, et c’est bien dommage, au vu de la qualité générale du soft. Allez Obsidian, on y croit, la prochaine fois sera la bonne.

On a l’esprit, on vaincra, on est forts et pleins de caca

Exemple parfait d’un jeu à licence qui respecte l’univers adapté et son public, South Park : Le Bâton de la Vérité fera date dans l’histoire de la franchise, au même titre que le film sorti en 1999. Vulgaire, ultra-violent (les gamins ne se font pas de cadeaux) et passionnant de bout en bout pour tout fan qui se respecte, le jeu d’Obsidian est un véritable cadeau qui nous fait pardonner instantanément les longs mois d’attente précédant sa sortie. Les gars, c’est quand vous voulez pour une suite.

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 14/20

La note est ici pour sanctionner non pas la réalisation graphique en tant que telle, absolument saisissante de fidélité par rapport à la série, mais le nombre de bugs qui diminuent fortement le plaisir de jeu et plombent son rythme, par ailleurs impeccable.

Gameplay/Scénario: 16/20

Le soft est tout ce qu’on pouvait attendre d’un RPG estampillé South Park, voire même plus : les subtilités de gameplay et les nombreux éléments à récolter/équiper prouvent la connaissance du domaine par les développeurs. Signés Parker et Stone, le scénario et les dialogues sont souvent à mourir de rire et manient avec bonheur les références aux épisodes, la critique du monde vidéoludique et l’humour pipi-caca de circonstance. Une incontestable réussite.

Bande-Son: 16/20 

Les doublages anglais sont d’excellente facture et fidèles à ce qu’on trouve dans la série, grâce à la participation de ses créateurs. La bande originale n’est pas en reste et multiplie les pistes à la fois épiques et totalement dans le ton. Du très bon boulot.

Durée de vie: 14/20

Dépassant difficilement la petite dizaine d’heures en ligne droite, la durée de vie est amplifiée par un bon nombre de quêtes secondaires réussies, d’endroits à explorer et d’items à récolter (Chinpokomons en tête).  Les plus accros n’hésiteront pas à refaire le soft en jouant une autre classe, histoire de bénéficier d’autres aptitudes.

Note Globale N-Gamz.com: 16/20

Se destinant principalement (voire uniquement) aux fans de South Park les plus assidus, Le Bâton de la Vérité est un véritable épisode dont vous êtes le héros. Et quand on connaît la qualité globale de la série, c’est le plus beau compliment qu’on pourra lui adresser.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !