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Bien connue des amateurs de jeux psycho-horrifiques, la saga des Silent Hill a connu l’apothéose avec une quadrilogie PS1 et PS2 clôturée de main de maître par un épisode « The Room » aussi adulé que critiqué. Depuis son passage à la next gen, hélas, les aventures brumeuses de cette bourgade éthérée des U.S.A. se sont totalement détériorées. Konami, toujours à la recherche d’un second souffle pour sa licence phare, a décidé de se tourner vers les développeurs occidentaux, mieux à même de cibler les attentes du marché. Si l’exercice a été plus que concluant avec Castlevania et son Lords of Shadow, en sera-t-il de même avec ce Silent Hill : Book of Memories sur PS Vita, qui transforme complètement le genre survival/horror mis en place par ses aînés pour en faire…un hack’n slash ?

Welcome to…Silent Hill 

Un mystérieux grimoire qui renferme toute votre vie…et si vous en réécriviez un paragraphe?

Personne ne sait vraiment comment on atterrit à Silent Hill, mais une chose est sûre: quiconque y met un jour les pieds n’en ressort pas indemne. Cette ville, véritable labyrinthe de rues brumeuses, d’usines désaffectées et d’hôpitaux abandonnés, est au croisement de plusieurs dimensions, toutes liées à la psyché de la personne qui arpente ses allées désertes. Cette fois, pas d’accident de voiture, de prisonnier en fuite ou de retour au bercail pour une jeune fille à double personnalité. Non, l’équipe de Wayforward, à qui l’on doit notamment Blood Rayne : Betrayal, a décidé de nous amener à Silent Hill via nos songes et…un bouquin. Le fameux Book of Memories.

Tout commençait pourtant par une belle mâtinée pluvieuse. C’est le jour de votre 18ème anniversaire, et un mystérieux facteur (que les fans de Downpour reconnaîtront aisément), sonne à votre porte. Dans ses mains, un colis venant de Silent Hill. A peine le temps de regarder l’étiquette que notre coursier a disparu. Soit, vous déballez l’envoi et là, stupéfaction ! Un grimoire contenant l’intégralité de votre vie explicitée de façon précise. Tout y est : de votre première petite amie à votre promotion ratée. Même la venue du facteur y est inscrite ! Et si, juste pour voir, vous décidiez de réécrire certains passages ? C’est précisément ce qu’il fallait pour vous transporter, durant la nuit, dans la ténébreuse Silent Hill.

Un Diablo-Like ambiance teenagers 

La création de personnage permet quelques folies

Ne vous attendez pas à arpenter de suite les ruelles brumeuses de la ville américaine. Non, vous allez en fait vous retrouver dans les psychés torturées des personnes sur lesquelles vous tentez d’influer via le livre des souvenirs. Du croisement entre votre psychologie et la leur résulte des niveaux aussi variés qu’une forêt lugubre, une usine infernale, un musée grisâtre et j’en passe. Votre but, seul ou jusqu’à quatre, est de partir à l’aventure  pour abattre le boss de chaque chapitre, le tout en traversant trois étages par histoire. Après avoir créé votre avatar, homme ou femme, gothique, bcbg, rat de bibliothèque ou encore punk, vous voilà face à un pur hack’n slash. Au programme: vue de haut, niveaux agencés aléatoirement et composés de pièces rectangulaires reliées entre elles par des couloirs, et surtout : du monstre à occire et des armes à récupérer !

Chaque niveau se décompose de la même façon : les pièces ont toutes leur utilité, à savoir que certaines contiennent des armes et des clés enfermées dans des armoires, des meubles ou autres containers, d’autres servent de point de sauvegarde ou de boutiques dans lesquelles vous pouvez acheter objets, armes et artefacts (similaires à des pièces d’armures) moyennant des vestiges mémoriels à récupérer sur les monstres, des pièces mystères qui vous proposent trois interactions différentes pour orienter le scénario, et enfin des zones où, moyennant l’accomplissement de missions (en général, tuer tout ce qui bouge) vous obtiendrez des pièces de puzzle indispensables pour résoudre l’énigme permettant de passer à l’étage suivant. Vous l’aurez compris, ça semble redondant, et ça l’est, mais c’est en général le principal défaut des titres estampillés hack’n slash.

Vous l’aurez compris, ça semble redondant, et ça l’est

Bien entendu, les développeurs ont tenté de varier le gameplay, notamment en incluant la possibilité de répartir des points d’expérience dans ses stats, d’avoir une arme dans chaque main, celle d’utiliser des pouvoirs mystiques liés au karma ou encore de déclencher des skills d’attaque précis. De plus, les ennemis sont de différents types (chair, métal) et alignements. Ajoutez à cela une maniabilité optimisée pour tirer parti des fonctionnalités tactiles de la Vita (inventaire direct, pouvoirs, zones info, énigmes) et une difficulté qui vous proposera un vrai challenge, et vous obtenez un titre plaisant à jouer, sur de courtes sessions, le scénario trop morcelé et insipide n’aidant hélas pas à prolonger l’aventure des heures durant sans s’arrêter.

La Vita poussée dans ses derniers retranchements ? 

Un mode multi qui augmente le plaisir, pour peu que vous trouviez des participants…

Et bien non, loin de là. Si les boss proposés par le soft sont sublimes, force est de constater que les niveaux sont loin d’exploser la rétine. Textures moyennes, environnements manquant de détails, focale impossible à modifier, heureusement que les jeux de lumière, la gestion de la lampe torche et quelques effets de particules nous montrent que nous sommes sur la Roll’s des consoles portables. Evidemment, avec ce type de graphismes, le jeu ne ralentit à aucun moment, mais il est vrai que l’on est rarement agressé par plus de deux monstres à la fois (on est bien loin des combats de masses de titres comme Diablo ou R.A.W.). On parlerait presque de hack’n slash intimiste.

Musicalement par contre, le constat est plus enjôleur. Bien qu’Akira Yamaoka est raccroché son tablier, son successeur ne démérite pas et propose une bande-son dans laquelle on retrouve les sonorités typiques de Silent Hill, et notamment une musique d’intro chantée de façon lancinante qui vous rappellera de bons souvenirs auditifs. Alors oui, on est loin de la B.O.culte du 3ème opus, mais le tout reste très plaisant à écouter.

Un spin-off dans le brouillard 

Cloud sort de ce corps!

Bigre, avec un peu plus d’efforts, Wayforward aurait pu réussir à nous offrir un Silent Hill radicalement différent de ses prédecesseurs, mais véritablement jouissif. Si l’ambiance glauque et sordide avait été plus poussée, si le scénario avait été plus travaillé et si les mécaniques de jeu étaient moins redondantes, le pari aurait pu être gagné. Hélas, ce Book of Memories a tout du hack’n slash de base, répétitif et sans émerveillement. Attention, il ne s’agit pas d’un mauvais jeu, loin de là, mais ce n’est clairement pas un bon Silent Hill. Allez monsieur Konami, on retravaille sa copie et on nous pond enfin un digne héritier à la quadrilogie qui nous a tant fait rêver !

Le Video-Test

Réalisation: 11/20

Si le soft propose des monstres de fin de chapitre particulièrement jolis, le reste est moins à l’avenant avec des textures moyennes et des environnements manquant de détails. Les effets de lumière sauvent heureusement la donne mais la Vita est loin de nous livrer une performance graphique de taille.

Gameplay/Scénario: 14/20

Les développeurs ont trouvé deux-trois idées de gameplay axées sur les combats, comme les skills ou les pouvoirs mystiques, histoire de varier les situations. La maniabilité profite des capacités tactiles de la Vita pour un bon confort de jeu, mais le tout devient trop vite répétitif, le level design n’aidant pas vraiment et la classique récolte des pièces de puzzle pour résoudre une énigme alambiquée lassant rapidement. Le scénario, quant à lui, est trop mal amené et indigne de la saga dont il découle.

Bande-Son: 15/20

La B.O. est dans la droite lignée de l’univers made in Silent Hill, bien que moins inspirée que celle du troisième opus, qui reste la référence. La musique d’intro est lancinante comme il faut et les bruitages plus que sympathiques. Le doublage, quant à lui, est un peu trop anecdotique mais a le mérite d’être en français.

Durée de vie: 13/20

Si tant est que vous ne vous lassiez pas avant la fin, le soft offre six épilogues et vous obligera à retourner dans les anciens chapitres pour faire un peu de level up d’armes et de personnages. De plus, le jeu à plusieurs augmente le plaisir et rallonge de fait la durée de vie, si tant est que vous trouviez des gens adeptes du titre…et là ce n’est pas gagné.

Note Globale N-Gamz.com: 13/20

Partant d’une idée originale, à savoir créer un hack’n slash estampillé Silent Hill, ce Book of Memories ne parvient clairement pas à conclure son essai. On se retrouve donc avec un soft qui navigue entre deux eaux, scénaristiquement morcelé, graphiquement moyen, redondant, sans être mauvais. La pertinence de choisir l’univers d’une saga aussi adulée pour ce type de soft a de quoi laisser perplexe, mais la prise de risque peut être saluée.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!