Review

Moins populaire que l’increvable (quoique…) Duke Nukem, Shadow Warrior est une autre création de 3D Realms chère aux cœurs des joueurs de FPS des années 90. Pour ce reboot nouvelle génération, on garde les mêmes éléments : de la violence gratuite à tous les étages, du charcutage de démons au katana et un background japonais. Après une version PC sortie l’année dernière, c’est au tour de la PS4 et de la Xbox One d’accueillir le revenant. Cette licence valait-elle donc la peine d’être déterrée ?

You’ve got the touch, you’ve got the poweeeeer

Le katana et l’hémoglobine sont à l’honneur dans Shadow Warrior

À la solde du puissant homme d’affaires Orochi Zilla, Lo Wang est chargé par son patron d’aller échanger un mystérieux sabre, le Nobitsura Kage, contre une valise remplie de billets. Et le propriétaire du joujou aurait mieux fait d’accepter l’offre au lieu d’envoyer ses hommes dérouiller du Chinois : loin d’être un manchot, Lo Wang les massacre sans se forcer avant que son ennemi du jour, assisté par un mystérieux être masqué, Hoji, ne prenne le dessus et le laisse pour mort. Ce n’est que le début des malheurs pour le bonhomme qui se retrouvera plongé en pleine invasion démoniaque et forcé de coopérer avec Hoji, que ça lui plaise ou non.

Ne vous leurrez pas à la lecture de ces lignes : le ton est franchement à la rigolade, et notre première rencontre avec notre « héros » donne le ton d’emblée : on le retrouve au volant d’une somptueuse voiture de sport, chantant à tue-tête le kitschissime The Touch, hymne purement 80’s du has been Stan Bush qu’on retrouvait à l’origine sur la BO du premier film animé Transformers. Jamais avare en bons mots et en réparties cinglantes balancée à l’encontre de son acolyte forcé Hoji, Lo Wang apparaît d’emblée comme une des grandes réussites du soft et comme l’anti-héros le plus ridiculement badass depuis Rex Power Colt dans Far Cry 3 : Blood Dragon, assez comparable au niveau de l’ambiance burnée et référentielle. Tout cela mis à part, les Polonais de Flying Wild Hog, déjà auteurs du FPS Hard Reset, ont-ils su joindre un gameplay en acier trempé à cette atmosphère rigolarde ?

Quand Lo Wang fait bang bang

De nombreux clins d’œil aux autres softs de l’éditeur sont présents

En digne héritier des FPS des années 90, Shadow Warrior ne s’embarrasse pas d’une quelconque originalité et va droit au but : les niveaux vous demanderont invariablement de dézinguer des tonnes d’ennemis à l’aide d’un arsenal meurtrier, avec un focus porté sur les combats au corps à corps à coup de katana. Totalement outrancier au niveau du gore, c’est avec jubilation que vous démembrerez du vilain pas beau sous une avalanche d’hémoglobine. Pour varier les plaisirs, le jeu met à votre disposition différents combos activables à l’aide de combinaisons de touches précises, à la manière d’un jeu de baston. Si ces enchaînements sont parfois délicats à utiliser en pleine boucherie, on se familiarise très rapidement avec la maniabilité du soft et on prend un malin plaisir à les exécuter pour obtenir une bonne note à la fin de chaque vague d’ennemis. Old school oblige, la vie ne se régénère pas automatiquement et nécessite justement d’effectuer une de ces combinaisons, en plus des medikits et des armures disséminées dans les niveaux.

Le cœur de démon, déjà présent dans le Shadow Warrior original, fait son grand retour

Dans la grande tradition 3D Realms, vous devrez régulièrement détruire des sceaux de couleur pour déverrouiller les portes correspondantes, à la manière des fameuses clés magnétiques présentes dans Duke Nukem 3D et consorts. On pourra apprécier la volonté des développeurs de proposer un vrai soft à l’ancienne, mais toujours est-il que la répétitivité extrême du titre viendra à bout de plus d’un joueur. Trucidez une vague d’ennemis, débloquez le passage vers la prochaine zone et la prochaine salve de monstres, répétez ad vitam aeternam. Fidèle de bout en bout à sa philosophie, le jeu ne s’encombre pas de séquences qui auraient pu apporter un tant soi peu de fraîcheur. Pour préserver le côté défoulant du soft, on conseillera donc plus facilement de le savourer par petites salves que par grandes bouchées, la lassitude n’étant jamais bien loin.

On appréciera tout de même le degré de personnalisation des héros qui, en récupérant du pognon, des cristaux de ki et des points de karma au fur et à mesure de sa progression, pourra booster son arsenal, ses stats et débloquer de nouveaux enchaînements qu’il aura ensuite l’occasion d’améliorer de diverses manières (ne plus être interrompu par les attaques en se soignant, permettre aux attaques spéciales de toucher les ennemis « enragés »,…). Un petit côté RPG omniprésent à l’heure actuelle qui parvient tout de même à trouver naturellement sa place ici.

Une technique qui tâche (de sang)

Shadow Warrior n’a franchement rien de transcendant à offrir d’un point de vue visuel

Visuellement, sur consoles nouvelle génération comme sur PC, le jeu n’a pas les armes pour lutter contre la concurrence des mastodontes du genre. Les environnements ont beau être soignés, les animations sont un peu trop raides et la modélisation des personnages aurait pu bénéficier d’un peu plus de soin, en particulier lors de certaines cut scenes franchement hideuses. La version PS4 testée présente également quelques chutes de framerate ; rien de bien alarmant, mais de quoi tenir éloignés les férus de technique haut de gamme.

La bande-son fait la part belle aux bruitages pêchus renforçant sans mal le côté hyper-bourrin des affrontements, accompagnés d’une bande originale qui fait discrètement le boulot, sans forcer. Soulignons la qualité des doublages anglais (sous-titrés en français), qui rendent les échanges entre Lo Wan et Hoji généralement assez jouissifs.

Un jeu à recommander à gore et à cri ?

Rejeton assumé des défouloirs à l’ancienne, Shadow Warrior n’a aucune autre prétention que de faire passer un moment délicieusement sanglant et défoulant à des joueurs en manque de plaisirs simples. Pour ceux-là, le prix de lancement raisonnable (une trentaine d’euros) de cette version console aidera sans aucun doute à digérer plus facilement la répétitivité et des défauts techniques.

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 14/20

Sans être d’une laideur sans nom, Shadow Warrior n’a franchement rien de transcendant à offrir d’un point de vue visuel tout en se payant quelques ralentissements sur cette version console. Heureusement, quelques paysages valent tout de même le coup d’œil.

Gameplay/Scénario: 14/20

Défoulant, bourrin et décomplexé, le soft saura satisfaire la soif de sang des amateurs du genre, même si des sessions plus ou moins courtes sont recommandées, au vu de la répétitivité extrême. Le scénario, sans être original, se laisse suivre sans déplaisir et est porté par une ambiance très réussie misant sur le second degré et la coolitude de son héros.

Bande-Son: 16/20

Si l’on en vient presque à oublier la bande originale plutôt discrète, les effets sonores soutiennent à merveille le côté frénétique des affrontements et les doubleurs anglais se montrent à la hauteur de répliques souvent drôles.

Durée de vie: 16/20

Une grosse dizaine d’heures sera nécessaire pour terminer le jeu sans prendre la peine de dénicher tous les secrets et de parcourir les challenges propres à cette version console. Pour un titre du genre, qui plus est vendu à prix doux, il n’y a vraiment pas de quoi se plaindre sur ce point.

Note Globale N-Gamz.com: 14/20

Envie de vous défouler au sein d’un joyeux bain de sang sans vous prendre la tête ? Pas effrayé à l’idée d’affronter un challenge fun mais tout de même sacrément répétitif ? Alors n’hésitez pas à trancher en faveur de ce Shadow Warrior volontairement stupide, retro et franchement généreux.


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About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !