Review

De mémoire de gamer, il est rare d’incarner des orcs et des gobelins dans un jeu typé héroic-fantasy. Le plus bel exemple à citer est sans conteste Warcraft et son alter-ego mmorpg World of Warcraft. Alors quand Cyanide et Spiders, deux boîtes françaises de talent, décident de nous faire incarner ces peaux vertes en lieu et place des chevaliers humains en armure rutilante, on ne peut qu’être enthousiaste…et on a raison !

De l’improbabilité d’un duo…

Arkail et Styx forment un duo atypique

Le continen Isèrien vit des heures sombres. Arrivé au pouvoir par des mécanismes douteux, l’empereur Damocles, un fou assoiffé de pouvoir, a réuni sous sa bannière humains, nains et elfes, pour éradiquer ce qu’il appelle : « Le fléau Orc ». Fort d’une immense armée, il a érigé un mur infranchissable pour protéger son empire et s’atèle à éradiquer minutieusement toute trace de « Peaux Vertes » dans un grand nettoyage ethnique, réduisant les quelques survivants à l’état d’esclaves.

Seuls un commando d’élite Orcs, les Bloodjaws, s’élève encore contre la tyrannie impériale et va tenter de libérer une mage, Arkence, seule capable de tuer l’empereur. Vous incarenez donc Arkaïl, fier représentant des Bloodjaws, dont la fureur parfois incontrôlable fait frémir ses ennemis. Afin de pénétrer en territoire humain, il devra s’adjoindre les services d’un gobelin passeur, Styx, qui a tout en opposition avec notre guerrier sanguinaire. Autant dire que cette association contre nature va faire des étincelles !

…découle un gameplay addictif

Arkaïl est une force de la nature, bourrin à souhait

Le jeu se présente donc sous la forme d’un RPG qui vous permettra de contrôler soit Arkaïl, soit Styx, sur une simple pression de bouton. Les deux compères sont inséparables et la partie aventure ne subit aucune incidence suivant le personnage que vous incarnez. On se retrouve dans un RPG très linéaire, avec quelques quêtes annexes sympathiques, dans une ambiance héroic/fantasy violente. Aspect jeu de rôle oblige, vous aurez accès à des équipements (visibles une fois porté par votre personnage) à ramasser dans des coffres ou acheter et améliorer via une forge, moyennant des points de troc. L’expérience s’accumule au fil des combats ou en accomplissant des missions, et vous pourrez la répartir entre différentes caractéristiques comme la force, l’esprit, l’endurance, … Enfin, des points de compétences vous permettront d’acquérir des capacités à déclencher en combat.

Les combats justement, sont un atout principal du soft. En effet, si l’aspect RPG est assez basique et ne bloquera pas les joueurs durant des heures sur telle customisation d’équipement ou tel boost de caractéristique, les rixes sont, elles, très techniques. Calqué en partie sur le modèle mis en place dans une autre production Cyanide (Le Trône de Fer), le système de combat permet de ralentir l’action à tout instant pour entrer une série de quatre capacités définies, suivant trois menus radiaux (posture offensive, neutre, et défensive). Vous devrez donc constamment passer d’Arkaïl à Styx pour encoder vos ordres, mais le tout est bien plus fluide que dans l’adaptation jeu vidéo du roman de Georges R.R. Martin.

Tu veux mon poing dans la figure, Rakash ?

Styx, lui, est adepte du meurtre silencieux

Ainsi, Arkaïl est un adepte du combat au corps à corps et dispose de capacités offensives très poussées, tout comme il peut servir de bouclier au gobelin. Le hic, c’est qu’au fur et à mesure qu’il prend des coups ou en distribue, une jauge de furie se remplit. Complétée, elle fait entrer notre orc dans une rage folle, le rendant impossible à contrôler. Il frappe sur tout ce qui bouge, ne se protège plus, et ira même jusqu’à s’en prendre à son compagnon de voyage ! Très utile car boostant l’attaque du colosse, cette furie, si elle se déclenche trop tôt en combat, peut ruiner toute votre stratégie. Résultat, il va falloir utiliser des capacités qui n’augmentent pas trop cette jauge et éviter qu’Arkaïl ne doive gérer un bataillon à lui seul.

Pour ce faire, Styx est à même de se rendre invisible et d’assassiner les ennemis par derrière. Grâce à un positionnement judicieux des adversaires et moyennant un repérage préalable, vous allez parfois pouvoir littéralement décimer un peloton de gardes sans éveiller les soupçons. Un régal pour les amoureux de Sam Fisher ! Niveau combat, notre gobelin est surtout calibré pour le combat à distance au moyen de dagues, mais peut également empoisonner son adversaire ou l’attirer vers lui pour qu’Arkaïl finisse le boulot. C’est donc un savant équilibre qu’il vous faudra trouver relativement rapidement dans l’aventure, car même si le jeu comporte quatre modes de difficultés, rien que le normal propose des combats assez ardus si on se jette dedans sans préparation. Bref, les joutes sont une vraie réussite !

Un moteur de jeu impressionnant

Le moteur 3D en impose avec ses panoramas superbes!

C’était l’un des gros reproches fait au « Trône de Fer » : le moteur de jeu souffreteux affichait des couleurs ternes, un tearing omniprésent et des animations rigides, sans parler des textures un peu « cheap ». Pour Of Orcs and Men, c’est une vraie claque qu’on se prend : les effets de lumières sont somptueux, l’animation est bien plus réaliste, les conditions climatiques comme la pluie ou la neige sont criantes de vérité et les décors, même s’ils sont parfois assez cloisonnés, se révèlent impressionnants par la patte graphique qui leur a été allouée. Voir la végétation d’une forêt dense bouger au gré du vent, admirer les ombres portées sur nos héros sous un ciel zébré d’éclairs ou contempler l’eau ruisselant sur les roches lors d’une tempête, voilà de quoi éveiller votre âme de rêveur dans ce monde empreint de violence.

Niveau bande-son, on frôle le nirvana avec des morceaux émanant du compositeur de l’éthéré Obscure, Olivier Derivière, contenant du lyrisme, des accents guerriers et un côté celtique/héroïque qui va vous faire vibrer. Les voix sont intégralement doublées en français, les insultes fusent et le rendu sonore est juste totalement immersif. Aucun faux pas à ce stade, et une ambiance musicale qui joue pour beaucoup dans la qualité du titre. On ne le dira jamais assez : ne bâclez pas les musiques de jeu. Et sur ce coup, les développeurs de Of Orcs and Men l’ont bien compris.

La surprise du mois d’Octobre est…un duo Orc/Gobelin !

Des rôles inversés pour un scénario enivrant!

On ne l’attendait pas vraiment, on le regardait du coin de l’œil, on appréciait les trailers mais de par sa nature de titre original et non de suite d’un jeu à succès, les joueurs se sont sûrement montrés parfois un peu désintéressés par ce Of Orcs and Men. Et bien qu’on se le dise : ils auraient tort de passer à côté de cet excellent RPG made in France ! L’aventure est linéaire, certes, et le menu d’équipement et de gain de niveau est ultra basique, mais l’histoire est captivante, le système de combat basé sur la dualité des compétences est stratégique à souhait, et le moteur de jeu pousse à la rêverie face à de merveilleux panoramas. Un grand moment de jeu vidéo pour une approche scénaristique originale, moi je dis : Bravo !

 

Le Video-Test

Réalisation: 17/20

Le moteur de jeu impressionne par la qualité de ses effets de lumière et son rendu climatique. La modélisation des personnages principaux force le respect et l’animation ne perd pas énormément en framerate même lorsque beaucoup d’ennemis sont présents. Petit bémol : certaines textures sont encore un peu grossières, mais le cachet artistique fait largement passer la pilule.

Gameplay/Scénario: 17/20

Le jeu est très linéaire, c’est un fait, mais chaque combat est un régal et fait oublier un level design peu propice à l’exploration. Le système d’expérience est basique mais il est contrebalancé par un achat de capacités qui se veut stratégique. La possibilité pour Arkaïl de devenir fou de rage et pour Styx de faire des meurtres silencieux permet un gameplay travaillé et jouissif. Enfin, le scénario pousse à en apprendre toujours plus, faisant sombrer peu à peu nos héros vers les travers les plus atroces de l’espèce humaine.

Bande-Son: 19/20

Bruitages cinglants, doublage en français ultra convaincant, répliques humoristiques ou violentes et ambiance musicale divine grâce au travail du compositeur d’Obscure, la bande-son est un régal. Merci, Olivier Derivière, pour ces compositions à la limite de l’orgasme vidéoludique!

Durée de vie: 15/20

Le jeu est long, bien que linéaire, et devrait vous demander une bonne vingtaine d’heures pour en voir le bout, et une dizaine pour les quêtes annexes. Les quatre modes de difficulté vous tiendront largement en haleine de par la difficulté des combats.

Note Globale N-Gamz.com: 17/20

La claque du mois d’Octobre est là ! On ne l’attendait pas, on pensait trouver un petit RPG sympa façon « Le Trône de Fer », et on se retrouve avec une histoire captivante, un duo improbable, drôle et violent, et un système de combat terriblement stratégique et dynamique. Même si la linéarité du soft gâche un peu le tableau, Of Orcs and Men est véritablement une révélation, et ce n’est pas ses environnements enchanteurs, sa bande-son fantastique et son originalité qui me feront dire le contraire !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!