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Se révélant comme étant la suite de « Octodad » premier du nom, un freeware développé par des étudiants de l’université DePaul à Chicago (dont la plupart furent les fondateurs de Young Horses, le studio à l’origine de ce second opus), Octodad – Dadliest Catch a déposé ses tentacules gluantes sur Steam le 30 Janvier dernier suite à la réussite de sa campagne Kickstarter et fort de ses deux années de développement. Mais derrière ce titre mystérieux, que l’on pourrait traduire par « Papapoulpe », se cache en fait une petite merveille du jeu indépendant, remplie d’humour, de finesse, de poulpe et surtout, de fun. Ne perdons plus une minute en gesticulations hasardeuses et en gaspillage d’encre virtuelle, voici venir Octodad, rien que pour vous !

« Monsieur, vous perdez votre encre ! »

Octodad est prêt à tout pour rendre ses proches heureux. Un vrai modèle !

Octodad est un poulpe, mais pas un poulpe comme les autres! Ce dernier est en effet marié à une ravissante jeune femme, qui lui a donné deux beaux enfants, et il vit tranquillement dans une petite banlieue américaine idyllique où il passe ses journées à tondre sa pelouse, boire son café, et profiter de sa belle vie. La base de ce scénario complètement farfelu s’assume de fait très bien, puisque le but du jeu va être de contrôler Octodad afin que la supercherie de son existence poulpesque reste entière aux yeux de ceux qui l’entourent, à commencer par sa famille.

Vous débuterez donc votre aventure le jour de votre mariage, et c’est votre parcours dans l’église afin de trouver votre costume qui vous servira alors de tutoriel. Croyez-moi, on apprécie diablement la présence de ce dernier tant le gameplay du jeu – simple mais efficace  – vous demandera habileté et coordination. Je m’explique…

Une manette et… des tentacules

Le grand Cthulhu en personne se cache dans le décor : l’avez-vous vu ?

Incarner Octodad part d’un principe simple. Les commandes du jeu alternent en effet entre deux modes : le mode « Jambes », dans lequel vous utiliserez les gâchettes de votre manette PC ou les touches de votre clavier pour sélectionner les tentacules gauches ou droites de Octodad, et le mode « Bras » où cette fois vous contrôlerez le bras droit du poulpe, qui a la capacité de pouvoir saisir tous les objets environnants. La manipulation des bras et des jambes se fait alors grâce au joystick de votre manette ou votre souris. On ne va pas le cacher: avec un tel concept, évoluer spatialement dans Octodad vous demandera patience et doigté, mais vous procurera une sacrée dose de fou rire tant les poses et l’absurdité des situations que ce gameplay va vous faire créer peuvent être cocasses !

A noter que le jeu ne dispose pas de barre de vie. On trouve à la place une jauge de détection qui se remplira d’encre si vous êtes repéré par des gens pouvant voir à travers votre déguisement, ou si vos actions semblent un peu trop loufoques et tordues pour ceux qui vous regardent. Si la jauge est pleine, game over et retour au début du niveau. D’ailleurs en parlant de niveaux, sachez que les différents stages d’Octodad s’organisent en tâches qu’il va vous falloir remplir afin d’avancer dans le jeu. Ces dernières, très variées, vont évidemment suivre la trame du scénario en vous demandant de réaliser un grand nombre de travaux de plus en plus complexes. Que ce soit la préparation du café, partir pour les courses, ou encore réparer le réseau électrique d’une exposition, vous aurez toujours beaucoup à faire afin de prendre soin de votre famille… Et surtout, conserver intact votre secret !

« Tu ne trouve pas qu’il a l’air bizarre, lui ? »

Le moteur physique impose le respect et promet de nombreux fous rires!

La première chose qui épate dans Octodad, c’est son moteur physique qui fonctionne comme sur des roulettes, vous permettant de saisir, lancer, faire tourner ou même empiler tous les objets autour de vous. Ces derniers réagissent à chacun des mouvements d’Octodad, transformant vite l’endroit où vous évoluez en véritable capharnaüm si vous n’y prêtez pas un tant soit peu d’attention. Les graphismes du jeu, quant à eux, ne risquent hélas pas de vous faire tomber de votre siège. Mais bien qu’ils ne mettent pas le paquet sur des effets de motion-blur, de particules ou sur un environnement fourmillant de détails, ils arrivent néanmoins à largement faire leur job: celui de rendre l’univers d’Octodad particulièrement attachant, dans un style simple, épuré, mais qui ne dénature en rien l’expérience de jeu. La patte artistique « cartoon » des personnages et des objets n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’univers des Simpsons, et coïncide parfaitement avec le ton décalé et humoristique du soft.

L’ambiance est particulièrement renforcée par la musique du titre, à la fois simple et terriblement bien adaptée aux différents niveaux. Celle de l’Exposition des Abysses a, de fait, particulièrement marqué votre humble serviteur, mais je n’en dirai pas plus. D’ailleurs, continuons sur la bande-son en signalant que le travail des doubleurs est (dans la version anglaise, tout du moins) vraiment très réussi. Les enfants d’Octodad, en particulier, sonnent vocalement et agissent physiquement comme de vrais enfants, donnant un réel charme aux moments d’intimité entre le père et ces derniers. Nous sommes donc bien en présence d’un jeu à l’apparence visuelle certes simple, mais parfaitement maîtrisée par les développeurs qui ont réussi à en dégager un univers particulièrement crédible et attachant… que vous risquez hélas de ne pas fouler assez longtemps.

Deviendrez vous Poulp… Père de l’année ? 
Car c’est là que se trouve le point noir du jeu : sa durée de vie ! En effet, Octodad se termine en deux heures si on est pas trop maladroit, ce qui pourra en laisser certains sur leur faim. Pour les autres, on ne peut que penser que la durée d’un soft parfois si demandeur est en fait parfaitement adaptée à son gameplay susceptible de se révéler, à la longue, un peu lassant. Bien sûr, ces deux heures ne comptent pas la présence d’objets cachés, d’une foultitudes de détails et de références à d’autres jeux/films, et aussi la possibilité de choisir le mode Co-op pour deux, dans lequel un joueur contrôle les jambes et l’autre le bras. Tout ceci ne pourra que vous donner envie de vous relancer dans l’aventure une fois celle-ci achevée une première fois. On note aussi la présence de niveaux supplémentaires à télécharger via le Steam Workshop, afin de pouvoir tester les capacités du moteur physique dans tous les sens !

Bref, vous l’aurez compris: avec son prix modeste de 14€ et ses qualités intrinsèques fortes, on peut clairement affirmer que cet Octodad vous donnera amplement satisfaction, sans piocher de manière excessive dans votre porte-monnaie!

La bande-annonce

Réalisation: 18/20

Les graphismes sont simples, mais parfaitement adaptés à l’histoire et à l’univers décalé du soft, donnant une patte artistique unique au jeu. Le moteur physique en impose par son interaction incroyable avec les éléments du décor, et l’animation n’est pas en reste.

Gameplay/Scénario: 19/20

Une histoire absurde et passionnante, un gameplay simple, original et totalement fendard : Octodad est une petite merveille à jouer et à expérimenter, bourrée d’objets cachés et de références vidéoludiques qui vous feront traverser de la façon la plus plaisante qui soit les différents niveaux.

Bande-Son: 18/20

Parfois discrète, parfois touchante ou légère, la musique du jeu nous guide au gré des mésaventures d’Octodad, sans être une seule fois hors-contexte ou gênante, que du contraire! Le doublage, de grande qualité, donne vie à des personnages qui auraient pu être très banals autrement.

Durée de vie: 15/20

Bien que son prix de vente ne soit pas excessif  au regard de sa durée de vie, il est presque certain que le jeu vous laissera sur votre faim… Pour la bonne raison qu’il est diablement addictif.

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

Alors que la communauté des joueurs dénonce souvent la main-mise des grands studios de développement sur le marché du jeu vidéo actuel, il existe néanmoins encore de petites merveilles telles que cet Octodad, grâce aux possibilités qu’offrent aujourd’hui des sites comme Kickstarter. Riche en fous rires et porteur d’une histoire parfaitement décalée, Octodad risque bien de vous « ventouser » si vous avez l’occasion de mettre la main dessus. Un genre de soft que l’on aimerait voir plus souvent, car il est synonyme d’excellents moments vidéoludiques à passer! 



About the Author

Keyru
Jeune joueur conçu il y a 20 ans de cela qui remercie tout ce qui l'entoure à chaque occasion pour avoir eu l'opportunité de découvrir et d'expérimenter l'univers magique du jeu vidéo. Je vois le jeu comme un 8ème art, comme un moyen de nous faire ressentir de manière plus forte et plus colorée des expériences importantes pour notre évolution en tant qu'être. Je suis donc un grand amateur des jeux en open-world, des RPG et des softs qui se concentrent plus sur l'aventure et la sensation donnée au joueur plutôt que sur le scoring. En dehors de cela, je suis cosplayeur, airsofteur, rêveur, et j'aspire à devenir un agent secret avec une voix rauque et un bandana.