Review

Après un premier épisode solo encensé par la critique et un deuxième misant sur le online et accessoirement complètement raté, on pensait la saga Lost Planet définitivement enterrée. C’était sans compter sur Capcom et sa politique du « laissons nos plus grosses franchises aux studios européens pour les renouveler ! ». Si Devil May Cry, rebooté par Ninja Theory, a totalement démontré que l’idée était excellente, Lost Planet 3, confié aux bons soins de Spark Unlimited, parviendra-t-il à conforter l’éditeur nippon et rassurer les fans ? La réponse se trouve bien ancrée dans les steppes glacées d’E.D.N.III… Alors, mettez votre plus grosse doudoune, prenez vos Juvamine et suivez-moi !

Fous ta cagoule !

Jim Peyton, véritable pionner sur une planète de glace hostile

Jim Peyton, époux modèle de 32 ans et jeune père de famille au look de messie christique, ne rêve que d’une chose : mettre son doux foyer à l’abri du besoin alors que la Terre connaît une crise énergétique sans précédent. Une seule solution pour notre ingénieur de l’extrême : participer au pillage des matières premières de la planète E.D.N.III, fraîchement découverte par la multinationale Nevec. En effet, bien qu’engloutie perpétuellement sous des tempêtes de neige titanesques, l’astre recèle en son sein la fabuleuse Thermo-Energie ou Th’en. C’est bien simple, il en coule des quantités faramineuses dans chaque artère rocheuse de ce corps céleste. Le problème, c’est que cette source d’énergie n’est pas encore exploitable à l’état brut et doit donc être raffinée, impliquant de fait l’envoi d’un groupe de personnes vers Coronis, seule base scientifique implantée sur E.D.N.III, et accessoirement seul endroit où l’on peut trouver des êtres humains.

Vous avez peur d’être seul ? Allons, vous imaginez bien que la faune locale, gavée à la Thermo Energie depuis des générations, compte bien conserver son précieux garde-manger ! Vous allez donc très vite faire la connaissance des Akrids, des monstres insectoïdes gigantesques qui ne veulent qu’une seule chose : vous anéantir. A vous de maintenir en bon état Coronis, récupérer des caisses entières de Th’en en pilotant votre mecha tout terrain, et vous en mettre plein les poches si vous voulez pouvoir rentrer sur Terre d’ici… 2 ans ! Espérons juste que vous serez en bonne compagnie avec les pauvres malheureux qui ont choisi le même job que vous, d’autant qu’il semblerait que vous ne soyez pas les premiers colons à avoir été envoyés dans cet enfer glacé, contrairement à ce qu’a pu vous dire votre employeur.

J’ai trois passions dans la vie : ma femme, ma fille et mon mecha…

Un TPS graphiquement aguicheur, et claustro à souhait!

Lost Planet 3 se présente donc en prologue à la saga, en expliquant la colonisation progressive d’E.D.N.III et l’implication de Nevec dans les incidents qui émaillent l’histoire de la licence. On se retrouve de fait en face d’un TPS ultra classique qui se décompose en plusieurs phases. D’une part, vous arpentez Coronis pour discuter avec vos compagnons d’infortune, nouez des liens, améliorez votre équipement et votre mecha, alias votre outil de travail pour forer et récupérer la Th’en. D’autre part, vous acceptez différentes missions offrant plus ou moins de rémunérations et vous conduisant directement à la surface ou dans les méandres rocheux de la planète. Là, vous avez deux possibilités, l’une étant parfois obligatoire au détriment de l’autre : soit vous vous déplacez avec votre robot, lequel est dépourvu d’armes mais possède néanmoins une foreuse capable de faire pas mal de dégâts aux Akrids, soit vous optez pour une petite marche à pied histoire d’emprunter des passages plus étroits et de pouvoir exploser l’ennemi à distance. Si le pilotage du mecha est vraiment jouissif et immersif grâce à une vue interne maîtrisée, on ne peut pas en dire autant des phases en TPS qui souffrent de soucis de caméra, d’armes trop génériques et d’un héros un peu raide.

Fort heureusement, la mise en scène est soignée et le sentiment de claustrophobie et de solitude assez incroyable. Ainsi, vous allez passer pas mal de temps dans les méandres mêmes d’E.D.N.III, seul, avec pour seul réconfort votre mecha duquel vous pouvez capter de la musique (au choix) histoire de fredonner pour vous rassurer. Un « lien ombilical » a également été instauré, vous permettant d’avoir accès à un radar de proximité tant que vous restez dans un court périmètre autour de votre robot. Plus que jamais, le rapport humain-machine se montre sous son vrai jour au travers de Lost Planet 3.

Même si le jeu n’est pas un monstre de difficulté malgré ses trois modes, il vous réservera quelques petites frayeurs au détour des niveaux, dont le level design peine à se renouveler hélas. Les missions sont longues, harassantes et un brin répétitives en dehors des quêtes annexes, mais l’histoire est passionnante, et le retour au bercail, une fois Coronis rejoint, s’avère toujours aussi jouissif, réconfortant, et bourré de petites choses à découvrir ou de dialogues crus, voire parfois drôles, à entendre. Une vraie réussite que ce travail d’ambiance, surtout si l’on prend la peine de découvrir les notes écrites et audio qui vous immergent un peu plus dans la psyché des protagonistes, tous très différents et… attachants !

…et devine sur qui je compte pour protéger les deux autres !

Le mécha dispose d'un gameplay ultra jouissif

L’ambiance, justement, est également magnifiée par des jeux de lumière saisissants. Voir une ventilation géante se mettre en route et projeter des ombres cauchemardesques sur le bleuté d’une caverne gelée, ça émerveille toujours. Sans parler des tempêtes de neige criantes de rage et de vérité, et des Akrids gargantuesques que vous devrez anéantir à base de QTE et de mécha. Dommage que l’animation ne suive pas toujours et qu’un aliasing s’invite un peu à la fête.

Musicalement parlant, le doublage VF est correct, mais pas exceptionnel. Mention spéciale néanmoins pour les colons scientifiques de Coronis, qui viennent d’un grand nombre de pays différents, et ont des accents assez savoureux (un docteur canadien qui vous insulte, ça vaut son pesant d’or). Les cris des Akrids sont terrifiants, les bruitages du mecha dépotent, et la musique d’ambiance stresse juste comme il faut. Pas de faux pas à ce niveau.

Ma femme ! (on voit que vous ne la connaissez pas…)

Lost Planet 3 est donc un bon Lost Planet, bien meilleur que le deux, moins bon en terme de nervosité de gameplay que le premier (mais pourquoi la thermo-énergie ne sert plus que de monnaie d’échange et non de système de survie chronométré ?!). Cependant, si on le compare aux TPS qui foisonnent sur consoles next gen, le constat est bien plus douloureux. La faute à un héros pataud, des ennemis dont le comportement est ultra scripté, et un déroulement des missions hasardeux. N’espérez pas non plus rentabiliser le multi : 3 VS 3 ou 5 VS 5 basique, hormis un mode coop qui tourne ensuite à l’affrontement entre équipes. N’empêche, le titre de Capcom bénéficie d’un tel travail sur l’ambiance, qu’elle soit visuelle, sonore ou psychologique, qu’il serait dommage de passer à côté. Vous pouvez être rassuré, le cauchemar Lost Planet 2 est bel et bien terminé, place à un prequel-reboot pas exempt de défauts, mais qui redore la saga à bien des égards !

Le vidéo-test

Réalisation: 14/20

Les effets climatiques font froid dans le dos (dans le bon sens du terme) tant ils sont réalistes, les jeux de lumière instaurent sans problème un climat claustrophobique, et le design du mécha et des monstres est à tomber par terre. Par contre, l’aliasing est bien présent, le héros anti-charismatique au possible, et l’animation rame par endroits… impardonnable pour un TPS.

Gameplay/Scénario: 15/20

Si les phases de recherche dans Coronis et les voyages en mecha sont pour le moins jouissifs, le côté purement TPS du soft est vraiment grevé de défauts. Lenteur, bugs, IA scriptée et caméra baladeuse nuisent à la jouabilité. Néanmoins, le travail sur le sentiment de solitude, la liaison ombilicale avec le mecha, et les scènes dantesques offertes par les affrontements avec les mega akrids, même sous forme de QTE, impriment le cerveau du joueur sur le long terme.

Bande-Son: 17/20

La synchro labiale est à la ramasse, c’est un fait, mais le doublage est diablement « humain », les bruitages des akrids sont glauques à souhait, et les sons d’ambiances vont parfois vous glacer le sang.

Durée de vie: 14/20

La campagne solo se boucle en une dizaine d’heures et est un peu trop redondante dans ses missions pour que vous ne lâchiez pas le jeu par endroits. Néanmoins, les quêtes secondaires apportent un petit vent d’air frais, et le mode multi, s’il n’est pas inoubliable, a au moins le mérite de proposer un mode coop à 10 puis deathmatch en 5 VS 5 assez novateur.

Note Globale N-Gamz.com: 15/20

Lost Planet 3 est un très bon Lost Planet, c’est certain. Moins nerveux que le un, plus posé et jouissant d’une campagne solo qui mise avant tout sur un travail d’ambiance réussi, le titre de Spark Unlimited pêche par une technique un peu prise en défaut, un manque d’envergure dans la phase TPS, et un héros pas charismatique pour un sou. Néanmoins, retrouver E.D.N.III et les Akrids dans un climat aussi malsain n’a pas de prix. Les fans peuvent y aller les yeux fermés.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!