Review

Qui ne se souvient pas de… Remember Me? Sans mauvais jeu de mot, le soft des français de DontNod avait défrayé la chronique pour avoir été chapeauté par Capcom et nous avoir livré de nombreux trailers pleins de promesses. Hélas, malgré des qualités indéniables, le titre se révélait un peu trop répétitif et les ambitions du studio se sont légèrement cassées la figure face au dénigrement des joueurs. Il n’empêche, sans Remember Me, pas de Life is Strange, et surtout pas de nouvelles promesses de vivre une aventure hors du commun! DontNod arrivera-t-il enfin à aller jusqu’au bout de son envie ultime: nous conter une histoire qui marque à jamais notre chair de gamer? En tous cas, ça semble bien parti: explications.

Je vois… je vois….

Max a des visions apocalyptiques… en plus d’un don pour voyager dans le temps!

Maxine Caulfield, jeune fille américaine qui vient juste de fêter sa majorité et d’entrer à la prestigieuse Académie Blackwell à Arcadia Bay, section photographie, est apparemment tout à fait « normale ». Un peu timide et effacée, elle connaît bien les lieux pour y avoir vécu toute son enfance, jusqu’à son déménagement pour Seattle il y a cinq ans de cela, délaissant au passage sa meilleure amie, Chloé, coincée dans ce trou côtier paumé qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux villes retirées made in Oncle Sam, Twin Peaks en tête. Un havre de paix… mouais… en tous cas plus pour l’instant puisque notre cher Max va tour à tour se heurter à des visions cauchemardesques d’Arcadia Bay détruite pas un cyclone plus que paranormal, mais aussi à un pouvoir qui va lui être « imposé » par ces dernières, le retour temporel!

Ça tombe bien, à peine consciente de ce qui lui arrive, elle assiste, médusée, au meurtre de sa meilleure amie d’enfance précitée… tuée d’une balle dans le ventre par Nathan Prescott, un fils de milliardaire qui a clairement un souci psychiatrique. Ni une, ni deux, elle se sert de sa capacité à revenir dans le temps pour se rendre compte de deux choses: premièrement, son pouvoir est limité à quelques minutes de « rewind » tout au plus, et deuxièmement… chaque événement dont elle changera le cours aura des répercussions bien plus graves qu’elle ne l’imaginait… même si elle sauve Chloé. Ajoutez à cela une disparition mystérieuse en la personne de Rachel Amber, alias la muse étudiante de tout le lycée et accessoirement maîtresse de votre prof de photographie, ainsi qu’une galerie de personnages borderline et parfois caricaturaux que les amateurs de thriller mélodramatiques américains reconnaîtront au premier coup d’oeil (l’ex G.I. chef de la sécurité de l’établissement scolaire et totalement parano, la peste richissime, le joueur de foot US au cerveau de petit pois, le gars romantique un peu enrobé, le geek de service, la jeune fille adepte de l’abstinence sexuelle jusqu’au mariage, etc…) et vous comprendrez que le background de ce Life is Strange est très riche et crédible, pour on l’espère mieux nous émouvoir dans les épisodes suivants.

Backflip temporel

Le gameplay ressemble à s’y méprendre aux productions Telltale Games, l’aspect voyage temporel en plus

Life is Strange se présente donc comme un jeu dans la pure tradition des softs d’aventure Telltale Games. A ce niveau on peut clairement dire que DontNod a su comprendre ce qui faisait tout le sel d’un The Walking Dead, par exemple, à savoir des personnages auxquels on s’attache forcément, un style graphique reconnaissable entre mille et un gameplay lié à pas mal d’explorations, des énigmes simplistes et surtout une grande notion de choix. Vous allez donc diriger Max en vue de dos dans un environnement où la caméra est libre. A chaque élément intéressant vers lequel interagir (poster/objet/personnage) se joint un trait qui mène vers son nom, puis un phylactère qui vous permet d’opter pour différentes actions (regarder/ouvrir/discuter/prendre une photo, …). Impossible de passer à côté d’un élément essentiel de l’intrigue, de même qu’il sera très difficile, pour peu que vous vous baladiez un peu partout en prenant votre temps, d’oublier une interaction ou une description potentielle d’un objet secondaire. Du coup, il y a beaucoup de choses à lire, de pensées intimes de Max à écouter, et on vous conseille vraiment de le faire, à l’image du journal personnel de la belle qu’aucun script ne vous force à compulser mais qui se révèle être une mine d’infos pour entrer pleinement dans l’ambiance et vivre les prochains épisodes « avec les tripes ».

Si le souci de ce Life is Strange est clairement son manque de rythme, surtout si on le compare aux premiers épisodes des productions Telltale (Walking Dead en tête), avec une absence totale de QTE ou de réponses à donner dans un temps très court, son gros plus vient sans conteste de l’utilisation du retour temporel. En effet, il vous sera en général loisible de revenir en arrière sur quelques minutes de temps par simple pression d’une gâchette, chaque action/discussion ayant un impact principal ou secondaire sur le scénario étant représenté par un point sur un colimaçon temporel affiché en haut à droite. Vous vous arrêtez au moment opportun, vous reprenez votre discussion avec la nouvelle donnée apprise, voire même en conservant sur vous un objet que vous avez dérobé « dans le futur » et vous avancez ainsi dans l’intrigue.

Une galerie de personnages qui nous prend aux tripes en seulement deux heures… il fallait le faire!

Le hic, pour les puristes, c’est que DontNod nous prend vraiment par la main dans ce chapitre premier, n’hésitant pas à nous indiquer par une grosse icône si l’une de nos actions aura des répercussions sur le scénario ultérieur et nous proposant carrément de revenir en arrière pour changer notre point de vue (en général deux options possibles). Bref, on vous indique clairement les situations « à risque » dont découleront les épisodes ultérieurs, car il faut bien avouer que peu de choses se passent en fonction de vos décisions dans cette « intro ». Néanmoins, les mécaniques de jeu, quoique très scriptées pour l’instant avec une Max qui n’hésite pas à vous dire ce qu’il faut faire via des visions en noir et blanc, augurent d’excellentes choses pour l’avenir si DontNod nous laisse plus de liberté.

Life is Strange… ah oui, je me souviens!

En effet, à l’instar de Remember Me et ses teintes orangées, Life is Strange nous offre une esthétique qui marque la rétine, mais pas à grand renforts de lumières bluffantes ou de textures aguicheuses. Ici, tout est dans un effet légèrement cartoon maîtrisé, des personnages reconnaissables entre mille et surtout une vraie identité visuelle que l’on aurait pu prendre, au départ, pour une copie de The Walking Dead mais qui est loin d’en être une au final, l’aspect « gros crayonné » étant remplacé par un trait plus fin. Le tout nous offre une vision presque candide du quotidien estudiantin et fait plaisir à voir, sincèrement.

Techniquement, le jeu offre une modélisation sobre… mais une vraie identité visuelle

De plus, la bande-son nous transporte littéralement. En effet, si elle peut paraître un peu hors sujet au début du jeu, elle nous entraîne littéralement dans un océan de folk nostalgique qui sied à merveille au mal-être de Maxine et nous le fait comprendre bien plus que ses paroles. Le doublage anglais est, de fait, vraiment au point même si on regrettera encore une fois qu’aucune version française ne vienne nous égayer les tympans (exception faite des textes, of course). Niveau bruitages, c’est le calme plat. Pas de faute de goût au moins mais rien de transcendant tant le récit est « posé ».

Une étrange conclusion pour un test?

En effet, il est très dur de donner une note sur un jeu à épisodes, dans le sens où l’on ne voit, avec Life is Strange, qu’un/cinquième d’un titre qui peut s’annoncer grandiose, et que c’est son début! Du coup, le temps de faire connaissance avec tous les persos, de lire toutes les infos disséminées ça et là par les développeurs pour vous coller à la peau cet univers contemporain totalement crédible qu’ils ont créé de toutes pièces, et voilà déjà que l’aventure de cet épisode 1 se termine! Néanmoins, réussir à nous imprimer au coeur des protagonistes rencontrés il y a seulement deux heures et surtout nous donner envie d’en savoir plus grâce à un final rondement mené ne peut que nous conforter dans notre choix: Life is Strange démarre bien, très bien même, pour peu que vous fassiez l’effort de vous plonger corps et âme dans son scénario!

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 15/20

Si sa modélisation 3D laisse à désirer, Life is Strange n’en propose pas moins une vraie identité visuelle reconnaissable entre mille, douce et chaleureuse tout en pouvant se déchaîner dans les moments les plus intenses. On pourra juste regretter une animation un peu raide et une synchronisation labiale sommaire, mais le reste nous immerge complètement dans l’univers contemporain de Maxine Caulfield.

Gameplay/Scénario: 16/20

Alors oui, les détracteurs du genre aventure « point & click »  mis en place par Telltale nous prouveront par A + B qu’il ne s’agit que d’un livre interactif… mais si c’est le cas, le début de ce Life is Strange se trouve dans le haut du pavé en matières de personnages charismatiques (malgré quelques clichés obligatoires) et l’on a envie d’en apprendre plus sur les secrets des habitants de cette trop paisible Arcadia Bay. Niveau gameplay, on regrette le fait que le Rewind temporel soit aussi limité, mais on apprécie les petites aides visuelles des développeurs pour savoir si l’on a accompli une action sujette à conséquence ou non, du moins pour une introduction. On espère simplement que le second épisode nous livre enfin des QTE histoire d’avoir moins de scripts et surtout plus de pression. En attendant, le tout est très prometteur.

Bande-Son: 17/20

L’ambiance folk mélancolique, si elle surprend dans un premier temps après un début de scénario très rock and roll, se fond finalement plutôt bien dans l’univers de Maxine Caulfield et son mal-être permanent. Les doublages anglais sont au top avec des intonations de voix sans faux raccord et des personnages principaux crédibles. Après, certains pinailleront quant à l’absence d’un doublage français, mais ils seront peu nombreux.

Durée de vie: 15/20

Pour ce type de jeu, à savoir le point & click moderne par épisodes, Life is Strange « Chrysalis » est dans la norme, à savoir environ 2h30 à 3h pour le finir une première fois. On regrette le défi photographique qui n’apporte pas plus de 20 minutes de gameplay en plus mais on apprécie le fait de pouvoir recommencer à n’importe quel choix crucial et le fixer sur une autre save. D’excellentes idées qui empêchent toute frustration, et surtout qui permettent d’en apprendre un maximum sur le titre en lisant la pléthore de documents mis à disposition par les devs.

Note Globale N-Gamz.com: 15,5/20

Life is Strange ne nous déçoit pas, c’est un fait. Mieux, il nous surprend agréablement en prenant le temps de poser son scénario et ses personnages qui risquent d’être inoubliables. Tout au plus lui reprochera-t-on un manque de rythme mais il me semble tout  à fait justifié au vu du statut de premier épisode de ce Chrysalis. On prend bien en main les mécaniques de jeu, comme un gros tutoriel, pour atteindre un final qui promet beaucoup pour la suite si DontNod se décide à nous lâcher la main pour nous plonger dans le grand bain de son Arcadia Bay si mystérieusement attirant.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!