Review

Après nous avoir plongé dans un cauchemar artistique rempli de tableaux démoniaques et dans un manoir victorien qui nous hante encore aujourd’hui, le studio Bloober Team revient sur le devant de la scène du jeu d’horreur psychologique avec une suite à son magistral Layers of Fear. Un second opus aussi marquant que le premier du nom ? Venez le découvrir dans ce test mais préparez-vous à enfiler… votre gilet de sauvetage car Layers of Fear 2 vous embarque en pleine mer !

En remettre une bonne couche !

« Perdu au beau milieu d’un sombre navire et… de votre esprit! »

Il y a quatre ans, un studio indé débarquait avec un soft sombre et marquant pour les joueurs, un walk simulator horrifique nous plaçant aux commandes d’un peintre déchu devant affronter son passé et ses choix: Layers of Fear. Bien plus que de l’horreur assaisonnée à grands coups de screamers, le titre nous emmenait dans les méandres de l’esprit humain par le biais d’une narration toujours suggérée, jusqu’à un final mémorable. Par la suite, Bloober Team a développé Observer, un soft reprenant les mêmes principes, mais dans un univers dystopique glaçant. Et aujourd’hui les revoilà avec une suite à leur premier chef d’oeuvre! Mais cette fois, au revoir les pinceaux et… dites bonjour à la caméra !

En effet, Layers of Fear 2 vous propose d’incarner un acteur qui émerge dans ce qui semble être un navire transatlantique de la grande époque du début XXème. Dans vos oreilles résonne une une voix sortie de nulle part, laquelle vous ordonne de vous lever afin de filer rapidoss interpréter le rôle pour lequel vous avez été embauché. Au fil des actes, vous comprendrez rapidement que tout va tourner autour de l’acting et de la façon dont l’esprit peut se perdre au travers de ce dernier. L’ambiance est posée, on va donc pouvoir avancer !

Moteur… Action… Frisson?

« Des séquences de course-poursuites bancales »

Les premiers niveaux de Layers of Fear 2 nous plongent dans un univers assez ouvert pouvant rappeler les coursives et l’ambiance des grands paquebots de croisières. Cependant, malgré le faste et le luxe, la solitude est pesante. La pression s’installe progressivement au fil de votre avancée. Le vaisseau prend la flotte, ça commence à pourrir, et des souvenirs de votre manoir délabré pointent le bout de leur nez. Bref, ça sent le bonheur ! Ensuite, le soft prend une direction complètement différente, enchaînant des hallucinations dans un monde carrément plus dirigiste, voire carrément « couloir ». Ajoutons à cette frustration la possibilité de mourir lors de scènes de courses poursuites pas toujours flippantes, et autant dire que cela casse totalement la dynamique dans laquelle le joueur aurait du se trouver pour un titre du genre.

Il est donc plus complexe d’atteindre le même état de malaise, mêlé à un sentiment de curiosité profond, qui nous poussait à toujours sortir de notre atelier d’art dans le premier opus. Ici, on suit le chemin que les développeurs veulent que l’on emprunte, dans une ambiance certes oppressante mais tellement en dent de scie qu’elle finit par perdre son intensité. Le gameplay, cependant, reste agréable et très fluide. Le titre nous donne l’impression que le studio a tenté un croisement entre l’atmosphère de Layers of Fear et les mécaniques tortueuses d’Observer. Hélas, le mélange ne prend que difficilement.

Un sacré navire ! 

« Un design artistique réussi mais pas aussi malaisant que le premier »

Le soft profite d’une réalisation léchée, plus travaillée et lumineuse que ne l’était celle de son prédécesseur. Les décors sont, pour certains, magnifique (notamment dans les premiers actes) et on apprécie les nombreuses références au 7ème art qui y sont distillés avec sagesse. On oublie d’ailleurs rapidement la notion d’être sur un navire, avant que cela ne soit ramené à notre esprit de façon intelligente par le biais de changement de pièces et d’ambiance. Bref, le travail visuel sur l’univers du soft est clairement un des points forts de Layers of Fear 2, et des productions Bloober Team en général.

La bande-son, bien que marquante sur le coup, ne laisse pas de traces sur le long terme. Elle participe totalement à l’immersion, certes, mais n’est pas des plus mémorables. La voix qui nous interpelle constamment en anglais n’est que partiellement convaincante et le boucan que font les ennemis qui nous poursuivent lorsqu’ils nous attrapent n’est vraiment pas flippant mais juste agaçant. Un poil en retrait face à la réalisation esthétique du jeu donc.

Toujours compliqué d’être le petit dernier ?

Le nouveau bébé de Bloober Team, en lui-même, est bon dans son genre, c’est sûr: ambiance lourde et oppressante, réalisation ultra soignée, respect des codes horrifiques, tout y est pour nous faire passer de bonnes heures d’angoisse. Cependant, il ne fallait pas faire de ce jeu la suite du grand et marquant Layers of Fear, celui qui avait réussi à amener de la beauté dans la noirceur et qui, malgré un malaise permanent, nous donnait toujours envie de plonger un peu plus dans son univers où la folie régnait en maître. Ce deuxième volet ne parvient en effet pas à nous toucher de la même façon, tant la tension est fluctuante, notamment à cause de certaines dynamiques qui viennent couper l’immersion malgré une horreur psychologique bien présente!

La bande-annonce

Réalisation: 17/20

La promenade graphique est séduisante, on apprécie visuellement les niveaux que l’on parcourt, notamment grâce à un design artistique très réussi et d’effets de lumière aptes à vous coller une jolie pétoche. De plus, le niveau de détails offre une belle immersion dans les premiers actes.

Gameplay/Scénario: 13/20

Là où le premier Layers of Fear faisait par son scénario suggéré et son fil conducteur ultra bien mené, ce second opus va trop loin dans la suggestion, à tel point que si le joueur ne va pas chercher les différents indices et éléments du récit cachés sous forme de notes, d’échos ou de flashs, et bien il passe bêtement à côté de tout ce que les devs avaient en tête. Le gameplay, quant à lui, est facile à prendre en main et les énigmes jamais bien méchantes mais il n’était peut-être pas judicieux d’incorporer la possibilité de mourir, laquelle casse par moment la dynamique. De même, le pari d’un level design ultra dirigiste sur la seconde moitié du soft, qui s’amuse à couper nos phases ultra immersives par des cessions de course-poursuites bancales, n’était clairement pas une bonne idée.

Bande-Son: 13/20

Bien que proprette et toujours de bon ton, elle ne s’inscrit pas comme une ambiance sonore mémorable.

Durée de vie: 12/20

Il faudra compter entre 5 et 7h pour venir à bout du soft si vous souhaitez vous promener, et forcément beaucoup moins si vous désirez tracer votre route sans profiter de la vue offerte par les scènes proposées par le soft. Contrairement à Layers of Fear qui profitait d’une expérience relativement différente selon les chemins empruntés, ici la replay value n’est pas un point fort.

Note Globale N-Gamz.com: 14/20

Bloober Team nous prouve une fois de plus que l’horreur psychologique est son dada de compét’ et qu’il maîtrise les codes du genre. Layers of Fear 2 propose en effet une aventure sombre et parfois malsaine, au fil d’une scénarisation malheureusement trop distillée. Bien qu’étant un très bon soft à part entière, le nommer comme son prédécesseur, qui a réellement marqué les esprits, n’était peut-être pas des plus judicieux. Il est dommage d’avoir perdu cette redondance de cheminement qui collait au concept. De fait, là où le premier sera certainement encore cité comme une référence dans une dizaine d’années, nous doutons qu’il en sera de même pour ce second opus. L’expérience est à vivre, certes, elle est plaisante et fait son effet mais ne partez pas en pensant vivre l’ascenseur émotionnel de Layers of Fear premier du nom. 



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LadyDisturbed
Jeune sœur de bataille, dévoreuse de romans à la vitesse de la lumière et fanatique de jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance... voilà ce qui pourrait résumer de façon rapide votre petite rédactrice. Les mangas ne me font pas peur, la couture et le cosplay sont mon lot quotidien, l'écriture de fan fiction m'occupe et je rêve et vis dans un monde fait de fantasy et de science-fiction où les princesses Disney ont leur place. Éclectique, je suis ouverte à tous types de jeux, allant du RPG au FPS en passant par le Visual Novel, les MMO ou encore les jeux de stratégie, tout en voguant dans les eaux troubles des jeux indépendants que je me plais à vous faire découvrir. Je ferai tout ce qui est possible pour être juste dans mes jugements, et puisse le sort vous être favorable !