Review

En 2012, Capcom nous mettait une claque magistrale en pleine figure en s’attaquant à un genre qu’il n’avait que peu exploré jusque-là: l’Action-RPG « occidental ». Avec son Open World riche et vaste, sa quête épique à souhait, son système de « pion » bien pensé et son moteur 3D qui en jetait pour l’époque malgré un framerate souffreteux, Dragon’s Dogma avait connu un énorme succès commercial et critique sur PS3 et Xbox 360, suivi par une extension hardcore: Dark Arisen. Histoire de rentabiliser un peu plus son soft surprise, l’éditeur a donc forcément mis en chantier un portage sur la petite dernière de Nintendo, la Switch. De quoi replonger à nouveau dans les terres de Gransys même après avoir succombé aux charmes de The Witcher 3? Oui! Et on vous explique pourquoi dans notre test complet!

Cœur de…Dragon

Le flashback de départ vous fait combattre une énorme chimère!

Dragon’s Dogma démarre par un flashback qui vous met tout de suite dans l’ambiance. Vous êtes l’Insurgé, un fier guerrier accompagné de quelques hommes de main, dont le but est de terrasser le maléfique dragon qui hante une sombre caverne. Ambiance à la Seigneur des Anneaux, personnages réalistes, musique symphonique, tout est mis en œuvre pour que vous ayez l’impression de vivre un moment d’anthologie. Passée une confrontation avec une chimère, le soft vous transporte cette fois dans le présent pour y vivre le quotidien de votre avatar, créé de toute pièce grâce à un menu ultra complet et intuitif. Jeune paysan dans une petite bourgade médiévale tranquille, vous menez une vie paisible jusqu’au réveil d’un énorme…dragon (sans rire, ils se sont donnés le mot) qui n’a rien trouvé de mieux que de mettre votre village à feu et à sang.

Ni une, ni deux, vous vous élancez pour protéger vos proches, et parvenez sans vraiment comprendre comment à attirer l’attention du lézard ailé, qui semble voir quelque chose en vous. Mal vous en a pris : ce dernier vous cloue au sol et vous arrache le cœur en psalmodiant une incantation antique. Fin du jeu? Que nenni, car quelques heures plus tard vous vous réveillez frais comme un gardon… et sans cœur! Une mystérieuse voix résonne alors dans votre tête : celle de votre bourreau. « Si tu veux retrouver ce qui est tien, tu devras me terrasser ». Vous êtes à présent un Insurgé et allez devoir en apprendre plus sur votre destinée qui, on s’en doute, est loin d’être une sinécure. Mais être l’Elu n’a pas que des désavantages, croyez-moi !

Un système de compagnons original ? J’achète !

Choisir les bons pions sera primordial pour venir à bout des monstres titanesques

En effet, bien que votre nouveau statut vous empêche désormais d’approcher toute surface aqueuse un peu trop profonde (oubliez le crawl ou le papillon, ce n’est décidément pas pour vous), il n’en force pas moins le respect de vos pairs et vous promet à une grande aventure pleine de rencontres, de quêtes et de dangers. De fait, vous sentez très vite qu’entreprendre pareil voyage seul est voué à l’échec, et c’est là que Capcom a une idée de génie : les Pions. Oubliez les camarades de route stéréotypés imposés par les RPG: le grand guerrier bourru, la frêle voleuse ou le vieux magicien. Ici, vous avez d’office un compagnon attitré que vous créez en début de partie avec le même éditeur que celui qui vous a servi à vous confectionner un corps et un visage. Véritable frère ou sœur d’arme qui ne vous quittera jamais, votre Pion évolue en même temps que vous, peut être équipé d’armes, d’objets et autres armures, mais agit de sa propre volonté. Il peut, tout comme vous, choisir une des trois classes de bases : guerrier, mage ou rôdeur, avant de se spécialiser, mais nous y reviendrons.

Certes, maintenant que vous êtes deux, les choses se facilitent un peu, mais le concept de Capcom est que vous pouvez former un groupe de quatre : vous, votre Pion personnel et… deux autres. D’où viennent-ils? Et bien des autres joueurs de Dragon’s Dogma, car chaque Pion personnel, en plus d’être toujours à vos côtés, se balade également librement dans un monde parallèle où tout un chacun peut venir lui demander ses services. A vous donc de faire votre choix parmi les milliers de Pions d’autres gamers, en fonction de vos besoins en classe, niveau, charisme et capacité. Attention toutefois: une fois choisi, ce Pion ne gagne pas de niveau en jouant pour vous, et il faudra donc régulièrement en changer pour ne pas se retrouver avec une équipe LVL 5 contre un orc de niveau 20.

Comme dit plus haut, les Pions agissent de leur propre volonté, mais vous pouvez néanmoins leur donner trois ordres simples via la croix directionnelle : suivez-moi, attaquez et aidez-moi! L’I.A. est excellente, vos compagnons parlent sur le champ de bataille ou dans les villes et donnent presque l’impression d’avoir affaire à des joueurs humains. Une réussite pour l’immersion. De plus, si un Pion a déjà effectué une quête que vous entamez, via un prêt à un autre joueur, il vous guidera et reconnaîtra les points faibles des ennemis qu’il a déjà combattu. Une bonne raison de rendre VOTRE Pion aussi attirant que possible pour les gamers car plus il participera à d’autres aventures, plus il sera efficace à vos côtés. Sincèrement, cette idée donne une dimension unique au soft, d’autant que l’on peut  noter via un système assez complet chaque compagnon qui a traversé notre destinée, de même que lui donner un cadeau à destination de son vrai propriétaire. Un régal!

Un gameplay qui a la pêche !

Un gameplay nerveux qui rend certaines classes, comme l’archer, ultra jouissive!

Passé ce système de Pion, on se rend compte que Dragon’s Dogma fait dans le RPG occidental à la troisième personne ultra complet, avec points de compétences à répartir pour acquérir différentes aptitudes actives ou passives, classes dans lesquelles on peut se spécialiser, inventaire détaillé qui permet de récolter des flacons, des objets rares, des pièces d’équipement mais aussi des  minerais, des herbes, de la fourrure, des os, etc… le tout étant vendable, combinable ou encore servant à améliorer ses armes et armures au forgeron du coin. Attention à la surcharge car chaque objet à un poids donné et votre avatar… une limite à ce qu’il peut porter! Heureusement qu’un coffre sans fond est présent dans chaque auberge pour vous délester. Un côté Monster Hunter très plaisant, avec pas mal de cueillette, de coup de pioches et de fouilles de carcasses qui ne lasse jamais tant les étendues à explorer sont vastes et non linéaires. La découverte d’un bon filon d’or, d’un étang rempli de truites ou encore d’un arbre à champignon, est toujours une petite joie vu que le prix des objets neufs peut s’avérer rédhibitoire. Rien de tel que l’artisanat, je vous le dis !

Le système de quête est, quant à lui, assez classique avec des NPC ou des tableaux d’affichage qui recensent les différentes missions que vous pouvez accomplir. Très variées, elles vous tiendront en haleine de longues heures. Attention: certaines sont parfois hors niveau et vous devrez bien souvent rebrousser chemin car la seule façon de jauger de la puissance d’un ennemi, c’est de le combattre… et de fuir si ça tourne mal. L’aspect non linéaire du soft est ici magnifié, avec un accès quasi immédiat à l’entièreté de la map, mais des restrictions posées naturellement par les monstres environnants et leur puissance. Cependant, pour peu que vous jouissiez d’un don naturel pour la discrétion, vous pourrez déjà explorer certaines contrées clairement inhospitalières dès le début de l’aventure, et dégoter des objets d’une force incommensurable pour votre bas niveau. A vous de voir quel type de joueur vous êtes. Attention cependant : seule une sauvegarde est disponible, et bien que vous puissiez enregistrer votre partie à tout moment, elle peut s’écraser automatiquement quand le soft le décide (la joie des auto-save), sans possibilité de retour. Frustrant par moment, mais on s’y fait.

Switcher facilement entre ses capacités ne sera pas de trop face à ce golem!

Enfin, le gameplay s’oriente clairement vers l’action avec une touche associée aux coups faibles, une aux coups forts, une pour le saut et une pression sur R1 ou L1 pour passer en capacités offensives ou défensives (trois par personnages). Les combats sont dynamiques, les frappes pleuvent, et même manier un archer se révélera jouissif, chose assez rare pour être signalée. D’autant que votre personnage peut maîtriser deux types d’armes via un switch, et qu’il a la possibilité d’agripper un peu tout et n’importe quoi pour se la jouer Shadow of The Colossus. Dommage néanmoins que dans le feu de l’action la caméra soit mal gérée et qu’on perde fréquemment l’ennemi de vue. Un lock aurait été le bienvenu et nous aurait évité de recentrer la vue en permanence. Enfin, une jauge d’endurance vous rappellera sans cesse qu’utiliser vos capacités à brûle-pourpoint mène à l’épuisement. A vous de ménager vos efforts en variant les assauts. De plus, votre vie diminue à chaque impact reçu, mais les sorts de soins ne la restaurent jamais complètement, de sorte que si vous vous faites trop toucher, seul un passage chez l’aubergiste du coin ou une potion spéciale vous permettront de retrouver votre maximum.

Un framerate bien plus stable

Parlons à présent de l’aspect graphique du soft. Avec ses étendues verdoyantes, ses plaines où paissent tranquillement les biches, ses montagnes escarpées ou ses forêts hantées, Dragon’s Dogma vend du rêve aux amoureux des récits de Tolkien. La distance d’affichage est excellente malgré des pops d’éléments par endroits et la liberté qu’offre cet environnement est bluffante. Vous voyez une crique ou un pic acéré au loin? Vous pouvez y aller! La superficie couverte par le soft impose le respect, c’est un fait. On pourrait se dire que, comme pour les versions PS3 et Xbox 360, proposer un univers aussi vaste sur Nintendo Switch a un prix, à savoir de grosses chutes de framerate mais… il n’en est rien! Capcom a brillamment réussi son portage et la fluidité est de mise en règle générale, que ce soit en dock ou en mode portable. Ce dernier impressionne d’ailleurs par la qualité de sa réalisation même si on sent bien que la résolution s’adapte en fonction de la situation pour éviter les ralentissements.

Un jeu qui va vous embarquer dans une aventure épique

Niveau sonore, le jeu n’est pas en reste avec des compositions musicales musclées lors des combats, une intro chantée d’une voix douce et éthérée, et des Pions qui émettent leur avis, parlent ou hurlent parfois en plein combat pour renforcer l’immersion. On s’y croirait. Petit bémol, le titre est en anglais sous-titré français, et lire les commentaires de chacun de vos compagnons d’arme en pleine mêlée n’est pas de tout repos. Quoiqu’il en soit, les musiques vous resteront en tête et contribuent clairement à créer un dépaysement de chaque instant.

« LE » rpg du moment sur Switch!

Vous vous sentiez un peu seul depuis que vous avez fini Skyrim? Capcom a pensé à vous en vous offrant une aventure riche, quoique différente du titre de Bethesda. Il y a tant à dire sur Dragon’s Dogma! Je vais devoir clore ce test et je me rends compte que je ne vous ai même pas parlé de la possibilité de prendre des photos ingame et de les diffuser via le net pour promouvoir son Pion, des cadeaux à donner aux NPC pour obtenir un rabais ou une info, mais aussi des nombreux DLC qui rallongent la durée de vie (dont le fameux « Dark Arisen » qui vous emmène sur une île bien hardcore), de l’histoire bien plus complexe qu’il n’y paraît (attendez d’arriver à la fin et vous verrez!), et de tant d’autres choses! Dragon’s Dogma est l’un de ces jeux qui vous embarque dans une quête épique pour ne plus vous lâcher. Long, exigeant mais réellement addictif pour qui s’y investit un minimum, le RPG de Capcom comble toutes les attentes et va vous emmener loin, très loin dans l’héroic fantasy… et pour moins de 30€!

La Bande-Annonce

Réalisation: 17,5/20

Exit l’aliasing, le tearing et les chutes de framerate de la Old Gen, ce Dragon’s Dogma sur Nintendo Switch propose un joli 1080p en mode dock et une résolution adaptative en portable qui nous offre du coup une animation bien plus fluide que son modèle PS3/Xbox 360. Avec l’excellente profondeur de champ, les décors qui poussent à la rêverie et le design général qui ne trahit jamais ses influences occidentales, vous ne pourrez que vous laisser visuellement porter par l’aventure imaginée par Capcom.

Gameplay/Scénario: 16/20

Si on apprécie toujours autant le système de craft ultra complet, les combats nerveux et sans temps morts, le système de Pions original au possible et une intrigue qui prend de plus en plus d’ampleur au fil des heures, il faut bien avouer que depuis… et bien The Witcher 3 est passé par là! Du coup, on pestera un peu plus contre cette caméra virevoltante qui flingue certains affrontements ou face à cet inventaire loin d’être optimal. Des efforts auraient vraiment pu être faits à ce niveau.

Bande-Son: 18,5/20

Les compositions symphoniques légèrement réorchestrées pour l’occasion font dans le récit épique façon Seigneur des Anneaux, les bruitages claquent comme il faut et les voix de vos Pions ont un accent délicieusement british qui plaît à l’oreille (même si on aurait adoré une Full VF). Aucune fausse note et un réel voyage auditif, magnifié par les bruits environnementaux tels que le vent qui souffle, le bruissement des feuilles ou tout simplement les gouttes d’eau qui tombent de stalactites dans des grottes lugubres… Fermez les yeux, bienvenue à Gransys!

Durée de vie: 19/20

Vous n’êtes pas près de voir le bout du jeu pour peu que vous vous intéressiez aux nombreuses quêtes annexes du soft, d’autant que Capcom en a rajouté pas mal durant toute l’existence du titre via des packs DLC gratuits. Ajoutez à cela l’extension Dark Arisen pour les persos de haut niveau et son donjon aussi vaste que retors, et vous aurez compris que pour moins de 30 Euros le jeu, vous ne devez pas passer à côté de ce monument de l’Action-RPG made in Old Gen!

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

Si Dragon’s Dogma était bel et bien le grand RPG annoncé par Capcom à sa sortie, nous offrant une aventure riche, belle et complexe, pour un jeu de rôle solo à la troisième personne qui se différenciait de la concurrence grâce à un système de compagnons à échanger tout simplement jubilatoire, il a un peu perdu de sa superbe aujourd’hui étant donné les ténors du genre qui ont repris le flambeau (The Witcher III en tête). Il n’empêche qu’avec cette version Nintendo Switch techniquement maîtrisée et portable, un DLC complet inclus et pour moins de 30 Euros, on voit mal comment vous pourriez ne pas craquer pour ce Dragon’s Dogma Dark Arisen qui vous promet des heures et des heures de plaisir dans une ambiance dark fantasy unique!



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!