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Le Trône de Fer : une saga fleuve de dark fantasy imaginée par le génial Georges R.R. Martin. Auréolée d’une adaptation télévisée de haute volée réalisée par HBO, l’histoire du Royaume des 7 Couronnes a acquis ses lettres de noblesse auprès de fans de plus en plus nombreux. Les petits gars de chez Cyanide font partie de ceux-ci et ont décidé de nous offrir un RPG qui approfondit encore un peu plus l’univers médiéval des romans. Alors, bonne pioche ou adaptation maladroite ?

Un récit original…

L'histoire de Game of Thrones verse clairement dans le ténébreux

Le Royaume des 7 Couronnes, sur le Continent de Westeros, a vécu de sombres heures. Dirigé autrefois par le tyrannique empereur Targaryen, il n’a du son salut qu’à la révolution menée par Robert Barathéon, chef de la maison éponyme, qui a pris le pouvoir il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, le calme est revenu et le royaume tente de prospérer…mais deux menaces se dévoilent peu à peu : la maison Targaryen n’a pas été totalement détruite, et Daenerys, la fille de l’empereur déchu, compte bien reprendre ce qui lui revient de droit avec l’aide de Dragons dont tout le monde pensait qu’ils avaient disparu. Mais ce n’est pas tout : au Nord de Westeros,la Gardede Nuit veille sur un mur de glace millénaire, seul rempart entre le royaume et des êtres énigmatiques que l’on surnomme « Les Autres » et qui ont failli détruire toute vie il y a de cela 8000 ans. Et si « Les Autres », n’étaient pas qu’une simple légende ?…

Sur base de cet univers aussi riche, Cyanide avait la possibilité de nous pondre une adaptation pure et dure des romans, en suivant à la ligne le déroulement du récit. C’était mal connaître ces développeurs passionnés, puisqu’ils ont décidé de nous offrir une histoire totalement inédite, en collaboration avec l’auteur original, et qui s’inscrit parfaitement dans la saga fleuve de ce dernier. Une excellente initiative, qui va permettre aux fans d’en apprendre encore plus sur Westeros tout en rencontrant des personnages emblématiques des livres, modélisés d’après leur avatar télévisuel. Un beau cadeau, tout simplement.

Alester Sarwick est l'un des deux héros charismatiques de cette aventure

Le récit vous amène donc à suivre les destins croisés de deux hommes radicalement différents. D’un côté, il y a Mors Westford, fier guerrier qui a trahi son Seigneur pour permettre la révolution de Barathéon, et qui a depuis du « prendre le noir », autrement dit accepter de faire partie dela Gardede Nuit, le corps armé chargé de veiller sur le Mur dans les Terres Glaciales au Nord du continent, à Château Noir. Véritable machine de guerre, Mors est accompagné de son fidèle chien et ne fait clairement pas dans la dentelle. De l’autre côté, on trouve Alester Sarwick, fils aîné de la maison éponyme, qui revient dans sa ville natale de Puysaigues pour le décès de son père, le maire. Calme, intelligent et charismatique, Alester a fui son foyer il y a 15 ans et son retour est mal perçu par nombre de ses pairs, d’autant qu’il a embrassé la religion de R’Hllor, un Dieu des flammes qui est considéré comme hérétique au sein du Royaume. Tandis que Mors devra veiller sur une jeune femme au sombre destin dont la vie est menacée, Alester tentera coûte que coûte de récupérer Puysaigues par le jeu des intrigues politiques. Et vous me croirez ou non, mais bien que très différentes, leurs histoires vont irrémédiablement s’entremêler.

…pour deux approches différentes

Oubliez la création physique de A à Z de votre avatar, ici les héros sont imposés et ce n’est pas plus mal car Mors et Alester ont un réel charisme, l’un tout en brutalité, l’autre tout en finesse

Le jeu se présente donc sous la forme d’un RPG occidental typé Dragon Age : vue à la troisième personne, combat à base de commandes à entrer avec possibilité d’en mémoriser trois à la suite, roue des pouvoirs et objets à récolter, armes et armures aux capacités différentes, rien ne manque. Oubliez la création physique de A à Z de votre avatar, ici les héros sont imposés et ce n’est pas plus mal car Mors et Alester ont un réel charisme, l’un tout en brutalité, l’autre tout en finesse. La personnalisation passe par des points de capacité, à dépenser pour augmenter vos statistiques de force, endurance, chance, agilité et intelligence, et par l’apprentissage de capacités actives ou passives via un arbre de compétence propre à chacune des trois classes que vous pourrez choisir et qui respectent la mythologie du Trône de Fer, à savoir une Dark Fantasy réaliste. Oubliez les invocations de murs de glace, les jets de boules de feu ou autres, nous sommes ici en présence de geste d’escrime, de fioles de poisons à lancer au visage et d’huile incendiaire à enduire sur l’épée, et ce n’est pas un mal car ça renforce l’immersion.

Vous passerez de Mors à Alester entre chaque chapitre

Chaque chapitre est dédié soit à Mors, soit à Alester, et se joue radicalement différemment. Si avec Mors vous irez énormément au contact façon tank et aurez le loisir d’insulter vos adversaires avec un langage cru (« Va chier dans tes doigts, Corbac ! », une réplique juste mythique^^), Alester préfèrera le dialogue mais pourra user de flammes pour brûler l’ennemi et s’adonnera en général plus facilement au combat à distance ou au moyen de deux armes aiguisées. Chaque récit est captivant et respecte fidèlement les romans et la série, offrant deux points de vue sur la situation vécue en Westeros. Bien entendu, durant la première moitié du jeu, le fait de sauter d’un personnage à l’autre à tendance à casser l’intensité dramatique, mais une fois que les histoires se croisent, le titre prend une tournure épique très intéressante.

Un rythme des combats un peu perturbé

Pas de farming en vue, les combats sont tout sauf aléatoires et le ratio discussion/baston est de l’ordre de 75/25 %. Oui, on cause énormément dans Game of Thrones

Au niveau gameplay, le soft vous propose quelques quêtes annexes mais elles sont réellement anecdotiques et ne vous serviront qu’à gagner un peu d’expérience ou d’argent. Pas de farming en vue, les combats sont tout sauf aléatoires et le ratio discussion/baston est de l’ordre de 75/25 %. Oui, on cause énormément dans Game of Thrones, et cela devrait combler les fans de l’œuvre qui cherchent à approfondir leurs connaissances. De même, un imposant codex recense tout ce qu’il y a à savoir sur les personnes que vous rencontrez, les ennemis que vous combattez et les régions que vous visitez. De quoi s’imprégner encore un peu plus de l’univers de Georges R.R. Martin. De plus, si vous ne connaissez pas l’œuvre, ce sympathique ouvrage va vous permettre de vous sentir à l’aise et même d’avoir envie d’acheter les romans, c’est dire. Au niveau de l’exploration pure, signalons que celle-ci est entachée par une mini-carte peu lisible, mais la linéarité des niveaux compense sans le vouloir ce souci. Enfin, les conversations peuvent être orientées via des choix de réponse tendant soit vers la violence, soit une approche plus pacifiste. Néanmoins, cela n’influe pas sur votre personnage comme un alignement dans un Mass Effect, par exemple.

Les combats sont dynamiques mais leur rythme est cassé par l'absence de paramétrage d'IA

Les combats, eux, sont assez dynamiques avec des coups biens rendus, un système de commande à introduire qui permet d’enregistrer trois actions et la possibilité de faire appel à une roue des pouvoirs qui ralentit le temps (mais ne l’arrête pas). Hélas, votre groupe ne comptera toujours que deux autres membres maximum, imposés, ce qui enlève quelques possibilités tactiques. De plus, l’interdiction de paramétrer l’IA de ses compagnons vous oblige à sans cesse switcher de l’un à l’autre, cassant quelque peu le rythme des joutes. Néanmoins, ces dernières s’avèrent assez ardues pour tenir en haleine les amateurs de stratégies, même si au final vous passerez peu de temps à combattre. Signalons enfin la possibilité offerte à Mors de contrôler son fidèle chien, Zoman, ce qui lui permettra d’égorger en toute furtivité les quidams façon Metal Gear, ou encore de remonter des pistes odorantes pour dégotter des bonus. Ces phases sont très rafraichissantes et contribuent à varier le gameplay de façon intelligente.

Graphiquement perfectible

Langage cru, allusions sexuelles, violence physique, l'univers du Trône de Fer est totalement mâture et jouissif!

On a pu lire, de-ci de-là sur le net, certaines critiques virulentes sur l’aspect technique du soft. Alors oui, force est de constater qu’après plusieurs dizaines d’heures passées aux côtés de Mors et Alester, le résultat graphique aurait pu être plus à l’avenant. Certaines textures sont grossières, quelques personnages sont parfois taillés à la serpe et l’animation des protagonistes est un peu rigide, mais en contrepartie l’affichage ne souffre d’aucun ralentissement et certains décors ont une véritable patte graphique. De plus, l’ambiance sonore du soft contribue grandement à relever le niveau et à vous immerger dans l’univers sombre du Trône de Fer.

Il est vrai qu’en terme de musique, les compositions sont totalement dans le ton de l’aventure, avec quelques accents épiques et des relents noirs, notamment en jouant Mors. Sans parler du générique d’introduction directement repris de la série d’HBO ! Les bruitages ne sont pas en reste : le bruit des armes s’entrechoquant entre elles ou la morsure froide du vent du Nord sont plus que réalistes. Mais c’est plus que jamais au niveau du doublage que le titre de Cyanide marque des points, avec des voix françaises justes, pas caricaturales, et surtout un langage « cru » qui sied à merveille au côté mâture de l’histoire. Oui, il y a des injures dans Game of Thrones ! Oui, il y a des connotations sexuelles pas du tout dissimulées ! Et oui, c’est absolument jouissif d’avoir un soft qui arbore enfin ce type de bannière, en total respect avec le climat de violence physique et verbale propre à l’œuvre de Georges R.R. Martin. Du tout bon, à ne pas mettre entre toutes oreilles.

Indispensable, mais pour qui ?

Une très bonne adaptation dotée d’un scénario original, ça n’est pas courant alors autant ne pas bouder son plaisir !

C’est un fait, Game of Thrones ne plaira pas à tout le monde. Son ratio combat/dialogues et son univers le destine avant tout aux fans de la saga littéraire et de la série télévisée, qui trouveront dans le titre un excellent moyen de parfaire leur connaissance de Westeros et de découvrir une nouvelle aventure haute en couleur. Les joueurs chevronnés adeptes de RPG occidental risquent par contre de rester sur leur faim à cause d’un aspect volontairement linéaire propre au soft. Par contre, les néophytes en matière de jeu de rôle qui ne connaîtraient pas nécessairement le Trône de Fer peuvent se jeter dessus sans soucis, le soft constituant pour eux une excellente initiation à ce type de jeu, et surtout à l’univers des Sept Couronnes. Bref, à vous de voir dans quel public vous vous situez !

Le vidéo-test

Réalisation: 13/20

Textures parfois grossières, personnages rigides et aspect de voile brumeux sur les couleurs (sur 360), le titre possède quelques tares techniques mais propose en contrepartie une animation sans faille et un chara design des deux personnages principaux très sympathiques, de mêmes que certains décors très immersifs.

Gameplay/Scénario: 16/20

Le soft est très linéaire et le ratio 75% dialogue 25% combat risque de rebuter certains joueurs avides d’action. Le système de rixe fait dans le classique réaliste avec un ou deux compagnons imposés et le désormais célèbre menu radial. Dommage que les joutes doivent systématiquement être interrompues par l’appel à ce fameux menu, la faute à l’impossibilité de paramétrer l’IA de ses acolytes. Question scénario : Game of Thrones est une réussite avec deux histoires qui s’imbriquent parfaitement dans la trame principale des romans et de belles révélations à prévoir !

Bande-Son: 16/20

Bruitages judicieusement choisis, musiques inspirées de la série télé qui immergent totalement le joueur dans une ambiance dark fantasy, et surtout doublages français toujours justes et langage crû, il n’y a pas à dire, Game of Thrones fait plaisir à entendre !

Durée de vie: 14/20

Le jeu est dans la moyenne en termes de durée de vie pour la quête principale, avec une petite trentaine d’heure. Pas de rejouabilité en vue, ni de quêtes annexes à foison, hélas.

Note Globale N-Gamz.com: 15/20 pour les fans de l’oeuvre ou les néophytes en RPG)
Note Globale N-Gamz.com: 13/20 pour les autres

Deux notes pour deux publics radicalement différents. Si les RPG addicts nourris aux Skyrim et autres Dragon Age risquent de trouver Game of Thrones assez limité, les amoureux des romans et de la saga dont il est tiré seront aux anges face à une histoire intéressante, complexe et immersive. A ce niveau, on peut affirmer que Cyanide a réussi son pari en respectant en tous points l’œuvre originelle pour y apporter des éléments nouveaux propres à combler les fans. Une très bonne adaptation dotée d’un scénario original, ça n’est pas courant alors autant ne pas bouder son plaisir !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!