Review

Héros littéraire créé en 1972 par David Morrell puis brillamment adapté au cinéma 10 ans plus tard dans First Blood, John Rambo a d’abord commencé en tant que vétéran américain de la Guerre du Vietnam, de retour au pays, alors qu’il est en proie à un énorme syndrome post-traumatique. Le premier film nous le dépeignait alors avec émotion comme un homme brisé, en proie à d’indicibles démons intérieurs, mais les suites sur grand écran ont malheureusement transformé notre soldat en véritable machine de guerre hollywoodienne. Du coup, quand on a appris qu’un cinquième et ultime volet, baptisé Last Blood, allait tenter de nous montrer à nouveau l’humanité derrière le gars surarmé et surentraîné, notre curiosité a été piquée au vif. Alors, ces adieux à Rambo valent-il le détour? Oh que oui… même si les fans de « l’Action-Man » qu’était devenu le personnage au fil des longs métrages risquent de hurler au scandale!

« Le baroud d’honneur d’un homme brisé! »

Onze ans après la fin du dernier film, John Rambo est usé, fatigué par tous les conflits armés auxquels il a participé. Il vit depuis une décennie au coeur de son ranch hérité de son géniteur, en Arizona, et passe ses journées à dresser des chevaux et à s’occuper de Maria Beltran et de sa petite-fille Gabrielle, qui va bientôt rentrer à la Fac. Toujours sujet à un syndrome post-traumatique, notre homme creuse frénétiquement un immense réseau de tunnels sous le terrain familial, qu’il aménage comme une véritable zone de guerre à l’abri des regards. Cela ne l’empêche pas de jouer le rôle de père de substitution pour Gabrielle, au point qu’il a développé un énorme amour pour la demoiselle, lui qui était incapable de ressentir la moindre émotion auparavant. Alors quand la jeune femme va décider de partir sur les traces de son père biologique en plein coeur d’un sombre quartier mexicain et se faire enlever par un cartel de la prostitution et de la drogue, le sang de notre ancien béret vert ne va faire qu’un tour! Accrochez-vous, car il y a bien pire que de s’en prendre au chien de John Wick: séquestrer la fille de Rambo!

« Pour retrouver Gabrielle, Rambo sombre peu à peu dans la folie et… le gore! »

Avec un pitch scénaristique pareil, on s’attendait forcément à voir un Sylvester Stallone débouler en pleine ville mexicaine, un décor pour le moins original pour la saga, et la mettre à feu et à sang à grands renforts de mitrailleuses lourdes, de bazookas et autres shotgun mais pourtant… notre homme va se prendre la raclée de sa vie! Et oui, dans Last Blood, Rambo n’est pas tout puissant: il est vieux, fatigué, parfois imprudent car aveuglé par la mission de sauver sa « fille », et ça fait du bien de le voir ôter son costume de Super Soldat pour revêtir celui d’un simple père désireux de protéger ses proches.

De fait, on s’identifie beaucoup plus au héros, et quand on le voit jeter au loin les cachets qui lui permettent de se contrôler, on sait qu’il est prêt à tout, ce qui nous est confirmé par une scène d’interrogatoire jouissivement violente. Oui, notre Rambo, brisé, laisse place peu à peu à sa folie, acceptant son passé pour l’assimiler et ne plus en être l’esclave.

Il y a pire que tuer le chien de John Wick: enlever la fille de Rambo!

Mais le véritable climax du film intervient en son milieu, et si on ne vous spoilera rien, sachez simplement que le réalisateur Adrian Grunberg (Kill the Gringo) a décidé de ne rien épargner à notre vétéran psychotique, et encore moins au spectateur, un peu à la façon d’un Game of Thrones où les morts inattendues rythment le récit. Un premier quart attendrissant donc, avec une suite très sombre et personnelle, par moments même larmoyante, qui vire, dans la dernière demi-heure, vers une histoire de vengeance implacable renouant alors avec le côté militaire d’un Rambo qui n’hésitera pas à user de techniques de guérilla urbaines et d’une bonne dose de stratégie pour tenter de réduire le cartel mexicain à néant… par tous les moyens possibles… et de la façon la plus sanglante qui soit!

« Yvette Monreal nous livre d’intenses émotions en tant que captive du cartel »

Last Blood est donc un véritable rollercoaster émotionnel et violent qui risque d’en prendre plus d’un par surprise, mais qui nous offre des scènes qui marquent durablement les esprits, comme cette incroyable discussion entre notre héros et une journaliste, en contre-jour et gros plan sur les visages, nous expliquant le besoin viscéral de chercher à faire souffrir ceux qui nous ont fait du mal. Puissant, profond et visuellement génial.

Ajoutez à cela une séquence d’introduction en plein déluge totalement dantesque, une représentation glaçante de réalisme du monde de la prostitution forcée ainsi qu’une Yvette Monreal (Gabrielle) qui nous fait vibrer d’émoi au travers des heurts physiques et psychologiques infligés par ses bourreaux, mais aussi des chorégraphies de combat plutôt réussies, des explosions qui envoient du lourd, une séquence finale orgasmique et un Stallone parfait en être humain brisé, et vous comprendrez que nous avons vraiment adoré cet ultime Rambo. Seul bémol: des bad guys pas assez déjantés selon nous (le seul vraiment intéressant disparaît trop soudainement), mais quand on a ce cher Sylvester en face, ce n’est pas évident de lui tenir tête.

Alors oui, Last Blood  sera sûrement cassé par les fans du « Rambo qui explose tout » ou les adeptes du politiquement correct qui pourraient y voir un racisme anti-mexicain (c’est un film, hein!), mais ceux qui voulaient retrouver « John » et non pas le soldat surpuissant seront aux anges! Une fin digne de l’homme qu’a été Rambo dans First Blood, tout simplement.

La Bande-Annonce

Note Globale N-Gamz: 4,5/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!