Après avoir testé, et adoré, Brave Frontier sur mobiles, Arkamis a voulu en savoir plus sur son développeur, la société gumi, originaire du Japon, mais qui a su franchir les frontières de l’archipel pour s’exporter sur le Vieux Continent. L’occasion d’une interview de Nicolas Godement-Berline, le Directeur Général de la branche européenne, afin d’en apprendre plus sur les objectifs de Gumi!
Arkamis: Afin de permettre à notre lectorat de mieux vous connaître, pourriez-vous vous présenter en quelques mots, ainsi que votre société ?
Nicolas Godement-Berline: J’ai 31 ans et travaille dans le jeu vidéo depuis 8 ans. gumi est un des principaux acteurs du jeu mobile au Japon, comptant 800 collaborateurs dans le monde, majoritairement en Asie (Tokyo, Fukuoka, Singapour, Seoul, Shanghai, Taipei, Manille, etc.) mais également… à Paris ! Nous y avons en effet ouvert gumi Europe en juin 2013, filiale du groupe ayant 2 missions principales : la distribution et les opérations en Europe de jeux asiatiques tels que Brave Frontier, et le développement de jeux originaux à destination du public occidental.
A: Comme vous le savez, nous avons été fortement impressionnés par Brave Frontier, que nous venons de tester sur N-Gamz. Comment est née l’idée de sortir un tel jeu tel? Pourquoi avoir choisi le support mobile pour un soft axé RPG ?
NGB: A l’origine, Brave Frontier a été développé à Tokyo par Alim, un studio indépendant que gumi a acquis en 2013. Les RPG et les jeux de collection ont toujours été très populaires au Japon. Depuis quelques années, c’est véritablement sur mobile que cet engouement de la part des joueurs japonais est le plus fort. L’idée des créateurs de Brave Frontier, Hisatoshi Hayakashi et Eiji Takahashi, était donc de proposer une nouvelle expérience de jeu au sein de ce genre, beaucoup plus riche que ses prédécesseurs.
A: Les développeurs ont-ils eu des sources d’inspiration particulières, des jeux qui les ont marqués lors de la création de Brave Frontier?
NGB: Brave Frontier est évidemment un hommage aux grandes séries de JRPG « classiques » qui nous ont fait vibrer dans les années 1990-2000 : Final Fantasy, Valkyrie Profile, etc. L’idée était de retransmettre les émotions que procurent ces jeux en termes de graphismes, d’animation et de bande son, mais aussi de satisfaction à faire progresser ses personnages, gagner des combats et progresser dans une quête, tout en adaptant le gameplay au support mobile avec des parties courtes, des interruptions, un écran tactile et du jeu en ligne.
A: En parlant de développement, y-a-t’il eu des difficultés à réaliser un soft comme Brave Frontier (techniques et financières)?
NGB: Je ne sais pas si les joueurs s’en rendent compte, mais Brave Frontier est une merveille technique. Le jeu tourne très bien sur tous les appareils récents tout en affichant parfois des dizaines d’animations en même temps. Il a évidemment fallu un travail de longue haleine et un souci du détail hors du commun pour optimiser cette expérience de jeu.
A: Combien de personnes sont actuellement à l’œuvre sur le soft ? (mises à jour, Community Manager, …)
NGB: Tokyo, l’équipe de développement travaillant sur les mises à jour compte entre 20 et 30 personnes. Si l’on inclut les autres équipes d’adaptation et de support en Corée, Chine, Singapour, France et Philippines, on dépasse la centaine de personnes ! Nous avons décidé de mettre en œuvre des moyens extraordinaires pour un jeu extraordinaire, afin d’être au plus proche des joueurs et d’optimiser Brave Frontier pour toutes les régions, au cas par cas.
A: Niveau mise à jour d’ailleurs, à quand la sortie des Raids ? Et hormis ces derniers, quels devraient être les prochaines grosses nouveautés offertes par le jeu ?
NGB: Le Raid est sorti au Japon, donc c’est essentiellement une question de temps : traduire toutes les fonctionnalités du jeu, mettre à jour l’application et les serveurs pour tous les pays européens, tout cela demande énormément d’efforts. Il va encore falloir un certain temps avant que le Raid soit disponible en France. Cependant, d’autres mises à jour sont prévues avant cela. Au mois d’août, j’attends particulièrement Randall : une toute nouvelle partie du jeu donnant accès à de nouvelles quêtes, une nouvelle saison du mode Chasseur de Frontière et les fameuses clefs Metal tant demandées par la communauté.
A: Trouver l’équilibre entre free-to-play complet et pay-to-win est terriblement ardu pour les acteurs du marché mobile. Pensez-vous y être parvenu avec Brave Frontier ? Quel est votre secret ?
NGB: Bonne question ! A titre personnel, en tant que joueur, Brave Frontier est clairement mon jeu préféré en 2014. L’équilibre que vous évoquez y est absolument admirable. Le secret, c’est de laisser les joueurs continuer gratuitement leur aventure tant qu’ils le souhaitent, sans jamais les forcer à dépenser. A partir de là, nous proposons des options facultatives mais très désirables, apportant énormément de satisfaction et d’excitation. Enfin, dans Brave Frontier, il est impossible de progresser uniquement en payant : même en acquérant de bonnes unités, elles ne révèlent leur vrai potentiel qu’en les faisant évoluer. Pour cela il faut … jouer, jouer, jouer ! Participer aux donjons du Vortex, se constituer une liste d’amis, etc.
A: Les « partenariats » que vous avez passés avec EA, Capcom ou encore plus récemment Sega confortent un peu plus votre place sur le marché assez foisonnant des apps. Comment faites-vous pour approcher ces éditeurs ? Comment ressentez-vous ces partenariats ?
NGB: Le jeu vidéo est en fait un petit milieu, il est assez facile pour une société comme gumi d’être en contact avec les autres acteurs du secteur. Nous avons prouvé que ce genre d’associations pouvait déboucher sur de très beaux succès. Mais finalement, avant tout, nous collaborons avec des gens que nous admirons et avec qui nous prenons plaisir à travailler !
A: D’autres jeux sont-ils à prévoir dans la même lignée que Brave Frontier ? Une suite est-elle envisagée ?
NGB: Nous préférons nous consacrer à opérer et faire évoluer le jeu comme un service sur le long terme. Je pense que c’est bien plus intéressant pour les joueurs. Le RPG mobile est une des spécialités de gumi, donc vous pouvez très clairement vous attendre à de belles annonces dans ce sens.
A: Selon vous, par quoi passera l’avenir du jeu mobile ? Pensez-vous que les deux écoles que sont le Play Store (profusion de titres gratuits avec micro-paiements) et l’App Store (titres payants mais store mieux encadré) pourront continuer à co-exister ?
NGB: A vrai dire, même sur l’App Store d’Apple, l’immense majorité des revenus sont générés par des titres gratuits avec micro-paiements. La différence, c’est qu’il y a également une place pour des titres payants, parfois très originaux. Bien que j’apprécie et travaille sur des jeux gratuits, j’espère que ces jeux payants ne vont pas disparaître non plus : la diversité fait la force du jeu vidéo en tant que divertissement.
A: Quels sont les projets futurs de la branche européenne de gumi ?
NGB: Nous allons très prochainement sortir notre premier titre développé intégralement à Paris, Puzzle Chef. Il s’agit d’un jeu très différent, au ton léger et coloré, s’adressant aux fans de… cuisine ! Nous continuons d’opérer Brave Frontier et de proposer de superbes mises à jour. Au-delà de ça, nous sommes en phase de concept sur un nouveau projet qui intéressera sans nul doute vos lecteurs, mais il est un peu tôt pour en parler … Rendez-vous dans quelques mois ?
A: Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et longue vie à Brave Frontier!
NGB: Merci à vous pour votre attention, et à la formidable communauté des joueurs de Brave Frontier.