Review
Une princesse diabolique azimutée, un anti-héros au physique anémique et à la morale chancelante, un lézard-fantôme qui parle japonais et un marteau géant prêt à s’abattre sur Terre… non, vous ne faîtes pas un mauvais trip de lendemain de nouvel an. C’est juste le postulat de départ de Samidare, un shonen totalement à contre-pied de la production actuelle. Et mon Dieu que c’est bon !
Qui ne s’est jamais levé, par une belle mâtinée ensoleillée, pour constater qu’un lézard qui parle se tenait juste devant lui et lui intimait l’ordre de sauver le monde en protégeant une princesse qui n’est autre que sa voisine de palier ? Pas vous ? Et bien c’est pourtant le cas d’Amamya, un lycéen tout ce qu’il y a de plus ordinaire, même s’il a une profonde tendance à l’asociabilité. Résultat des courses, un mini-reptile qui se voit éjecté manu-militari par la fenêtre et un élève qui se rend nonchalamment en cours en s’armant d’une réplique à toute épreuve : « Je n’ai jamais aimé les héros qui se laissent emporter par la fougue de leur interlocuteur dès le début du film ». C’était sans compter sur le caractère totalement borderline de la belle à sauver : Samidare, qui se révèle être une combattante hors pair et va irrémédiablement attirer notre jeune homme dans ses filets pour en faire son chevalier servant.
C’est bien beau tout ça, mais de quoi faut-il cette fois sauverla Terre ? Allez, on vous le donne en mille : des clones de boue et … un marteau géant en biscuit ! Je sais, dis comme ça, on pense à une mauvaise blague sous acide, mais je vous jure que dès les premières minutes, on est happé dans cette histoire qui se révèle bien plus sombre qu’il n’y paraît. Exit le délire à outrance façon Soul Eater, ici les personnages sont profondément humains…mais désaxés ! Ainsi, Amamya, traumatisé par son grand-père durant une enfance malsaine, se voit confier un pouvoir de télékinésie totalement désuet et se fait dès lors systématiquement sauver par la princesse qu’il doit pourtant protéger. Samidare, elle, n’a d’autre objectif que de détruirela Terreelle-même, d’où le fait que ce Biscuit Hammer lui fasse de l’ombre. Des motivations comme ça, on en redemande !
Alors oui, si l’histoire est captivante et les personnages ultra-attachants, on ne peut en dire autant de l’aspect technique, qui souffre d’une trop grande simplicité du dessin. Les décors sont trop souvent mis au second plan et certains traits sont un peu grossiers. Néanmoins, rien qui ne gêne vraiment la lecture, mais on sent que le mangaka a encore de la marge pour nous émerveiller graphiquement. Mention spéciale aux golems de boue qui mettent bien mal à l’aise avec leur design difforme. Enfin, les séquences d’action bénéficient d’un très bon découpage et d’un grand dynamisme.
Samidare, tome 1, est donc une très bonne surprise pour les amateurs de shonen déjantés tirant rapidement vers le côté obscur. Plus mature qu’il n’y paraît, le titre promet énormément s’il parvient à nous captiver par ses révélations scénaristiques dans les prochains tomes. Qui dirige le Biscuit Hammer ? D’où viennent les golems ? Samidare détruira-t-elle vraiment le monde après l’avoir sauvé ? Autant de questions dont on a hâte de connaître les réponses, d’autant qu’Amamya ne semble pas être le seul chevalier servant du récit. Bref, un excellent premier volume, même s’il pêche un peu techniquement parlant, et une série que l’on espère florissante et qu’on vous encourage vivement de débuter !