Review
Une vie simple d’étudiant japonais, voilà le quotidien de Reiji Tachibna. Anti-social, lunatique et accessoirement sacré beau gosse, il est sans arrêt materné par sa sœur aînée, la surdouée Ayaka. Cette dernière a promis à sa mère qu’elle veillerait sur son petit frère quoiqu’il arrive, sous peine de subir une sombre malédiction. Mais le destin va rattraper notre duo familial lorsque Reiji va ramasser un mystérieux artefact en ville : un double anneau doré. Poignardé à mort par un voleur à la tire quelques secondes après sa découverte, il se voit contraint de nouer un pacte avec Tauros, l’esprit de l’objet dont il a pris possession, en échange de son statut d’humain. Un nouveau monde de perception s’ouvre alors devant notre héros: celui des Récolteurs : des humains condamnés à mourir ici-bas car leur âme a été dévorée durant « l’entre-temps » par les anges, et qui ne doivent leur salut qu’au pacte passé avec un artefact. Néanmoins, leur durée de vie est inscrite sur leur torse et s’égrènent inexorablement. Deux façons de gagner de l’existence supplémentaire : prendre celle d’autres récolteurs ou tuer…des anges.
Vous l’aurez compris, l’originalité découle du temps de vie octroyé à chaque protagoniste, obligeant les récolteurs à se livrer une guerre incessante pour détruire les nouveaux venus afin de leur voler le souffle vital. Chaque augmentation du chiffre sur le torse octroie de nouveaux pouvoirs communs à tous les récolteurs, mais débloque aussi des pouvoirs propres à chaque individu, indétectables par les ennemis. Raison de plus pour être prudent si l’on veut employer la première méthode pour allonger son espérance de vie ici-bas. Le hic, c’est que Reiji n’est pas comme ça, refusant de prendre une vie. Sa sœur n’aura donc d’autre choix que de se sacrifier et de nouer un pacte partagé. Dès lors, notre duo va s’atteler à survivre dans un monde où tous se liguent contre eux. Tous sauf peut-être un certain Ichiro Mizaki, qui partage les principes de Reiji et ne doit sa longue existence qu’à la « chasse aux anges ». L’histoire est lancée…
Re:Birth The Lunatic Taker pourrait clairement s’apparenter à un Fate:Stay Night couplé à un Persona 3. On a le côté guerre entre initiés et pouvoirs spéciaux du premier, tandis que le contexte estudiantin et « l’entre-temps » sont directement inspirés de la dark hour du second. Néanmoins, le côté gore des affrontements (un récolteur ne pouvant mourir que si son compteur de vie atteint 0 ou si on lui coupe la tête) et la personnalité ultra schizophrène d’Ayaka attirent indubitablement le lecteur en mal de récits qui envoient du lourd. C’est bien simple, tout amateur de shonen ne peut que tomber irrémédiablement amoureux de la douce et frêle jeune femme, qui développe un côté serial-killeuse sadique lors des affrontements qui mettent en danger son frère. Lunatic Taker est aussi l’occasion de découvrir une brochette de personnages atypiques, comme ce pendant sombre de notre héroïne, toute droit inspirée d’Ikki Tousen, et dont on sait dès le départ que son destin va être entrecroisé avec Miss Tachibana.
Sur le plan technique, le dessin est de bon niveau, le découpage des scènes est clair, précis et donne une bonne dynamique à l’ensemble. Certains scènes sont assez dérangeantes (la fellation forcée qu’un récolteur veut faire subir à Ayaka pour lui laisser la vie sauve) et l’abnégation de la sœur de Reiji pour garder son frère hors de toute violence mène à des situations de désespoir intense, mises en valeur par un trait fin et un tramage jamais pris en défaut. Le manga propose également une ou deux scènes de fan service, le minimum syndical dans ce type de production. Enfin, le chara design est réussi, même si parfois un peu trop passe-partout (le pendant sombre inspiré d’Ikki Tousen, c’est surfait…même si l’auteur la fait bégayer pour la différencier).
Alors, Re:Birth est-il un bon shonen? Oui, de par son héroïne qui ne laissera personne indifférent et sa dévotion quasi malsaine à son frangin, mais aussi parce qu’il se permet quelques séquences choc assez bien senties; Cependant, le manque d’innovation de l’ensemble tire cette production vers le bas. Des combats d’initiés, ça court les rues, même si la mise en scène est soignée. Néanmoins, le fait que l’auteur dévoile les anges en toute fin de volume et promet un affrontement spectaculaire, de même qu’il préserve le lourd passé d’Ayaka, nous donne clairement envie d’acheter le prochain tome. Bonne pioche donc pour Doki Doki, avec en plus la possibilité de lire le début du manga à cette adresse!