Review
Les éditions Ki-Oon ne cessent de nous étonner avec de nouveaux titres, et cette fois c’est au tour de « Père et Fils », de Mi Tagawa de nous prouver que le manga peut traiter tous les sujets! Une oeuvre bien différente des seinens habituels puisqu’elle porte sur la paternité à travers le regard d’un herboriste et de son fils. Un récit original qui risque d’en surprendre plus d’un, on vous le garantit!
A la mort de sa femme Shiori, Torakichi, herboriste ambulant, se retrouve seul pour s’occuper de leur fils de 3 ans, Shiro. Heureusement, il peut compter sur l’aide de sa soeur, Tatsumi, et de son mari pour prendre en charge l’éducation de son enfant. Et pourtant, un beau jour et malgré le désaccord de sa grande sœur, notre héros décide de partir pour parcourir le Japon avec sa progéniture! L’herboriste va devoir s’organiser entre son travail et son « nouveau » rôle de père. Comment va-t-il faire pour gérer les deux, surtout quand sa famille décidé de s’en mêler? Voilà le récit d’un long voyage initiatique entre un père et son fils, dans lequel chacun va apprendre à vivre avec l’autre.
Graphiquement, Mi Tagawa nous offre une œuvre de qualité avec un style léger et détaillé. La touche d’aquarelle sur les couvertures et les diverses illustrations présentes au coeur de ces deux premiers tomes confirme la douceur de cette histoire. On apprécie l’attention apportée par l’auteur à son décor, elle qui nous décrit un Japon traditionnel vivant et dynamique, avec ses us et coutumes. Concernant les personnages, le graphisme est également travaillé, notamment l’expression des visages et des gestes. Le trait se révèle tout en finesse et en douceur, un adjectif que l’on retrouve aisément dans ce manga pour décrire le lien entre Torakichi et son fils. De plus, cette légèreté est accentuée par l’omniprésence des oiseaux, compagnons des herboristes, qui sont comme des gardiens, des protecteurs et virevoltent sans cesse au fil des pages pour nous apporter des scènes rigolotes et affectueuses. Le découpage, quant à lui, est très clair et apporte surtout de la lumière dans le déroulement de l’histoire. De fait et malgré le détail sur les fonds, les cases ne sont en rien surchargées, la lecture restant agréable à chaque page. Enfin, l’encrage d’ordinaire très aérien a le don de s’accentuer lors de scènes plus « graves », notamment lorsque Shiro fais des caprices. Vous l’aurez compris: le style visuel de l’auteur s’adapte parfaitement à cette histoire relationnelle et touchante.
En effet, l’histoire peut de prime abord nous laisser perplexe en abordant un thème comme la paternité et le lien entre père et fils pour un manga ; mais il serait regrettable de s’arrêter à cette première impression. Conquis par une couverture aux couleurs pastels, on est littéralement absorbé par le récit dès les premières pages. Il faut dire que Mi Tagawa parvient à nous apporter son regard touchant de femme et de mère, rendant Torakichi parfois bouleversant d’émotion. Nous assistons également à l’évolution du petit Shiro, quand il apprend à lire, ses sentiments vis-à-vis de sa défunte mère et comment il arrive à surmonter ce manque. Il y a donc une vraie relation qui se construit entre nos deux héros, essayant ensemble de former une vraie famille .
En conclusion, Père et fils est un manga au thème certes très particulier, mais qui parvient à nous entraîner dans un voyage initiatique empreint de joie de vivre au cœur d’un Japon traditionnel visuellement réussi et crédible. Une œuvre qui mérite toute votre attention que vous soyez père de famille ou pas!