Review
Le premier volume du « Guerrier à l’épée de glace », préquelle à l’histoire narrée dans le jeu vidéo Final Fantasy Type-0, nous avait carrément emballé malgré une technique perfectible. Sombre, angoissant et d’une profonde tristesse, le scénario mis en scène par Takatoshi Shiozawa et co-écrit par Sara Okabe, sous l’œil bienveillant de Testuya Nomura, nous dépeignait le destin funeste de la classe trois de l’Akademeia. Sa suite s’attèle désormais à nous présenter la formation des Quatre Champions de Rubrum. Avec autant de génie ? Pas si sûr…
Kurasame et Glenn, deux des quatre survivants de la Classe Trois de l’Akademia, sont envoyés en mission pour aider Concordia, la nation-même dont les ressortissants ont assassiné leurs camarades de classe sous couvert d’expériences militaires. Autant dire que l’appréhension est énorme pour notre duo d’amis ! Cependant, ils vont vite se rendre compte qu’un Concordien n’est pas l’autre, et qu’il y a aussi de bonnes personnes au sein de chaque peuple. En effet, en enquêtant sur l’agressivité inhabituelles des monstres aux abords de la ville d’Amiter, ils vont rencontrer une vieille dame qui s’est liée d’amitié avec un Tomberry, et comprendre à quel point la vie est loin d’être évidente sans magie, eux qui en génèrent naturellement grâce au crystal de Rubrum.
Hélas, nos héros vont tomber dans un guet-apens tendu… par des dissidents de leur propre nation ! Ces derniers utilisent les habitants de la ville et les créatures avoisinantes pour mettre au point un terrifiant pouvoir. Heureusement, les deux autres survivants du premier opus, la belle Miwa et la tacticien Kotetsu, vont venir prêter main forte à notre binôme de combattants. Ensemble, ils formeront… Les Quatre Champions Légendaires de Rubrum ! Un titre qui leur vaudra, deux ans et autant de quêtes périlleuses réussies plus tard, de se faire assigner une mission de la plus haute importance : escorter le Directeur aux affaires extérieures de Rubrum et sa splendide fille, Aoi (dont Kurasame est fou amoureux), vers Mi-Go dans le but de démasquer un traître à la solde de Milites… Bien entendu, tout ne va pas se dérouler pas comme prévu !
Visuellement, ce second volet de Final Fantasy Type-0 : « Le Guerrier à l’épée de Glace » est moins inspiré que son aîné. Les décors sont moins présents, voire même parfois inexistants, et le trait des personnages est vraiment hésitant par endroits. C’est une chance que les séquences d’action soient bien découpées et vraiment dynamiques pour relever le niveau. De plus, l’histoire est moins dramatique, voire même carrément guillerette par moments. Du coup, on se retrouve un peu devant un shonen lambda alors que le premier volume nous promettait presque un seinen extrêmement sombre. On suppose donc que nous avons entre les mains un tome de transition, la fin de ce dernier nous faisant espérer le retour au côté tragique qui nous avait tant séduit au début. On retiendra néanmoins, en points positifs, le fait de nous montrer les tensions entre les grandes nations sous un autre angle, ce qui accroît le côté non-manichéen du récit, avec en toile de fond l’éternel oubli de l’existence-même d’une personne dès qu’elle décède (un effet secondaire du cristal de Rubrum). C’est la raison de vivre de Kurasame : ne pas mourir… pour ne pas être oublié ! Espérons que l’auteur en tirera partie.
Bref, même si c’est toujours un plaisir de retrouver des personnages emblématiques du jeu vidéo (dont la sublime Emina) en version papier, on se montre déçu par ce second volume du Guerrier à l’Epée de Glace. Moins sombre, moins funeste, il marque sans doute une pause dans le récit pour mieux en ériger les bases et nous envoyer, avec le troisième tome, à nouveau sur la ligne de front où morts et larmes s’emmêlent dans un torrent de violence engendré par de malsaines manipulations politiques. Autant dire qu’on attend donc la suite de pied ferme pour voir si Takatoshi Shiozawa, assisté de Sara Okabe en co-scénariste, va à nouveau nous éblouir par sa noirceur ou, au contraire, confirmer nos craintes…