Review
Peu emballés par le premier volume d’Evolution Six, seinen gore bourré de mutations génétiques dans un Japon contemporain, nous étions néanmoins curieux de voir si son auteur parviendrait à se montrer original pour le second tome. Il suffisait d’améliorer un peu le scénario, de sortir du carcan des héros clichés et de peaufiner sensiblement son dessin et son découpage. Hélas, Kaga Mitsuru a réussi… à faire pire !
C’est officiel : Tasuku Sato a bel et bien été infecté par le virus « Evolution » lancé sous forme de pluie par un scientifique souhaitant améliorer l’espèce humaine avant une nouvelle ère glaciaire. Heureusement pour notre héros lycéen suicidaire, il fait partie des « Evolution Six », des êtres totalement compatibles avec ce mutagène au point de devenir le reflet de leurs plus sombres pensées. D’autre que lui ont eu moins de chance : ces « inadaptés » se sont transformés en monstres sanguinaires qu’un étrange groupe cherche à éradiquer.
Comme si cela ne suffisait pas, l’armée américaine (on est toujours au Japon, normal, ahem…) s’en mêle et se jette aux trousses de tous les êtres supérieurs pour les capturer et les analyser, redoutant qu’ils prennent un jour le contrôle sur le reste de l’Humanité. Bref, Tasuku doit apprendre à contrôler ses pouvoirs de régénération rapidement s’il ne veut pas finir en cobaye, surtout lorsque sa mère se retrouve prise en otage par un mystérieux garçon-araignée aux fils plus tranchants que des lames de rasoir…
Techniquement, ce second volet d’Evolution Six semble littéralement avoir été engendré dans le rush. Personnages dessinés à la va-vite, découpage des scènes de combat pas toujours compréhensible, encrage rarement au beau fixe et décors loin d’être travaillés, le titre sort juste son épingle du jeu avec ses séquences gores décomplexées, allant de démembrements violents à des explosions de chairs sans prendre de gants. Il faut dire que le pouvoir de régénération du héros va très loin, lui permettant de s’arracher sans vergogne une partie du visage et de la voir se reconstruire après quelques absorptions bien glauques d’êtres humains . Et pourtant, même quand il tombe dans le sanguinolent à outrance, ce manga fait moins bien que son grand frère.
Mais le gros souci vient sans conteste du scénario, qui va voir notre cher Tasuku et son ami Keito, dont on se demande ce qu’il fiche là-dedans et à quoi il sert, enquêter pour en apprendre plus sur l’Evolution Six, ce qui amène notre héros à rencontrer une botaniste infectée, son frère qui l’est tout autant, avant de retourner voir sa propre mère, journaliste, pile poil au moment où elle se fait prendre en otage… par les deux mutants précités !
Bref, c’est télescopé à 200%, la baston prédomine, et le peu d’infos que l’on recueille sur le virus sont diluées de façon très étrange entre deux rixes, sans que l’on sache parfois qui nous les donne tant le découpage du récit laisse perplexe. Pourquoi ne pas avoir gardé l’excellente structure du premier volet, avec Tasuku qui se battait pour survivre tandis que la fille du scientifique fou enquêtait sur les agissements de son père et nous apportait tous les éléments dont nous avions besoin pour bien comprendre l’intrigue ? Ici, cette jolie Miho est… totalement absente de l’histoire !
Vous l’aurez compris, nous avions de grosses réserves sur Evolution Six, et ce second volet confirme nos craintes de voir une œuvre dessinée à la va-vite, au scénario confus digne des pires productions Syfy, qui ne joue que sur son côté ultra-gore (et incestueux également) pour attirer le fan avide d’hémoglobine et de mutations génétiques trash. Kaga Mitsuru a ôté presque tous les points positifs du premier épisode pour nous pondre un deuxième tome bourré de clichés que l’on ne vous recommandera clairement pas. Espérons qu’il redresse la barre avec la suite…