Review
Et si notre planète était déjà condamnée par notre faute ? Et si, pour éviter l’extinction de l’Humanité à cause d’une nouvelle ère glaciaire en approche, un scientifique fou décidait de faire évoluer artificiellement son espèce en lui inoculant un virus sélectif ? Et bien cela nous donnerait Evolution Six, un Seinen gore et malsain que les éditions Doki-Doki ont choisi d’éditer chez nous. Ames sensibles s’abstenir… ça va saigner !
Tasuku est un lycéen japonais lambda qui a développé une peur panique de la maladie après avoir vu son père, fier et solide comme un roc, n’avoir plus que la peau sur les os et périr dans d’horribles souffrances des suites d’un cancer. Pas de chance pour le jeune homme, on lui diagnostique la même chose ! Une seule solution lui vient à l’esprit : le suicide !
Pendant ce temps, à l’autre bout du Japon, un scientifique dérangé qui a anticipé une nouvelle période glaciaire censée réduire à néant l’humanité, a décidé de mener des expériences interdites sur la mise au point d’un virus mutagène dont le but est l’évolution « brutale » de notre espèce. Pris par la rapidité des événements, il a juste le temps de mettre sa fille, la jolie et surdouée Miho Wood, au courant de ses agissements avant de répandre le fruit de ses recherches en une pluie mortelle au-dessus de la ville où réside Tasuku.
Vous l’aurez compris, ce dernier va être infecté in extremis par le virus, ce qui lui sauvera la vie… mais fera de lui un hôte extrêmement dangereux, tout comme certains de ses camarades de classe. Miho parviendra-t-elle à arrêter cette folie meurtrière avant que l’armée ne mette la main sur les spécimens créés par son père ?
Soyons francs, Evolution Six est « moyennement » sympathique sur le plan purement technique. De fait si l’on déplore un découpage parfois un peu brouillon, on doit bien avouer que le titre joue largement dans la case du gore avec des décapitations et autres démembrements assez malsains à regarder, le tout sous un raz-de-marée d’hémoglobine. Il faut dire que le virus Project Plan Six, qui s’active par « le cœur » (pas l’organe), modifie la structure génétique même de son hôte, au point d’en faire parfois une abominable créature cherchant juste à procréer en absorbant toute vie humaine autour d’elle.
Les trames sombres sont donc de rigueur, pour un rendu convenable, bien que le travail sur les décors aurait dû être plus conséquent. Idem pour les traits de certains personnages dessinés à la va-vite et qui se montrent, par moments, terriblement grossiers. Ajoutez à cela un chara-design plutôt cliché et du fan service classique, et vous comprendrez que le titre ne sort finalement du lot que par son côté gore purement assumé. J’en veux pour preuve cette scène où l’ingénue Kyôko Terada, enceinte d’un monstre, se voit pousser deux bras assassins (on ne vous dira pas d’où ils sortent… ahem) qui vont saisir son ex-compagnon et « l’essorer », c’est le mot, pendant qu’elle s’abreuve de son sang. On vous aura prévenu !
L’histoire suit un peu le même canevas que le graphisme. Amusante à lire mais sans plus, tant on a l’impression d’avoir déjà vu et revu ce type de scénario. Un lycéen chétif doté de super pouvoirs, des ennemis à foison, un virus destructeur, une jolie égérie féminine, … Tout cela sent le réchauffé et ne doit encore une fois son salut qu’à l’ultra violence insufflée par l’auteur ainsi qu’à la dualité de points de vue entre d’une part Tasuku qui découvre son nouveau corps, et d’autre part Miho qui remonte de son côté la piste des indices laissé par son père pour comprendre comment arrêter le massacre.
Bref, ce premier volume d’Evolution Six ne présente pour le moment qu’un intérêt très moyen. Avec son récit qui sent le réchauffé, ses personnages trop classiques et son dessin pas toujours au beau fixe, le manga de Kaga Mitsuru plaira surtout aux amoureux du gore à outrance. Espérons que la suite nous donne un peu plus envie de nous plonger dans cette œuvre « sanglante »