Vampyr, c’est un titre que l’on a à l’oeil depuis la Gamescom 2016, autant pour le fait qu’il est développé par les papas de Life is Strange et Remember Me (deux titres cultes ici à la rédac) que pour son récit sombre dans lequel chacun de vos choix, chacune des vies que vous prendrez pour vous fortifier, aura un impact sur le reste du soft et des NPC. Un postulat de départ ambitieux, dont nous avons pu voir la démonstration en live lors du What’s Next parisien de Focus Home Interactive. Alors, Vampyr tient-il à « sang pour sang » ses promesses? La réponse dans les lignes qui suivent… Â
Vampyr nous avait terriblement impressionnés lors de notre première présentation presse à la Gamescom 2016, avant d’enfoncer le clou (les crocs?) un an plus tard, au même salon, avec une longue phase de jeu présentée en live. Vous pourrez d’ailleurs retrouver toutes nos impressions, à l’époque, en cliquant ici.
Que pouvait donc nous apporter une nouvelle démo du jeu de Dontnod, studio auquel on doit l’incroyable Life is Strange, quelques mois seulement après notre rendez-vous de Cologne? Et bien la garantie qu’à quelques encablures de sa sortie programmée pour le 5 juin prochain sur Next-Gen et PC, le soft est bel et bien prêt à hanter nos nuits par son scénario non manichéen, ses mécaniques de gameplay bien pensées et son héros badass au possible. De quoi nous rassurer sur la qualité d’un titre que les fans attendent de pied ferme, malgré quelques bémols à corriger d’ici au lancement.
Cette présentation de Vampyr nous amenait donc en 1918, sur les traces d’une infirmière ayant ouvert un dispensaire gratuit pour les malades de la Grippe Espagnole, en plein coeur du quartier londonien de White Chapel, lugubre à souhait. Pas de changement de décor depuis la démo Gamescom puisqu’on retrouve avec un certain plaisir malsain les ruelles malfamées et ténébreuses, nimbées de brume, de cette aire de jeu qui pourrait presque office de personnage à part entière. Idem pour le héros puisque vous incarnez toujours le charismatique docteur Jonathan Reid, devenu vampire contre son gré et qui a bien du mal à concilier son besoin de sang avec sa mission de sauver des vies.
Mais revenons-en à notre pauvre infirmière, Dorothy Crane, qui « galère » pour joindre les deux bouts et n’a rien trouvé de mieux pour se fournir en médicaments que de faire chanter votre amie, vampire également, Lady Ashbury. En effet, votre « cible » menace d’alerter les autorités sur les choses étranges qui se passent au manoir de la noble dame, à moins que cette dernière ne lui paie un lourd tribut.
Vous voyez déjà le dilemme s’annoncer: soit vous laisser cette chère Dorothy continuer à soigner ses patients histoire d’en apprendre plus sur la maladie diabolique qui frappe White Chapel, au risque de créer des ennuis auprès de votre seule alliée vampirique, soit… vous allez régler son compte à Miss Crane, une bonne fois pour toute et bénéficier de son sang extrêmement pur pour booster vos compétences comme jamais!
Car c’est principalement de ça qu’il est question dans Vampyr: la dualité morale! En effet, si vous souhaitez avancer dans le jeu sans trop vous prendre la tête, il convient d’améliorer vos capacités dans quatre arbres de compétences distincts allant de la défense à l’agressivité, en passant par les aptitudes du corps et celles du sang.
Le tout se fait via de l’XP que vous récupérerez en glanant un maximum d’infos sur les habitants de chaque district de White Chapel, chacun étant lié aux autres via un sociogramme bien fourni, ou en accomplissant des quêtes destinées à améliorer leur quotidien. Mais vous pourrez accumuler de l’XP en masse et très rapidement si vous vous décidez à choisir le côté obscur de votre statut et commettre l’irréparable: tuer l’un des habitants pour absorber son sang!
Bien entendu, chaque mort impactera la suite de l’histoire et les réactions des autres habitants, ainsi que la propagation du virus dans chaque district, ces derniers pouvant même être carrément « perdus » si vous y tuez trop d’innocents. Exemple nous en a d’ailleurs été donné lorsque nous nous sommes présentés à l’entrée du dispensaire, gardé par le vieux Darius, qui refuse de nous laisser entrer. Etant un vampire, impossible pour vous de pénétrer dans un bâtiment sans y avoir été invité, aussi vous faut-il trouver une faille chez cet homme, ce que détiennent justement le journaliste local et le poète du coin.
Après avoir discuté avec les deux individus via des dialogues tantôt très naturels, tantôt trop mécaniques hélas, vous apprenez que ce cher Darius est un ultra communiste et qu’il a déchiré une mystérieuse lettre juste devant la boîte postale (lettre adressée à son fils, hop… encore un point faible). Ni une, ni deux, vous décidez de faire la peau au poète, Richard Nethercoatt, vu la qualité de son sang et la faiblesse de sa prose, pensant que personne ne le pleurera.
Gros souci, ce dernier a pris pour muse la belle Camillia, jeune muette à la redoutable beauté, qui va forcément être impactée par la disparition de son admirateur, ce qui pourra par la suite vous poser de gros soucis pour résoudre des quêtes ultérieures! Tout est donc intrinsèquement lié dans Vampyr et on nous garantit même qu’il sera possible de finir le soft sans JAMAIS avoir à tuer quelqu’un, bien que cela rende la progression plus délicate et qu’il vous faudra crafter des équipements comme un fou dans vos multiples sanctuaires pour espérer tenir le coup lors des combats.
Les rixes, d’ailleurs, n’ont pas vraiment changé par rapport à la Gamescom 2017. On retrouve donc un système de ciblage et d’endurance convaincant, une arme dans chaque main, des esquives, la possibilité de tirer au pistolet et, bien sûr, d’utiliser des pouvoirs vampiriques à distance via une jauge de sang, dans le but ultime d’étourdir assez l’ennemi pour lui sucer le fluide vital (non, ce n’est pas sale…).
Sincèrement, les affrontements sont un peu en deçà du reste de la production, avec quelques soucis de fluidité dans les enchaînements et un manque d’originalité. On aimerait vraiment, pour la sortie en juin, retrouver le côté nerveux présent dans Remember Me car pour le coup, c’est un peu molasson alors qu’on nous promettait le top en 2016.
Bref, maintenant que vous avez récupéré un maximum d’infos sur Darius ainsi qu’un pouvoir de téléportation bien utile grâce au sang du poète, vous allez pouvoir enfin exploiter les failles du vieil homme et le persuader d’entrer dans le dispensaire, où vous allez assister à une scène plutôt gore durant laquelle vous allez devoir aider Dorothy Crane à faire une trachéotomie à un patient agonisant. Autant dire que face à tout ce sang, vous manquez de perdre totalement les pédales et malgré vos efforts, l’homme y reste, vous aiguillant vers une conclusion plutôt angoissante: tout cela n’a RIEN à voir avec la Grippe Espagnole… c’est bien plus agressif, bien plus noir…
Il ne vous reste plus qu’à prendre une ultime décision pour Dorothy après avoir prélevé un échantillon de sang du patient pour l’analyser chez vous: elle qui vous ressemble tant dans sa volonté farouche de sauver des vies à tout prix, par tous les moyens mêmes les plus inavouables, allez-vous la tuer? Et bien… oui! Enfin du moins dans la démo, ce qui vous vaut d’entendre dans l’esprit de Jonathan les dernières pensées de la demoiselle, arguant qu’en fait, elle et vous n’êtes pas si différents…
Bref, Vampire, c’est avant tout une question de choix moraux, une ambiance ténébreuse à souhait et une aventure que l’on espère aussi marquante que Life is Strange, la qualité d’écriture de Dontnod ne faisant pas l’ombre d’un doute. Espérons simplement qu’au beau milieu de cette passionnante histoire, les combats trop classiques ne nuisent pas à l’immersion et que certains dialogues soient retravaillés pour plus de naturel. Si ces petits bémols disparaissent le 5 juin prochain, on tiendra là un très grand jeu!
Vampyr Trailer
La Note Preview N-Gamz: 4/5