Review
Annoncé en grandes pompes durant l’E3 2019, Fallout 76 a soulevé les foules, dans le bon comme dans le mauvais sens. Entre enthousiasme de voir un nouvel opus de la licence épique donnant dans le post-apocalyptique et crainte d’un spin-off orienté multijoueurs là où la saga est reconnue pour ses qualités de RPG solo, les fans ont eu du mal à se situer. Mais cette inquiétude était-elle méritée ? Nous vous livrons dès à présent nos impressions suite à notre plongée prolongée en plein coeur des Appalaches !
BABOUM !
Bethesda, l’éditeur/développeur que l’on connait tous pour ses oeuvres marquantes du jeu vidéo solo parmi lesquelles la série des Fallout ou celle des Elder Scrolls, a décidé pour son Fallout 76 de nous propulser dans l’abri… 76! Déjà évoqué dans Fallout 3, c’est le premier des abris Vault Tec à s’ouvrir, 25 ans après sa fermeture suite à une apocalypse nucléaire. Et quitte à prendre le premier abri de tous, autant tenter une grande « première » pour la licence: celle de la faire passer dans l’univers impitoyable des… Jeux Service Coopératifs à la The Division!
Car oui, si l’abri 76, d’une capacité de 500 personnes, aurait été propice à nous pondre un bon gros MMORGP massif, ici le maximum de joueurs connectés sur le même monde sera poussé à… 24! Et oui, seulement 24 joueurs qui vont évoluer sur une même carte, s’entendre (ou pas), coopérer (ou pas), s’éclater (ou pas, et ce sera souvent le cas). Votre mission est simple: partir à la rencontre d’un monde abîmé, constater la dévastation ambiante et tenter de réinstaller une vie humaine en Virginie Occidentale.
Take me home…
Si l’on conçoit que l’aventure Fallout est une expérience que l’on aime vivre en solitaire, le principe de pouvoir s’y promener avec du monde, dans un esprit de coopération, aurait pu séduire. Hélas, ce n’est pas ce qui est proposé avec cette mouture. En effet, ici vos compagnons multijoueurs sont imposés. Pas de possibilité de se la jouer sur un serveur privé, il va falloir ronger son frein et faire avec les gamers que l’on vous impose. Avec un peu de chance, vous tomberez sur des personnes marrantes et ayant à coeur de progresser amicalement… mais si vous n’avez pas de bol, vous pourrez dire bonjour à une foule de Jean-Eude, 14 ans, se pensant sur… Fortnite!
Si déjà ce côté multi peut calmer les ardeurs des fanas de la licence, la décision de Bethesda d’éradiquer le genre humain du côté des PNJ n’arrange absolument pas la donne. Et oui, hormis vous heurter à des squelettes vous balançant des indices sur le prochain endroit où vous le titre veut que vous vous rendiez, niveau narration… on est au fond du fond! Un drame quand on est habitué à la qualité scénaristique de la franchise Fallout.
Le nucléaire c’est vilain, OK…
…mais est ce qu’il était impératif de nous balancer du laid à la tronche dès notre sortie de l’abri ? Si on comprend rapidement que l’on va se retrouver face au même moteur graphique que Fallout 4, on aurait pu espérer quelque chose d’aguicheur tout de même, surtout quand on voit ce que la communauté de moddeurs est capable de faire avec ce même moteur! Pourtant ici, c’est le drame car si dans l’abri tout va bien, à peine un pied dehors, c’est l’anarchie visuelle ! Textures d’un autre âge, bugs et lags à gogo seront continuellement de la partie. Bonjour l’immersion!
Pourtant, la variété d’environnement proposés par l’un des développeurs maîtres du monde ouvert est bien présente. On aurait donc adoré se promener dans cet univers qui se veut dépaysant mais la fracture rétinienne s’impose sans arrêt. Il n’empêche que les aventuriers prendront quand même plaisir à pousser l’exploration comme ils l’ont fait dans les opus précédents, du moins s’ils passent outre la technique ultra bancale.
Diversification d’action…
Outre l’exploration et les quêtes trop souvent typées « Fedex », il va aussi falloir amasser quantité de ressources pour crafter notre base. Et là aussi ça coince puisque bien que les joueurs aient râlé sur Fallout 4 par rapport à son gameplay punitif en mode construction, on se retrouve face au même problème dans la version « 76 »! Ajoutez à cela un inventaire hyper restrictif et vous obtenez la grogne des gamers face à une des facettes du gameplay que certains appréciaient grandement dans la licence.
Enfin, évoquons ce qui a apeuré les joueurs lors de l’annonce du soft : le PvP! Ici, afin d’éviter les fameux Jean-Eude évoqués précédemment, le développeur a mis en place un gameplay punitif pour les avatars ayant envie de se la jouer PvP sauvage : ces derniers se retrouvent affichés sur la map aux yeux de tous comme étant la cible à abattre afin de remporter une grosse prime en espèces sonnantes et trébuchantes. La coopération trouve quant à elle rapidement ses limites tant les interactions sont mal définies, et à moins d’avoir pile la même avancée scénaristique… chacun va rapidement évoluer de son côté.
On prend les mêmes tares… et on recommence à updater sans fin
Au final, Fallout 76 rappelle terriblement l’histoire de The Elder Scrolls Online à sa sortie : un titre voulant voguer entre deux eaux sans jamais réussir à s’accomplir réellement. En effet, cet opus n’est ni un bon Fallout, ni un bon jeu multijoueurs… Prenant des éléments de ci, de là, sans parvenir à fournir un contenu unique et propre, le soft nous donne envie de nous y attacher, de nous acharner mais sans réussir sa démarche. La grogne généralisée à l’annonce de ce Fallout trouvait au départ ses origines dans le chamboulement des bases de la série, qui passait d’expérience purement solo à une aventure se voulant coopérative, mais cela aurait pu être vite calmé par le biais d’un contenu de qualité. Seulement voilà, elle n’a trouvé, à la sortie de Fallout 76, que plus de prétextes pour grossir et s’amplifier. Il faut donc espérer que Besthesda fasse la même chose que pour TESO: écouter attentivement ses joueurs afin de corriger rapidement le tir, car le concept en lui-même n’est pas mauvais, seule sa réalisation donne une triste impression de travail bâclé.
La Bande-Annonce
Réalisation: 10/20
Aïe, aïe, aïe… avec Fallout 76, on se mange une claque technique dans le mauvais sens du terme, dès l’instant où l’on lance le soft : menus et cinématiques qui rament, temps de chargement indécents, de quoi déjà mettre notre patience à rude épreuve. La création du perso nous fait rapidement comprendre que l’on a affaire à un remâché de Fallout 4 et si les premiers pas dans l’abri 76 sont satisfaisants, notre sortie dans l’univers du soft nous fait pleurer la rétine car malgré des environnements variés et un monde ouvert convaincant, le soft se perd dans ses défauts et autres bugs… et nous n’évoquerons même pas notre Pip-Boy sorti tout droit de l’ère glaciaire…
Gameplay/Scénario: 9/20
Malgré la présence de quêtes secondaires nous en mettant plein la vue, on est rapidement atterré par l’absence totale de PNJ et une quête principale déprimante, nous baladant aux 4 coins du monde sans réelle conviction. On ne parvient pas à s’immerger dans l’univers de Fallout 76 et le gameplay ne propose rien de novateur, se heurtant même à des choix incompréhensibles comme la limitation de stockage carrément punitive pour un soft où le craft constitue l’un des piliers fondateurs. L’aventure en solo ne convainc pas… et l’intérêt du multi n’est pas réellement perceptible. Essai raté donc, et à revoir d’urgence à grands coups de mises à jour.
Bande-Son: 12/20
De bonne facture sans être mémorable, la bande-son se pose de façon propre et participe à l’immersion, sans jamais réellement toucher le joueur au plus profond de lui.
Durée de vie: ??/20
Tout va dépendre de votre adhésion au concept ou non, de votre patience pour passer au-delà de l’aspect graphique et des divers bugs et lags… Certains atteindront difficilement la dizaine d’heures, d’autres pourront dépasser la cinquantaine facilement. Si Bethesda parvient à redresser la barre, les heures de jeu pourraient défiler à la vitesse de la lumière façon tout bon Elder Scrolls ou Fallout qui se respecte.
Note Globale N-Gamz.com: 10/20
Ressemblant encore à une timide bêta, Fallout 76 ne parvient pas à remplir les objectifs qu’il s’était fixé. N’offrant ni une aventure solo satisfaisante, ni un multi convaincant, le soft ne décolle jamais réellement pour nous proposer une aventure immersive et plaisante. Entre réalisation d’un autre temps, scénarisation dans les choux et gameplay peu novateur répétant les mêmes erreurs que son prédécesseur, le titre ouvre grand les bras à une « gueulante » des joueurs parfaitement compréhensible. Bethesda a voulu pimenter un peu l’une de ses licences fétiches en proposant un concept différent qui, sur le papier, aurait franchement pu être sympathique et chronophage mais au final, c’est un sacré gadin! On garde espoir néanmoins car le principe est bon et on sait que, comme pour The Elder Scrolls Online avant lui, les devs vont tenter de rattraper le coup rapidement… avec le même succès que pour ce dernier si on est optimiste !
7