Le 7 mars dernier fut une journée que beaucoup de fans Sony risquent de nous envier puisque nous avons pu découvrir rien de moins que LE mastodonte de ce début d’année sur PlayStation 4: God of War! En compagnie de Derek Daniels, Design Director du titre chez Sony Santa Monica mais également concepteur des combats de God of War 1 & 2 (excusez du peu!), nous nous sommes lancés à l’assaut des trois premières heures du soft. Un laps de temps qui a littéralement balayé nos inquiétudes quant à la qualité des nouvelles aventures de Kratos, bien plus matures qu’à l’accoutumée au point de… réussir à me faire verser une larme! Si on m’avait dit qu’un jour le Fantôme de Sparte me ferait pleurer d’émotion…
Si recevoir les blockbusters vidéoludiques qui sortent sans avoir à les payer, sous condition de rédiger un test complet, est l’un des avantages de la fonction de rédacteur en chef bénévole et passionné, il y a des moments où l’on se sent bien plus privilégié que le commun des mortels. Ce sont ces instants où vous savez que… vous êtes les premiers à vivre une expérience que des millions de joueurs devront attendre plusieurs semaines, et parfois plusieurs mois avant de pouvoir y goûter!
Je ne vais pas vous le cacher, c’est pour cette fugacité temporelle d’extrême satisfaction personnelle, cette reconnaissance du milieu vidéoludique que j’affectionne depuis plus d’une trentaine d’années, que je n’hésite pas à bosser comme un fou sur N-Gamz, avec la rédaction d’une dizaine d’articles par jour, de nombreuses heures de sommeil en moins et des sessions de tests et vidéo-tests très intenses parfois, tout en jonglant avec une vie IRL bien remplie (boulot, enfants, …).
Et bien cet instant si particulier, j’en ai vécu un le 7 mars dernier, quand j’ai su que j’étais l’un des premiers gamers au monde à avoir la chance de tester les trois premières heures complètement jouables de… God of War sur PlayStation 4! Et comme un privilège de ce genre n’arrive jamais seul, j’ai même pu interviewer Derek Daniels de Sony Santa Monica, l’homme derrière toute la conception de ce nouvel opus, sous la houlette de Cory Barlog bien entendu. Avouez qu’après ça, on pourrait presque se dire: « OK. J’y ai joué. Je peux mourir en paix!« , non?
Pourtant, en tant que fan invétéré de la saga God of War, j’avais clairement une certaine appréhension avant de commencer ma partie sur cet opus PS4 qui semble si différent de ses aînés, que ce soit dans la focale de caméra employée (derrière l’épaule façon TPS) autant que dans le feeling des combats à la hache (adieu Lames du Chaos) et du look de son Kratos vieillissant, désabusé, qui tente d’inculquer la survie à … un fils! Oui, Kratos papa, c’est un peu étrange même si on sait qu’avant de devenir le Fantôme de Sparte, notre homme a eu une femme et une fille, tuées… de ses propres mains!
C’est donc un peu fébrile que j’ai lancé le soft sur fond de musique épico-mélancolique, où les violons lancinants et les choeurs bibliques aux douces voix féminines chantent ce qui ressemble à s’y méprendre à une oraison funèbre pour un être aimé. Ayant promis à Sony de ne pas spoiler outre mesure son bébé, je ne dirai ici que le strict minimum de l’histoire déjà apparu dans les bandes-annonces officielles. Aussi, le début nous fait admirer un Kratos aux avant-bras bandés, sans doute pour masquer les cicatrices laissées par les Lames du Chaos.
En plein coeur d’une forêt nordique automnale, notre homme abat des arbres marqués d’une empreinte de main jaunâtre pour un bûcher funéraire, en compagnie de son fils, dont il semble plutôt éloigné sur le plan émotionnel. Si on est de suite désarçonné par cette vision paternaliste du Fantôme de Sparte, on retrouve cependant toujours cette rage dès les premières secondes, quand notre guerrier coupe son dernier tronc avec une hargne qui fait froid dans le dos… comme s’il voulait se décharger de cette fureur qui le consume toujours un peu.
On ne vous en révélera donc pas plus sur le plan du récit que ce qui est disponible dans le Story Trailer ci-dessous, mais le résultat d’une partie de chasse et l’arrivée d’un étrange envoyé divin vont rapidement obliger Kratos à emmener son fils, Atreus, au sommet d’une montagne lointaine pour y verser les cendres de sa mère, Faye, ultime volonté de celle qui a su apaiser la fureur de Kratos et s’en faire aimer. Sachant que notre garçon semble avoir en lui une rage encore plus féroce que son paternel au point qu’elle effraie ce dernier, vous comprendrez que ce voyage initiatique risque de ne pas être de tout repos sur la bonne trentaine d’heures de jeu promises par les développeurs!
Manette en main, le début du soft fait office de tuto, comme il est de coutume dans les productions actuelles. On part donc à la chasse au cerf avec Atreus, une séquence que l’on a déjà pu voir à l’E3 2016 et qui avait servi à révéler le titre au monde entier. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et c’est encore plus beau qu’à l’époque, le niveau de détail ayant été augmenté, tout comme la qualité des textures, notamment concernant Kratos dont la peau et les expressions du visage sont quasi photo-réalistes. De plus, on remarque que son fils est profondément marqué au faciès. Cicatrices dues à un accident ou matérialisation visible de sa fureur prête à sortir de son corps? On penche pour la seconde option!
Le must, c’est de constater qu’à aucun moment l’animation ne rame, et ce malgré la foultitude de choses affichées à l’écran et un univers baigné par des effets de lumière qui flattent allègrement la rétine. Tout concourt à vous immerger pleinement dans les terres de la mythologie nordique, avec une forêt dense et brumeuse, des lacs d’une beauté glaciale, des grottes sombres et humides ou encore d’imposantes structures taillées à même la roche. On retrouve avec plaisir la grandeur des édifices propres aux plans contemplatifs des précédents opus et on en prend plein les yeux (en 4K Dynamique sur PS4 Pro) pour ce qui pourrait bien devenir le plus beau jeu de la machine dans son genre, devançant même le mythique… Uncharted 4!
Bref, nous voilà sur la piste de notre proie, dans un titre qui, s’il demeure linéaire, met l’exploration en exergue par rapport à ses aînés grâce à de nombreux routes de traverse, certains menant même à des temples et des coffres secrets. Chemin faisant, on suit les discussions au départ extrêmement froides et dans un doublage français de haute qualité entre l’ex-fantôme de Sparte et le fruit de sa chair. Le côté psychologique est d’ailleurs incroyablement poussé, à l’image de ce que l’on pouvait trouver dans des softs tels que The Last of Us par exemple. De nombreux moments touchants, voire même bouleversants pour le gamer qui a des enfants (comme moi), ne manqueront pas de vous prendre régulièrement aux tripes.
Ainsi, comment ne pas verser une larme quand on voit Kratos tenter de serrer son fils dans ses bras mais ne pas y parvenir par « fierté », ou Atreus pleurer en cachette quand il récite un poème sur le linceul contenant sa mère? Ajoutez à cela une musique triste à souhait et vous devinerez que oui, moi aussi j’ai versé une larme… devant ce God of War! Vous l’aurez compris, sur le plan du récit, le jeu s’avère bien plus intimiste, intense et émotionnellement réaliste, nous montrant enfin des protagonistes « humains » et plus des machines de guerre, ce qui fait un bien fou dans une saga comme celle-là .
Sur le plan du gameplay, maintenant que Kratos est équipé d’une hache, le titre se joue bien plus au corps à corps, avec deux types de coups (faible et fort) pouvant être enchaînés sous diverses formes pour, par exemple, effectuer des combos en maintenant l’ennemi en l’air, ou l’écraser au sol dans un fracas titanesque. Vue de dos oblige, il fallait trouver un moyen de vous protéger efficacement contre les adversaires qui vous prendraient à revers sans que vous puissiez les voir, aussi un bouclier extrêmement pratique est disponible sur simple pression d’une touche tandis qu’un système de flèches de diverses couleurs a été implanté pour vous signaler dans quelle direction va venir l’assaut, et sa proximité. A noter d’ailleurs un sacré roster d’ennemis bien distincts, et ce sur seulement trois heures de jeu.
Vous pouvez également projeter votre hache au loin pour glacer vos opposants et la rappeler à vous à la façon du Marteau de Thor dans les films Marvel, explosant tout ce qui se trouve sur le passage aller, aussi bien que sur le retour, ce qui est combinable avec des combos de près pour de lourds dégâts. Atreus, s’il se gère avec l’I.A., peut quant à lui recevoir un ordre d’attaque à l’arc de votre part avec la touche Carré (ciblage avec L2) et il est aussi possible pour votre héros de ranger son arme pour combattre aux poings, ce qui pourrait s’avérer moins puissant certes, mais permet en contrepartie de faire monter une jauge de fatigue chez l’ennemi. Une fois celle-ci pleine, vous pouvez effectuer en pressant R3… un bon vieux finish des familles! Gores à souhait, ils jouissent d’un impact visuel énorme même si on perd tout le côté QTE des opus précédents (yep, zéro QTE dans ce God of War PS4).
Par la suite, vous aurez le loisir de crafter de l’équipement comme des armures entières avec de l’argent et des matières premières lootées sur vos opposants, le tout dans le but de monter vos statistiques. Quoi? Des stats?! Et oui, dans ce nouveau God of War, Kratos possède des points de force, de rune, de défense, de vitalité, de chance et même de récupération, comme dans un bon vieux RPG! La personnalisation prend donc une part importante du gameplay, une sacrée nouveauté pour jeu issu de la licence!
Histoire d’enfoncer le clou, vous serez capables d’incruster des runes dans le manche de votre hache pour booster ses caractéristiques, tandis que Kratos pourra apprendre de nouvelles compétences et attaques pour lui et son fils via l’XP gagnée en combat ou en retrouvant des collectibles et déchiffrant des peintures ancestrales. Ces skills pourront par la suite être améliorées via des symboles lootés sur les ennemis ou dans des coffres. A noter que vous pourrez toujours augmenter votre barre de vie en récupérant trois artefacts dans des coffres « à énigme » qui vous demanderont d’en briser les trois pierres protectrices dispersées dans le décor autour d’eux pour en avoir l’accès.
En parlant de jauge, Kratos a conservé un petit reliquat de sa précédent odyssée: la Rage! Une fois pleine, vous pourrez faire déferler toute votre violence aux poings sur des ennemis totalement désemparés, avec bien entendu des litres de sang au programme! Jouissif, surtout quand on l’utilise contre l’envoyé divin au cours d’un combat certes un peu long, mais dont la mise en scène explose absolument toutes les autres boss fights de la saga par sa mise en scène surpuissante, son souci du détail incroyable et la brutalité de ses coups qui, pour la première fois dans la franchise, a véritablement de quoi vous glacer le sang.
Un combat qui, grâce au gameplay plus typé corps à corps et à la vue « comme si vous y étiez » employée par les développeurs, s’est terminé le pad… tremblant entre mes mains! Alors certes, cette caméra derrière l’épaule peut s’avérer parfois frustrante car on perd l’ennemi de vue et on se prend de temps à autre quelques coups qu’on aurait pu éviter… mais en termes de sensations et d’immersion, on a l’impression de redécouvrir complètement la franchise.
Vous l’aurez compris, je suis ressorti chamboulé, dans le bon sens du terme, autant qu’ému par ces trois heures de pris en main de ce nouveau God of War. Surprenant et viscéralement poignant, le futur périple de Kratos va assurément marquer les esprits mais aussi désarçonner certains fans purs et durs, qui pourraient peut-être ne pas adhérer à tous les changements de gameplay et de focale de cet opus. Pour moi et avec le recul, ce fut une vraie révélation et le charme a opéré au point de me faire verser une petite larme… alors pourquoi pas pour vous dès le 20 avril prochain, jour de sortie du soft exclusivement sur PlayStation 4?
God of War: la bande-annonce
La Note Preview N-Gamz: 5/5
Bonus Stage: Nouveaux Screens de God of War PS4