Review

Keiji Inafune est un dieu vivant du jeu vidéo pour bien des gamers. A l’origine de sagas comme Megaman ou encore Onimusha, ce génie a décidé de voler loin de Capcom pour nous fournir SA vision d’un Monster Hunter-like mâture et résolument dark. Le résultat, baptisé Soul Sacrifice et disponible exclusivement sur Vita, ne ternira clairement pas la réputation du Maître : que du contraire !

Monster Hunter ? C’est digne des bacs à sables ça ! 

Un étrange livre qui pourrait vous sauver la vie!

Vous vous êtes déjà demandé ce qu’aurait fait Voldemort dans un monde héroic-fantasy ultra violent, bourré de sang, de tripes, et de créatures démoniaques ? Et bien il serait devenu le ténébreux Magusar, votre geolier ! Autrefois simple apprenti sorcier qui ne cherchait qu’à protéger son prochain, le nécromant en devenir s’est transformé en ignoble tyran qui tente plus que tout d’obtenir la connaissance suprême via des expériences on ne peut plus sanguinolentes. Pas de chance, cette fois, vous êtes le cobaye ! Enfermé dans une cellule faite d’ossements, vous allez assister, impuissant, à la mort de votre compagnon dans d’horrible souffrances, avant de vous faire alpaguer par un livre doté d’yeux et d’une bouche, du nom de Libröm (rassurez-vous, vous n’avez rien fumé…les développeurs, eux, très certainement).

Libröm, donc, vous invite à feuilleter ses pages, qui se génèrent au fur et à mesure de votre lecture, afin de revivre toute l’histoire de Magusar, en vous faisant participer physiquement au destin de votre futur assassin ! De quoi comprendre les motivations qui déchaînent cet être déplorable, et le rendre un peu plus humain au final. Mais ne vous y trompez pas, au travers du parcours initiatique de ce nécromant, vous allez vous-même acquérir ses pouvoirs jusqu’à ce que vous vous sentiez prêt à le combattre directement. Ajoutez à cela la possibilité de changer le cycle historique mis en place, et le fait de pouvoir jouer des aventures liées aux compagnons ou ennemis de Magusar, et vous comprendrez que le maigre scénario de Monster Hunter ne fait pas le poids face au mastodonte de noirceur, de mélancolie, et d’horreur viscérale que propose Soul Sacrifice. Et ce n’est pas tout !

Un gameplay nerveux et abouti 

Le système d'offrande devient vite addictif

Encore une fois, Keiji Inafune a magnifié la structure du titre phare de Capcom, Monster Hunter, pour le transposer au format portable avec les spécificités dela Vita, de sorte que vous allez être happés par le gameplay autant que par l’histoire. Si, au début du soft, on a un peu du mal à comprendre ce qui se passe en termes de combat, quelques séquences d’action et de déduction plus loin, le tout se maîtrise sans problème. Vous incarnez donc un sorcier que vous pouvez paramétrer de A à Z en termes d’apparence, et qui sera en général épaulé par un compagnon d’armes. Le soft se joue à la troisième personne, et autorise votre avatar à utiliser, en nombre limité, pas moins de six « offrandes ». Chacune de ces offrandes offre des spécifités différentes : soin, rapidité, coup de glace, coup d’épée, rafale de votre propre sang sur l’ennemi, bouclier et j’en passe. Autant dire que pour tout maîtriser, vous aurez de quoi faire. Les offrandes s’utilisent avec les touches carré, triangle et rond, puis un deuxième set grâce à la touche R.

Là où le système devient génial, c’est que chaque offrande a un nombre limité d’utilisation, qui remonte à son maximum entre les missions ou via des zones de récupération dans les niveaux, et entraînent la disparition définitive de l’offrande si la limite atteint zéro. Les offrandes identiques sont cumulables entre elles pour offrir plus d’utilisation ou booster leurs pouvoirs. Bref, une gestion de l’inventaire obligatoire, et surtout une analyse des ennemis poussée avant de se lancer dans la bataille, car il faut impérativement utiliser une offrande au signe inverse à celui du monstre pour le blesser sérieusement. Heureusement, vu que tous ces objets à offrir au Dieu pour donner un coup se ramassent en fin de level, et qu’ils sont vraiment diversifiés, un mode training vous permet de vous équiper et de tester sur un monstre lambda la pertinence de vos choix.

La morale : chaque grand pouvoir, entraîne un grand sacrifice

Et je ne parle même pas des rites obscurs, véritable pierre angulaire du soft, qui vous permet, en sacrifiant une partie de vous-mêmes (peau, bras, jambes, etc…) ou tout simplement votre compagnon d’arme, d’invoquer une créature surpuissante à même d’annihiler tout boss de fin de niveau… Choix quasi irréversible si ce n’est en utilisant les larmes de Librom, toutes plus rares et précieuses les unes que les autres. La morale : chaque grand pouvoir, entraîne un grand sacrifice. Sans compter la possibilité de gracier chaque monstre rencontré pour obtenir plus de vie au détriment de la puissance, ou l’inverse en les assassinant sauvagement ! Et imaginez un peu le trip en multi à quatre, quand votre meilleur tombe au combat et que vous prenez la décision de lui ôter la vie pour détruire un sorcier surpuissant…On adore !

La Vita en mode gothique/hardcore ! 

Le sacrifice des autres, comme le sien, est au coeur du gameplay

Graphiquement, le soft est tout simplement ce que se fait de mieux en matière de MH-Like sur console nomade. Temps de chargements corrects, habillage des menus bien glauques, personnages sombres et déphasés, dans des décors au look radicalement malsain, tout concours à vous immerger dans une ambiance inoubliable. Un voyage au bout de l’horreur, en quelque sortes, tout comme vous le prouvera le design résolument dérangeant des monstres à abattre, dont des boss qui sont en fait d’anciens sorciers ayant usé et abusé des rites obscurs jusqu’à perdre leur humanité dans un désir de puissance. Aurez-vous pitié d’eux ou les condamnerez-vous à l’enfer ? Et tout cela mis en scène par une animation sans faille,  que demandez de plus ?

Musicalement parlant, le titre s’en sort avec les honneurs grâce à une bande-son mêlant habilement consonances épiques et nappes lancinantes, un brin gothiques. La voix de votre avatar peut-être paramétrée, les cris des monstres font froid dans le dos, et les paroles de Libröm résonnent sarcastiquement jusqu’à vous faire frémir.La PSVitamontre toute la puissance de son processeur sonore pour une immersion de chaque instant.

Harry P. ? C’est qui? 

En nous offrant un jeu totalement orienté vers la magie noire, l’ambiance malsaine et le choix cornélien entre bonté et malédiction, quitte à sacrifier des parties entières de votre personnage pour gagner en puissance, Keiji Inafune a réussi le tour de force de renouveler un genre quelque peu sclérosé, le Monster Hunter Like, en le rendant plus intimiste, plus personnel. La coopération est, certes, de rigueur, mais les coups en traître et le sacrifice de vos amis pourra souvent s’avérer payant, le tout serti d’une réalisation irréprochable. Tout simplement un MUST-HAVE sur la nomade de Sony. Un bon conseil, même si de prime abord le jeu peut s’avérer un brin complexe, persévérez et vous deviendrez très vite accroc !

Le test vidéo

Réalisation: 18/20 

Le soft est beau, très beau même. Les zones peuvent parfois sembler un peu réduites, mais la variété des décors, leur aspect gothique et l’ambiance visuelle ténébreuse et mystique qui s’en dégagent assurent une immersion de chaque instant. L’animation est fluide et le design des ennemis plus que convaincant.

Gameplay/Scénario: 19/20 

 S’il peut s’avérer un peu trop complexe au début et manquant d’explications, passées deux heures de jeu, le gameplay se met en place dans l’esprit de joueur qui ira de surprise en surprise en découvrant le système de sacrifice, les fusions d’offrandes et j’en passe. Niveau scénario, vous êtes convié à la destinée d’un apprenti sorcier qui va vivre de lourdes expériences psychologiques pour devenir un monstre de puissance. Le tout est bien amené, on se prend à suivre cette histoire pas si linéaire que ça, et l’univers du jeu est décrit dans ses moindres détails pour le rendre crédible grâce à une encyclopédie passionnante.

Bande-Son: 19/20 

La musique de Soul Sacrifice fait dans le gothico-malsain, avec des chants lancinants, des percussions dissonantes et un côté épique plus qu’appréciable. Les voix sont totalement dans le ton, avec un Libröm plus cynique et savoureux que jamais.

Durée de vie: 18/20 

Avec tous les niveaux qui vous attendent et qui peuvent être rejoués en prenant des décisions différentes, les histoires des sorciers maudits à accomplir en quête annexe et les dizaines d’offrandes à collectionner et à booster, vous n’êtes pas prêt de voir le bout du titre !

Note Globale N-Gamz.com: 19/20

Pari réussi pour Keiji Inafune qui réinvente le Monster Hunter Like comme personne. Exit les dragons gigantesques, place à des sorciers maudits, des créatures difformes et des amis que vous devrez sacrifier pour venir à bout des boss colossaux de ce Soul Sacrifice, le tout dans une ambiance déjà culte ! Si vous avez une Vita, et des connaissances à qui vous ne tenez pas trop, n’hésitez pas !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!