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Les RPG Japonais ont sacrément la côte sur PS3 et PS Vita. Depuis un bon moment, l’Europe a le privilège de recevoir un joli stock de jeux made in Japan comme Tears to Tiara 2, Criminal Girls, Ar No Surge ou encore Mind Zero. Fraîchement débarqué chez nous, que vaut donc le petit dernier made in NIS America : Tokyo Twilight Ghost Hunters, un ovni vidéoludique qui nous plonge dans un monde envoûtant peuplé… de fantômes?

Une bonne entrée en matière… sur le papier

Les Gate Keepers veillent sur nous!

Tout commence plutôt bien pour le petit Tokyo Twilight Ghost Hunters (TTGH pour les intimes). Développé par ToyBox Inc, studio créé par le géniteur de la saga Harvest Moon et de l’excellent Deadly Premonition (en test et vidéo-test ici), le titre est publié au Japon par Arc System Works à qui l’on doit déjà de nombreux jeux très célèbres (BlazBlue, Persona 4 Arena, Guilty Gear XX). Repéré par NIS America, ce Visual Novel qui semble très prometteur sur le papier se voit édité en Europe. Était-ce une bonne idée ?

L’histoire de Tokyo Twilight Ghost Hunters nous entraîne dans la grande ville de Tokyo. On y incarne Ryusuke Touma (dont le nom pourra être modifié dès le début du jeu). Notre jeune héros, fraîchement débarqué à la Kurenai Academy, va vite se rendre compte qu’ici, certains secrets traînent depuis bien longtemps. Suite à divers rebondissements, il va très vite se retrouver intégré à une agence spécialisé dans l’occulte, les « Gate Keepers ».

Un Visual Novel assez spécial

Les phases de Visual Novel utilisent un système d'émotions et de sens à associer

Sur le papier, nous avons donc un Visual Novel très beau qui traite de fantômes. En réalité, le jeu prend un chemin légèrement différent. En effet, lors des phases de dialogue propres à tout bon Visual Novel, on se retrouve face à une roue des émotions qui permettra à notre héros d’exprimer certaines d’entre elles. Un concept très original, sauf lorsqu’il souffre d’un manque flagrant d’indications ingame ! Pour tout vous dire, c’est la première fois que j’ai été obligé, devant un jeu, d’éteindre ma console et de chercher sur Internet divers guides pour comprendre à quoi correspondaient les icônes présentes dans cette roue ! Mais passons.

Dans l’idée, le principe est assez simple. Une première roue apparaît pour exprimer une émotion ou un concept (colère, tristesse, amitié, amour et anxiété), puis une seconde fait son entrée en jeu pour définir un des cinq sens de l’être humain. Ce système unique en son genre est utilisé afin de vous permettre de faire certains choix bien spécifiques, qui vous donneront accès à des trophées mais surtout à des fins différentes. En effet, chaque choix permet au joueur de tisser des liens bien particuliers avec son entourage.

Avant le combat, vous devrez placer des pièges pour limiter les mouvements adverses

Le souci, c’est que si tout était aussi simple que ça, le gameplay serait impeccable. Malheureusement, ce concept est très incomplet. On vous plonge donc face à cette roue sans aucune explication et si vous n’êtes pas assez rapide, le personnage en face se sentira seulement ignoré. De plus, si certaines associations sont très précises et logiques, comme le fait de combiner l’amitié avec le toucher pour instantanément donner une poignée de main avec un personnage rencontré, pour le reste, c’est un réel bazar. L’utilisation de certaines émotions avec certains sens est complètement illogique par moments. Un exemple ? La combinaison de l’anxiété et de l’ouïe, lorsque l’on vous demande de prêter attention aux bruits qui vous entourent, vous fera entendre des sons sans rapport avec ce que vous vouliez justement écouter.

Les casseurs de fantômes nippons ?

Bon, outre ce système particulier de roue des émotions et des sens, TTGH propose aussi des affrontements avec des fantômes. Ces combats, même si le mot est fort, sont tout aussi particuliers que les phases de dialogues précitées. Il faut tout d’abord savoir que les rixes se dérouleront toujours dans des lieux « réels » comme une salle de classe, un parc, un appartement, … Bref, des endroits qui incorporent forcément des obstacles. Une fois que vous avez analysé le terrain, l’objectif est simple : prévoir chaque coup de l’ennemi ! Pour cela, vous pourrez disposer des pièges juste avant de commencer le duel histoire de restreindre au mieux les possibilités de déplacement des adversaires. Une fois la préparation terminée, la bataille commence. Et là, grosse innovation de gameplay puisque vous vous déplacez… en même temps que les fantômes ! Pour ceux qui connaissent, un Tactical-RPG avait déjà tenté le coup, dans une moindre mesure qu’ici : l’excellent Vandal Hearts 2 sur PlayStation première du nom.

Vous vous déplacez en même temps que vos opposants… sauf que rien n'est logique

Le souci, c’est que le concept tel que voulu par les dévs de TTGH nous livre des affrontements hyper techniques dans lesquels il faut obligatoirement être medium pour gagner (ou posséder l’Ocarina du Temps de Link, au choix…) ! En effet, les fantômes suivent parfois un déplacement totalement illogique, bien loin de la quintessence d’un Vandal Hearts 2 justement, ce qui complique déjà bien les choses. Rajoutez à cela que si vous attaquez dans le vide, vous risquez de détruire du mobilier, ce qui vous octroiera d’emblée une pénalité diminuant l’argent récolté en fin de combat (après tout, il faut bien payer les réparations) et vous comprendrez que la frustration prend vite le pas sur l’amusement. Bien sûr, une petite radio vous indiquera si l’esprit compte se rapprocher ou non, histoire d’anticiper un poil, mais ce n’est clairement pas suffisant. Et comme si ce n’était pas assez, un timer viendra vous pourrir le combat. 14 tours et puis… Game Over ! Zen, restons zen.

Et l’aspect technique dans tout ça?

Bon, certes le gameplay de TTGH est assez bancal, mais il faut avouer que visuellement le jeu est extrêmement bien réalisé. Les artworks légèrement animés du Visual Novel sont tout simplement superbes, notamment grâce au système GHOST (Graphic Horizontal Object STreaming) qui nous offre des personnages assez bluffants dans leurs animations. Seule la représentation du côté RPG est relativement froide avec une grille de combat morne et fade bourrée d’icônes. Pour le reste, le rendu visuel général est donc très agréable.

Techniquement, le moteur GHOST donne plus de profondeurs aux artworks 2D

Excellente note également pour la bande-son, tout simplement fabuleuse ! Les thèmes sont superbes et travaillés et les voix très sympathiques. Petit bémol: les bruitages « vocaux » ont tendance à être un peu trop surjoués. OK, on est dans un J-RPG et surtout un Visual Novel, mais parfois… on peut bloquer sur les cris un peu trop nasillards.

Plus un fantôme qu’un ovni

Tokyo Twilight Ghost Hunters est un titre très particulier, qui partait avec d’excellentes idées et un univers accrocheur. Hélas, il finit par rejoindre la catégorie des softs à la réalisation technique très agréable mais dont le gameplay devient très vite ingérable. Dommage pourtant : l’histoire est intéressante, le système de jeu est original et pourtant, sans aucune explication ingame et avec son côté trop hasardeux, il mine un titre qui va au final rebuter énormément de joueurs. A éviter donc, à moins d’aimer les expériences nouvelles et de ne pas avoir peur de la déception.

La bande-annonce

Réalisation: 14/20

Les artworks sont superbes, le fond légèrement flouté donne un côté vintage très bien réalisé et le GHOST (Graphic Horizontal Object Streaming) système, permettant de donner « vie » à des personnages en 2D, nous propose un effet vraiment efficace qui permet de redécouvrir le Visual Novel. Dommage que les combats n’aient pas bénéficié du même soin graphique, proposant une grille bien fade à base de flèches et d’icônes colorées.

Gameplay/Scénario: 6/20

Le scénario mis en place s’avère assez intéressant. Une histoire de chasse aux fantômes avec des personnages au passé dramatique. Chaque protagoniste possède sa propre histoire, son caractère, ses forces et ses faiblesses, de quoi les rendre attachants. Malheureusement, le gameplay ruine vraiment le tout avec son côté « hasardeux » et son manque flagrant d’explications qui plombe complètement l’intérêt du titre.

Bande-Son: 15/20

Une bande-son aussi travaillée que les graphismes 2D. Les voix sont très sympathiques si l’on retire certains cris un peu dérangeants, et les musiques d’ambiance sont en général excellentes. La guitare est prédominante et certains sons, très rock sont vraiment plaisants à écouter.

Durée de vie: 12/20

Malheureusement, seulement 13 épisodes ponctuent l’histoire de Tokyo Twilight Ghost Hunters, ce qui nous fait terminer l’aventure en une vingtaine d’heures. Pour un jeu du genre, c’est très peu. Heureusement, le titre possède une rejouabilité énorme si l’on veut essayer divers choix tout en conservant, pour ne rien gâcher, le niveau de nos personnages.

Note Globale N-Gamz.com: 11/20

De mon point de vue, Tokyo Twilight Ghost Hunter mérite à peine un peu plus que la moyenne. Grâce au GHOST, le nouveau système d’animation, on redécouvre pleinement le Visual Novel sur le plan graphique, c’est un fait, et le scénario paranormal ainsi que les nombreuses fins possibles sont un atout. Malheureusement, le gameplay n’est clairement pas évident à maîtriser : manque d’informations, de tutoriels, durée de vie un peu courte, système de combat lié au hasard plus qu’à la déduction et roue des sentiments aux associations parfois illogiques plombent littéralement l’intérêt du soft. Dommage, avec un gameplay mieux travaillé, le titre serait clairement sorti du lot !



About the Author

Eneara
Eneara, collectionneur et passionné de jeux vidéo depuis pas mal d'années. Amateur de cinéma, de lecture et de jeux de plateau, je suis aussi très attiré par tout ce qui touche au retrogaming. J'aime les jeux à scénario, l'action, et parfois me faire peur devant un bon petit jeu bien flippant. Facebook: Aurélien Eneara Ulsas